We Are Revolution

Thrasherwolf

19/09/2020

Autoproduction

En plus de trente années de pratique musicale intensive, d’écoutes d’albums répétées, de collection, d’acharnement dans le suivi, de plus de quinze ans de chroniques, je crois que le leitmotiv le plus pertinent que j’ai pu lire restera pour toujours :

« Du Thrash BORDEL !!!! »

Oui, j’en suis conscient, tout ceci manque un peu de panache, d’objectivité ou de recul, mais quand on a découvert à un très jeune âge les poussées d’acné Bay-Area de METALLICA, EXODUS et MEGADETH, les bourrades germaines de KREATOR, DESTRUCTION, SODOM et TANKARD, et les quelques finesses disséminées par WATCHTOWER, DEATHROW, SIEGES EVEN et MEKONG DELTA, on ne peut pas adopter autre devise. Aucune musique ne me fait autant vibrer que cette extension bâtarde du Punk et du Metal, et ce, depuis 1984, lorsque mes jeunes oreilles vierges se sont méchamment fait déflorer. Alors, depuis cette année-là, je m’emporte, je m’emballe, j’emballe, je rempote, je tripote, je chipote, mais le Thrash a toujours droit à mes faveurs, et à l’instar des films d’horreur, doit être méchamment mauvais pour que je me bouche le nez. On le sait, depuis l’orée des années 2000, et l’émergence de groupes comme TOXIC HOLOCAUST, POWER TRIP ou MUNICIPAL WASTE, le Thrash des années 80 revient en force, et souvent de façon plus puissante lorsqu’il est joué par une jeune génération qui s’inspire des pionniers. Ces mêmes pionniers ont du mal à rester à flot, comme en témoignent les derniers albums de TESTAMENT ou HEATHEN, mais certains s’accrochent bien à la barre de la violence, dont les deux plus fameux sont incontestablement ONSLAUGHT et VIRUS, qui ont publié les deux albums les plus excitants de cette année. Alors, l’Angleterre prendrait-elle sa revanche Thrash sur des années 80 qui l’avaient condamnée à la seconde division, tout juste bonne à mettre son SABBAT en avant alors que le handicap d’ACID REIGN ou SLAMMER était trop lourd pour les mises ? C’est une possibilité, et un nouvel élément à décharge vient d’être posé sur la table de la réévaluation avec le premier effort des THRASHERWOLF, dont le nom met immédiatement les choses au point.

THRASHERWOLF en substance, est un peu l’archétype du groupe UK qui copie les américains, sans renier son propre héritage. On retrouve pas mal d’ONSLAUGHT dans leur musique, et d’ailleurs, le timbre de voix de Daniel Lucas est assez proche de celui de Sy Keeler si l’on n’a pas la mémoire courte et l’oreille distraite. Toutefois, la comparaison ne saurait suffire à définir le barouf de ce quatuor sans merci articulé autour de Daniel Lucas (chant/guitare), Billy Lucas (batterie), Jack Saunders (guitare) et Alex Mitsis (basse). Fondé en 2016 à Londres, THRASHERWOLF est l’incarnation même du Thrash old-school que la jeune relève s’approprie dans le texte, et ne propose rien de neuf, si ce ne sont des morceaux personnels très agencés, évolutifs, et plus progressifs que la moyenne. Il est en effet assez rare de tomber sur des compositions de plus de huit ou dix minutes dans le style, ce qui n’effraie pas nos londoniens qui s’en donnent à cœur joie dans le festival de riffs et autres changements de rythme. Mais malgré un bagage technique certain, nous ne parlons pas là de Techno-Thrash, mais bien d’un Thrash méchamment puissant, effectif, qui joue avec les ambiances et les fait durer, sans éviter évidemment l’écueil de la redondance et de la répétition un peu gauche. Entamer un premier LP par un titre lapidaire de plus de six minutes n’est pas chose sans risque, et pour un VIO-LENCE qui tenta le coup avec panache, des dizaines d’autres se sont méchamment ramassés, ce qui n’est pas le cas de nos amis anglais qui forcent le barrage de l’anonymat d’un tonitruant « The Vortex ». Tout est en place, les saccades outrancières, le chant râpeux et vindicatif, le phrasé autoritaire, la basse noyée dans le mix et le rythme affolé, et si les figures imposées sont toutes passées en revue, les présentations ne s’embarrassent pas de principe et on se donne l’accolade assez rapidement. Une fois passée la surprise de la voix de Daniel, un peu particulière, le reste est classique mais efficace, véhément juste ce qu’il faut, et assez anglais dans le fond, bien que les cassures typiques de l’EXODUS de milieu de carrière nous rappellent l’importance de la domination américaine.

Modérés mais virils, les THRASHERWOLF n’en rechignent pas pour autant à se lâcher sur un second morceau beaucoup plus bref, lapidaire et symptomatique des premiers jets de bile de DEATHROW, et « The Pack » de vociférer pendant à peine deux minutes, non sans prendre le temps de nous les écraser menu d’un break bien lourd. Mais ce sont décidément les formats longs qui séduisent le plus le quatuor, qui a mi-parcours, revient vers sa philosophie avec un très évolutif et craquant « Good Old Fashioned Violence », qui en dit long sur sa philosophie. Riff à la MORTAL SIN/DEATH ANGEL, mid tempo solide, chant investi, on se croirait vraiment revenu en 87/88, avec toujours en exergue cette accumulation de plans qui ne perturbent en rien le caractère catchy des gimmicks employés. Avec deux guitaristes à l’aise dans la syncope précise, un batteur peu inventif mais sur qui l’on peut compter, le groupe possède donc une assise solide, qui lui permet d’imposer son classicisme sans paraître trop standard. Et on comprend vite que les structures formelles ne sont pas leur bermuda de mosh en tombant sur l’interminable mais pas minable « Blood Moon », qui s’arrête juste sous la barre des neuf minutes. On se prend à rêver des éternels « The Ultra Violence », « Black Prophecies » et autre « LIke Father Like Son », en écoutant cette succession de riffs tous plus tranchants les uns que les autres, et en plongeant dans cette ambiance gentiment sombre et poisseuse. Les anglais prouvent ainsi qu’ils sont capables de jouer dans la cour des grands et d’aménager des accélérations fulgurantes, et s’il n’y avait cette voix un peu particulière, je parlerais presque de miracle tant l’ensemble est solide et plein d’ambition.

Alors avec une telle préparation, aucun mal à affronter l’énorme épilogue de « We are Revolution », qui en douze minutes résume toutes les qualités de ce premier LP, en empilant une fois de plus les idées pertinentes et percutantes sans jamais faiblir. Production largement honnête, investissement des musiciens, flair de la composition, THRASHERWOLF s’impose dans la cour de récré nostalgique avec une fermeté exceptionnelle, et vient même serrer la pogne des anciens ONSLAUGHT et VIRUS, sans avoir à rougir face à leur légende. Et comment résumer cette affaire de la façon la plus directe ? Simple.

« Du Thrash BORDEL !!!! »

               

Titres de l'album :

01. The Vortex

02. The Pack

03. Vermilion Steel

04. Good Old Fashioned Violence

05. Blood Moon

06. Vanity

07. Ruin

08. Words of Revolution

09. We are Revolution


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par mortne2001 le 20/01/2022 à 17:42
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