Malgré le gel qui s’est abattu sur nous, il est toujours possible de se réchauffer sans utiliser de radiateurs et autres sources d’énergie si précieuses. Il suffit en effet de gesticuler sur une musique chaotique jusqu’à ressentir les premiers effets de la transpiration, transformée en vapeur avec l’étoffe adéquate. Et si vous souhaitez vraiment crever de chaud sans user votre doudoune, je vous recommande le deuxième album des danois d’EYES, qui s’y connaissent vraiment en variations positives de la température ambiante.
Mais la chaleur n’est pas vraiment au centre des préoccupations danoises, si ce n’est celle climatique qui nous menace plus sérieusement chaque jour. Prévu pour une sortie en février 2023, cet album s’attaque à des thématiques d’usage, qui nous concernent tous, entre le manque de confiance et les théories du complot, la guerre, les catastrophes environnementales, la crise économique et les inégalités croissantes. Pour mettre en musique de telles problématiques, rien de plus efficace qu’un Hardcore vraiment violent, chaotique, dans la plus pure tradition de nos chers UNSANE et autres REFUSED.
Les deux influences sont valides, mais Congratulations y greffe sa propre signature, que l’on reconnaît à cette pochette ironique qui d’ordinaire ornerait l’emballage d’un album Indie Rock décalé, entre Lo-fi et Pop bancale. Cet homme déprimé fêtant sans doute son anniversaire la tronche pleine de crème illustre bien les dualités de notre époque autocentrée, et use des félicitations d’usage pour souligner le côté grotesque de l’affaire. Un piège tendu à l’auditeur éventuel, qui se referme assez rapidement au son de riffs agressifs et de coups rythmiques impitoyables.
Le label présente ainsi les choses : Congratulations prend le contrepied de son aîné Underperformer, plus tourné vers l’introspection, et pose les bases d’une colère viscérale ressentie à l’égard d’un monde de plus en plus injuste, où les riches deviennent de plus en plus riches, alors que le reste de la population souffre de conditions de vie médiocres. Un tableau lucide de la société actuelle donc, avec une emphase mise sur la colère presque défaitiste d’activistes qui ont bien compris que rien ne viendrait enrayer cette moche mécanique d’évolution.
Pas d’argent, un toit fragile au-dessus des têtes, ou pas de toit du tout, des moyens de plus en plus réduits, et un avenir qui se dessine comme une sale idée noire de Franquin. Une méchante envie de se pendre, mais en ayant hurlé une dernière fois, histoire de réveiller les consciences, et partir avec le sentiment du travail bien fait. Musicalement, le Hardcore d’EYES est toujours aussi vénéneux et hurlé à pleins poumons, en réminiscence de la haine éructée transformant les nineties en champ de bataille bordélique.
On pense à METZ, à UNSANE évidemment, et à pléthore d’autres groupes du même tonneau, et on se laisse facilement convaincre par cette puissance gigantesque qui fait trembler les mentalités figées.
Produit par Jacob Bredahl, masterisé par Brad Boatright au mythique Audiosiege, Congratulations applaudit des deux mains la passivité générale de peuples sans doute trop fatigués pour se révolter, et semble fêter un triste anniversaire de docilité qui demande expressément à se transformer en réaction épidermique. On n’obtient pas grand-chose avec le silence ou la politesse de ton, alors autant beugler sur tous les toits le malaise ambiant, et « Generation L » met justement les horloges à la bonne heure, celle d’un soulèvement global pour empêcher la planète de nous détruire comme une espèce trop envahissante.
Aucune fioriture, aucun arrangement trop complexe ou riche, le discours est honnête, et le résultat assourdissant. Les titres phare se succèdent à un rythme incroyable, et le tout donne des fourmis dans le cerveau, qui se porte lui-même à ébullition pour trouver une foutue solution.
Mais en guise de solution, nous avons des problématiques de plus en plus traumatisantes, et ce second long des danois transpose admirablement bien en musique la Némésis ambiante. Cette Némésis qui n’est autre que la nature humaine, que l’on souhaite préserver mais qui incarne aussi notre destin funeste. Une dichotomie intéressante, qui se matérialise sous la forme d’un déluge de plomb fondu nous brulant les chairs, et un Hardcore à la basse grondante et aux guitares acides. Les riffs simples sont souvent détournés de leur fonction pour appliquer le principe de la dissonance dérangeante, et le feedback de s’inviter à la non-fête pour nous vriller les tympans.
Tout ceci est évidemment déprimant, et le manque de perspectives rend cet album encore plus lucide et effrayant. Mais après tout, il y a un moment pour l’illusion, et un autre pour la prise de conscience. Et autant mettre les deux doigts dedans pour ressentir la décharge qui parviendra peut-être à nous extirper de notre torpeur complice et coupable.
Titres de l’album :
01. Generation L
02. IT’S HAPPENING
03. Congratulations! 02:31
04. dull BOY
05. Value
06. Tearjerker
07. Bbbbbbbliss
08. Chew
09. The City
10. Ballast
Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !
25/04/2024, 13:28
25/04/2024, 12:44
ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !
25/04/2024, 10:28
Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.
24/04/2024, 14:26
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54
Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.
19/04/2024, 15:20
On s'en cogne. Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)
19/04/2024, 07:52