Silver & Gold

Backyard Babies

01/03/2019

Nuclear Blast

Du Rock, encore du Rock. J’en parlais récemment, mais décidément pour une musique censée mourir de sa belle mort d’indifférence, elle continue son chemin sans se préoccuper des avis chagrins. Et c’est tant mieux, puisque depuis le cri primal d’Elvis sur le séminal « Hound Dog », aucun autre style n’est parvenu à lui ravir sa couronne, ni à nous faire suer du même plaisir coupable. Mais finalement, est-ce si coupable que ça d’aimer une musique simple qui place l’enthousiasme cathartique au-dessus de tout autre besoin superfétatoire ? Non, et puis d’abord, faute à moitié avouée est pardonnée, alors quel besoin d’aller se confesser à un prêtre musicologue qui vous absoudra à condition de vous pencher sur quelques œuvres classiques de bon choix ? Moi, j’emmerde le bon goût, j’emmerde l’élitisme, et le revendique le droit le plus absolu à la fête et à l’insouciance. Et je revendique mon droit le plus inaliénable d’apprécier les suédois de BACKYARD BABIES pour ce qu’ils sont, à savoir le meilleur groupe Rock ayant émergé du nord de l’Europe depuis les D.A.D. Les BACKYARD BABIES, vous connaissez bien sûr, mais tout le monde les connaît. Nous ne les avons pas tous connus en même temps, et j’ai personnellement attendu 2003 et le bombastic Making Enemies is Good pour les intégrer à mon vocabulaire. Mais c’est plutôt l’énorme éponyme de 2008 qui m’a fait comprendre que ce groupe à part était tout aussi capable d’être Punk que Rock, Pop que Glam, et qui les a érigé dans mon panthéon personnel comme l’archétype du punky Glam Party Band arrivé sur le tard, mais assez tôt pour foutre le bordel et incarner la fameuse life and death of the party. Sauf que depuis cet album là, ça a été un peu le bordel. Après les avoir vus au Hellfest 2009, j’ai dû comme tous les autres fans subir un silence de cinq ans, avant de les retrouver pour l’épiphanique Four By Four, qui nous aidait alors à comprendre que les pirates avaient vraiment eu besoin de recharger les cales de leur navire. Ce retour en fanfare se plaçait de lui-même dans les plus hauts faits de leur carrière, et quatre ans plus tard, Silver & Gold en fait de même.

Et il le fait de la plus classique et formelle des façons, en reprenant l’approche d’un groupe qui n’a pas l’intention d’en dévier. Je lève immédiatement le rideau des non-surprises, puisque ce huitième LP des suédois ne propose rien de fondamentalement nouveau, juste un rafraichissement du répertoire pour pouvoir partir sur les routes avec un peu de news dans les poches. On retrouve tout ce qui a fait le charme de ces musiciens méchamment tatoués qui ont compris depuis longtemps que la simplicité était l’arme de séduction massive la plus efficace, et surtout, ces morceaux sans détour qui cognent, bastonnent, caressent, cajolent, et donnent envie de dire merde aux ennuis de la vie pour partir s’éclater dans une fête quelconque, pourvu que la musique y soit passée à fond. On notera peut-être un éventail de possibilités plus ouvert, une envie de revenir aux fondamentaux en abandonnant les oripeaux Glam eighties un peu trop encombrant, mais à l’heure où le monde célèbre l’avènement de John Diva et autres attractions neuves qui permettent de ranger les anciennes, Silver & Gold rétablit l’équilibre et laisse les aînés s’asseoir à nouveau sur un trône qu’ils n’auraient jamais dû quitter. Très proche de Four by Four, ce huitième chapitre des aventures des salles gosses du Hard-Rock en élargit les horizons, et démontre que les quatre marsouins fardés (Nicke Borg - chant/guitare, Dregen - guitare/chœurs, Johan Blomquist – basse et Peder Carlsson - batterie) n’ont rien perdu de leur talent pour trousser des couplets incendiaires que des refrains fédérateurs viennent chauffer à blanc de leurs mélodies Pop-Punk. Fidèles à une recette qui fonctionne et qui interdit à l’inspiration de dépasser les sacro-saintes deux ou trois minutes, les BACKYARD BABIES entament donc leur reprise de fonction avec le genre de burner qui les a rendus célèbres, à mi-chemin entre l’AC/DC le plus juvénile et le D.A.D le plus flagorneur, et « Good Morning Midnight » de célébrer l’hédonisme turgescent de la plus immédiate des façons.

Son énorme, comme d’habitude, à la grosse caisse matte et aux guitares effilées, chant un peu en retrait dans le mix mais admettant des chœurs envahissants, structures évidentes mais versatilité de rigueur dans la cohérence, ce huitième album ne tarde pas à s’imposer comme une nouvelle valeur sûre, une sorte de placement dans l’immobilier Rock qui rapporte plus qu’il ne coûte. Toujours aussi conscient que le style n’a rien produit de plus immédiat et stupide depuis les RAMONES, nos suédois préférés continuent de penser qu’un coup de poing est plus percutant qu’un coup d’état, et lâchent les watts, le binaire qui claque, pour un « Simple Being Sold » qui semble résumer leur carrière mieux que n’importe quelle bio fouillée. C’est évidemment aussi mature qu’un déhanché d’Elvis sur scène, c’est aussi profond qu’un « one, two, three, four », tonitruant lâché par Dee Dee sur scène, mais c’est aussi sincère qu’une moue de Lemmy ou qu’une mèche rebelle des frères Binzer, et une fois encore, malgré les années qui accusent nos visages de leurs rides, on plonge la tête la première dans ce bain de jouvence qui pendant une grosse demi-heure nous fait oublier les turpitudes de la vie. Pourtant, rien de neuf sous le soleil de Stockholm, même si parfois, le ton devient si Pop qu’on a le sentiment d’écouter un inédit de No Fuel Left for The Pilgrims repris par les KIX et BLACKRAIN (« Shovin' Rocks »), ou l’ambiance si détendue que les BOW WOW WOW de « I Want Candy » se sentent pousser des ailes Rock dans le dos Pop (« Ragged Flag »). Et si de temps à autres, le beat se calme et le Hard Rock s’alarme (« 44 Undead », plus solide, mais pas moins festif), le Punk n’est jamais très loin, et explose à l’occasion de la découverte d’un pack de bière non entamé (« A Day Late In My Dollar Shorts »).

Et c’est parvenu à ce stade qu’on prend conscience de la futilité d’écrire à propos des BACKYARD BABIES. Pourquoi ? Parce qu’on connaît leur musique avant même d’en avoir entendu les nouveaux standards, et parce qu’ils n’ont jamais déçu, pas plus avec Silver & Gold qu’avec Four by Four. Evidemment, en se montrant intraitable, on pourrait les accuser de nous les briser un peu avec la (trop) longue ballade « Laugh Now Cry Later » qui répète le même motif facile et gluant pendant six minutes, ou encore les blâmer pour ne pas oser prendre de risques et donner exactement ce qu’on attend d’eux, mais à quoi bon, puisque c’est justement ce qu’on attend d’eux ? Alors certes, la version deluxe nous cogne cinq live acoustiques en studio qui ne sont pas vraiment indispensables, mais de toute façon, les BABIES n’ont jamais été faits pour être deluxe. Ce sont des rockeurs, bruts mais pas brutes, des costauds de bac à sable qui jouent avec les enfants tout en draguant leur maman. De véritables Punk Hard-rockeurs amoureux d’un genre qui ne nous lassera jamais, et peut-être le seul équivalent des RAMONES depuis la fin de ce groupe de légende. Avec des mélodies plus marquées, des ambitions plus affichés, mais le même sens de l’humour et l’amour des choses directes et bien faites. Et puis la pochette est vraiment chouette non ? Non, j’en rajoute une petite couche au cas où vous n’ayez pas compris que Silver & Gold mérite comme tous leurs autres albums d’être aimé pour ce qu’il est. Et qui ne veut pas être aimé pour ce qu’il est ?             

 

Titres de l'album :

                          01. Good Morning Midnight

                          02. Simple Being Sold

                          03. Shovin' Rocks

                          04. Ragged Flag

                          05. Yes To All No

                          06. Bad Seeds

                          07. 44 Undead

                          08. Sliver And Gold

                          09. A Day Late In My Dollar Shorts

                          10. Laugh Now Cry Later

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par mortne2001 le 26/06/2019 à 18:05
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Merci Ozzy pour tous 

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