Se souvient-on du pourquoi de ses premiers amours? Parfois oui, et à juste titre, eu égard aux sensations éprouvées. Je ne veux bien sûr pas parler ici des émois amoureux adolescents, mais de cette passion indéfectible envers un Metal extrême né dans les années 80, et qui en son émergence, a fait connaître des artistes tous plus répugnants les uns que les autres. J’ai personnellement abordé la question par la face nord, en 1987 via le premier album de DEATH, qui de sa pochette avertissait du caractère sensible du dossier. Les autres ont pris la suite, avec les incontournables OBITUARY, AUTOPSY, CARCASS et autres BOLT THROWER ou MORBID ANGEL. Mais ce qui m’a attiré, ce qui m’a fasciné, c’est cette obsession pour la laideur, graphique et auditive, parfaitement symbolisée par le premier cri guttural de John Tardy sur Slowly We Rot.
Du coup, je n’ai nullement oublié pourquoi je suis tombé sous le charme putride du Death Metal. Parce qu’il incarnait selon moi la facette la plus repoussante du Metal extrême de l’époque.
Je n’ai rien contre la technique, bien au contraire (ma passion pour ATHEIST, la seconde partie de carrière de DEATH, NOCTURNUS, GORGUTS ou SADUS en atteste), mais rien ne me sied plus qu’un bon gros Death ventripotent, cruel, sentant bon le sang et la sueur, aux viscères visibles sans effort, et au parfum d’égout très prononcé. Et sous cet aspect-là des choses, le premier long des américains de GROTESQUERIES se pose-là.
GROTESQUERIES, c’est de l’emballé/pesé immédiat. Une pochette moche comme un pou, un logo ignoble, pour une visite guidée des bas-fonds de Boston, ville réputée pour ses serial-killers sonores qui s’en donnent à tripes joie. Fondé en 2020, le quintet (John Rainis – basse, Brendan O'Hare & Connor Thompson – guitares, Mike Buonomo – chant et Yianni Tranxidis – batterie) s’est donc enfin lâché, nous gratifiant de quarante minutes de moisissure et de renfermé, via un répertoire largement influencé par la première vague de violence morbide US.
On pense évidemment à OBITUARY, à AUTOPSY, mais plus généralement à tous ceux qui considèrent encore que le Death se doit de sentir mauvais et de véhiculer une image bien précise, faite de corps démembrés, de cire humaine qui dégouline et de vieil ossuaire hanté par des goules.
Pour bien mettre en appétit, Vile Crematory débute par une intro tout ce qu’il y a de plus glauque, avec atmosphère de mort, soupirs étranges et oppression palpable. Et une fois la machine lancée par le premier riff, la ronde ne s’arrête jamais, et rythme votre après-midi d’accélérations fumasses et de grognements renfrognés.
Je ne vais pas tourner autour de la jardinière qui de plus est rectangulaire, mais GROTESQUERIES m’a salement caressé dans le sens du poil lustré, de par son approche rétrograde salement assumée. On pourrait presque se croire dans une vieille fosse commune oubliée, coincée sous une pierre et bloqué par les squelettes ayant résisté à la chaux vive. Certes, la position n’est pas des plus confortables, mais le Death n’a JAMAIS été confortable, ou alors, c’est qu’il n’en était pas vraiment. Ici, on rugit de haine, on plombe de résignation, on utilise des effets sonores simples mais bien craspec, et on respecte l’héritage des grands aînés qui ont défriché la terre du cimetière il y a de nombreuses années.
De fait, le court tracklisting fait la part belle aux ambiances moisies, aux métaphores choisies, et aux croque-morts affaiblis. Très proche de ce qu’AUTOPSY a produit ces dernières années, Vile Crematory est un chouette linceul qu’on pose délicatement sur son visage pour sentir les effluves de la mort nous envahir. Et entre l’insistance fétide de « The Dweller's Threnody » et l’efficacité ludique de « Meat You With Chain », le fan masochiste sera comblé, et partira ne pas soigner ses plaies dans sa chambre recouverte de posters vilains pas beaux.
Pendant musical d’un bon gros film de zombies, Vile Crematory est une morgue de banlieue, nichée sur une ancienne propriété Mic-Mac, et enterrée dans un sous-sol pas vraiment accueillant. Rapide, puis lourd, puis pesant, puis oppressant, mais toujours bâti sur une succession de riffs porteurs, il se distille doucement dans le cerveau, et finit par nous contaminer comme des robots. Ce qui est somme toute assez logique, puisque la vie devient de moins en moins intéressante et que la mort supporte très bien son énième plus-value.
Classique, mais non dénué d’ambitions. Comme le démontrent les quelques titres plus étirés, et surtout le long final « Dismembered Fears » qui nous ramène au départ de l’action. On sent un peu de MORTICIAN dans cette insistance à sniffer des lambeaux de chair cuits au barbecue, mais le tout empeste tellement qu’on ne parvient plus à faire la différence entre l’air vicié ambiant et le carbone s’échappant de ce premier long.
A réserver aux nostalgiques de la pourriture, et aux admirateurs de sépultures. Ouvertes et profanées évidemment, nous sommes entre gens éduqués.
Titres de l'album :
01. Hypnagogic Transmutation
02. Corpsejuice
03. Gorrified (The Ageless Malignancy)
04. Meat You With Chain
05. The Dweller's Threnody
06. Madness Breed
07. Dismembered Fears
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