Trois mots pour deux points. Le principe est le même depuis le début des années 2000 et la transition de CONQUEROR à REVENGE. James Reed fait partie de cette caste de musiciens incorruptibles, qui ont trouvé leur son quasiment dès le début de leur carrière et qui n’en ont jamais dévié depuis. Certains appellent ça du War Metal, d’autre du Black Death vraiment chaotique, et certains n’en ont rien à carrer. REVENGE a souvent été accusé de faire du bruit, et le même sur chaque album. S’il est certain que les longue-durée s’enfilent sans gros changement, on sent que la maigre évolution est bien là, apportant un brin de clarté à un monde de ténèbres et de vice guerrier.
J’ai justement regardé récemment le dernier tome de la série Apocalypse, documentaires consacrés à la première et seconde guerres mondiales, Hitler, Staline, et en 2024, aux débarquements. Celui d’Omaha Beach, l’un des plus meurtriers a été le théâtre d’un massacre organisé, et son intensité aurait pu être mise en musique par ce nouvel effort du duo canadien. On y retrouve le même foutoir, l’absence de logique, le chacun pour tous, et les balles qui fusent près des oreilles, ou qui s’enfoncent dans les casques. La ressemblance chaotique entre cette attaque totale et cette confusion musicale le confinant à l’abstraction est assez troublante, même si évidemment, les deux ne peuvent être comparés d’un point de vue de la tragédie humaine abominable.
Mais J.Reed (batterie/chant/effets) et Vermin (guitare/basse/effets) continuent leurs expérimentations qui sont loin d‘être les plus assourdissantes du marché. Sur une trame répétitive au possible, les deux hommes s’en donnent à cœur joie en multipliant les fills de batterie, les borborygmes indéchiffrables, et en noyant le tout sous une tonne d’effets pour obtenir cette sensation de conduite de flotte bouchée par des déchets et des poils que nous aimons tant.
War Metal ?
Oui, en quelque sorte, une guerre contre la musicalité, bien que le ragout proposé soit agrémenté de quelques fantaisies condimentaires. Ceci étant dit, après la période faste entamée par le légendaire Triumph.Genocide.Antichrist, REVENGE est devenu beaucoup moins disert, et n’apparaît que tous les cinq ans pour se rappeler à notre bon cauchemar. Violation.Strife.Abominate reprend donc les thèmes classiques, court comme un soldat sur le front, essuie le chaos des bombardements, les tirs de rafale, pour essayer tant bien que mal de gagner un point sécurisé.
La méthode est similaire à tous les plans déjà dévoilés. Foncer, attendre que le gros grain ennemi passe, et avancer encore, jusqu’à annihiler toutes les défenses adverses. Ce qui permet au tempo de changer parfois, oubliant les blasts systématiques pour adopter un beat plus lourd et insistant, tout du moins sur quelques mesures. J.Reed et Vermin se tiennent à la hauteur de leur légende, et nous pondent des moments intenses, comme celui décrit par le lapidaire et cruel « Revelation Emaciated (Chalice Abominate) ». Un chant qui évoque le Goregrind le plus abject, une guitare qu’on discerne plus qu’on ne l’entend, une basse si sourde qu’on la devine derrière le mur du son, et une nouvelle étape franchie qui ne nous emmène pas (beaucoup) plus loin, mais qui permet d’avancer un peu dans les terres. Des soli qui n’en sont pas et font passer les débuts de KREATOR et SODOM pour des examens de conservatoire, une ambiance surchauffée, et évidemment, un disque décliné sous de nombreuses formes, avec vinyle, tape, hoodie, t-shirt, bundle, et j’en passe.
Le culte autour de ce duo canadien ne pâtira donc pas de ce nouveau témoignage. Bien au contraire, puisque REVENGE synthétise tous ses arguments, et s’accroche au mythe pour ne pas avoir à changer d’un iota. Take it or leave it, c’est le principe du truc, qui depuis plus de vingt ans trouve un écho très favorable dans les rangs des défenseurs du bruit blanc et sans concessions.
Il est bon de savoir que certains artistes ne changeront jamais, tout en perfectionnant certains détails pour être de plus en plus agressif, mais cohérent. Loin des errances Raw Black qui la plupart du temps tournent en rond et finissent raides mortes sur le sable, Violation.Strife.Abominate est la somme de ses parties sonores, entre destroyer aux canons chauffés à blanc, infanterie la baïonnette au canon, défense anti-aérienne en mode pointillés, grenades, explosions, hurlements, bidoche, sang qui coule et tripes qui refoulent.
La guerre n’a jamais été aussi proche, et REVENGE se propose de l’annoncer sans ambages. Ça va être un beau bordel, mais que diable…vous ne pensiez pas vous en tirer à bon compte quand même ?
Titres de l’album:
01. Violation Unit (Balaclava Directive)
02. Treason Disrupt (All Are Guilty)
03. Flashpoint Heretic (Flame Thrown)
04. Strife Invocation
05. Revelation Emaciated (Chalice Abominate)
06. Mercy Revoked
07. Piety Vaporized (True Force)
08. Shockwave Iconoclast
09. Last Resort
10. Aftermath (Forced Reset)
11. Liars’ Rope (Degeneracy Fallen)
12. Swine Tumult (On All Fours)
"Des soli qui n’en sont pas et font passer les débuts de KREATOR et SODOM pour des examens de conservatoire" ha ha !
Ce groove nihiliste encore. Le pied.
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15