Et sinon, qu’en est-il de la question du Power et du Heavy traditionnels ? Ils se portent très bien je vous remercie, un peu en marge de la vague old-school actuelle et des débordements BM/Deathcore/Post Metal, mais bénéficiant toujours d’un énorme capital sympathie auprès du public et des musiciens. Et comment mettre en doute la parole des dits musiciens lorsqu’ils affirment être le « groupe le plus européen du Brésil », et quand ils ont publié un premier pamphlet au titre aussi définitif que Defender of Metal ? C’est impossible je vous l’accorde, et c’est avec une joie non feinte que je me retrouve donc à traiter du cas limpide du quatrième LP de HELLISH WAR, combo nous venant de Campinas, São Paulo, et actif depuis les mid nineties. Formé plus précisément en 1995, ce sympathique quintette lusophone (Bil Martins - chant, Vulcano & Daniel Job - guitares, JR - basse et Daniel Person - batterie) a tout de même fait patienter ses fans plus de six ans entre ses deux derniers efforts, Keep It Hellish et son baptême en forme de clin d’œil accusant déjà un certificat de naissance tamponné en 2013. Souhaitant sans doute peaufiner leur comeback, les brésiliens ont donc pris leur temps, mais ne gâchent pas le nôtre, ce quatrième longue-durée se hissant sans peine au niveau de leurs meilleurs travaux, avec toujours en exergue cette fascination pour le Heavy Metal anglais et allemand des années 80. D’ailleurs, le groupe s’enorgueillit à juste titre de son album en public, Live in Germany, qui selon eux représentait l’apothéose de leur démarche, et qui en 2010 avait permis aux néophytes ne les ayant jamais vus sur scène d’apprécier leur potentiel en conditions live. Et à écouter les dix pistes de ce Wine of Gods, il n’est pas difficile de gloser sur l’efficacité du quintet sur scène, leurs morceaux étant forgés dans l’acier le plus inoxydable, celui-là même que les dieux IRON MAIDEN, SAVATAGE, MANOWAR et autres ANGRA ont croisé durant leur longue carrière.
Alors, serment d’allégeance ou véritable album de Metal fort et fédérateur ? Les deux mes chers amis, et surtout, la preuve que les HELLISH WAR ne rendront jamais les armes de la nostalgie pour conquérir le royaume moderne de l’opportunisme. Se la jouant vintage alors que personne ne songeait encore à remettre les 80’s à la mode, les brésiliens peuvent se targuer d’avoir toujours été fidèles à une éthique, certes connue et inamovible, mais digne d’intérêt pour les plus puristes des fans de Hard Rock et de Heavy. Toujours à la lisière d’un Power Metal un peu maintenu sous contrôle, ces instrumentistes avec foi et loi font parler la foudre de riffs puissants, soutenus par une rythmique d’airain et un chant délicatement lyrique. A la moindre intervention, on sent l’importance des influences, qu’ils nomment d’ailleurs sans gêne, IRON MAIDEN, MANOWAR, RUNNING WILD, ACCEPT, HELLOWEEN, JUDAS PRIEST, SCORPIONS, et qui balisent relativement bien le champ d’action. Certains esprits chagrins iront même parler parfois de repompe, lorsque la grandiloquence nous ramène aux tics les plus emphatiques de Bruce Dickinson et ses amis (« Dawn Of The Brave », qui sur Piece of Mind n’aurait pas choqué), mais les moins pointilleux sauront se satisfaire sans arrière-pensée de l’entrée en matière dantesque et tonitruante « Wine Of Gods », turbocompresseur du Walhalla conduit conjointement par ANGRA, PRIMAL FEAR et IRON MAIDEN, et signifiant la colère des Dieux antiques forts mécontents qu’on remette leur suprématie en doute.
Cette pression est d’ailleurs maintenue à écarts réguliers, puisque « Trial By Fire » continue de tout exploser sur son passage, avec cette rythmique effective qui colle une basse ronflante à une batterie puissante, mais c’est évidemment le chant très dramatique de Bil Martins qui suggère le mieux cette fascination pour une décade durant laquelle les plus grands vocalistes rivalisaient de talent. En mixant les obsessions épiques de DIO, les constructions évolutives de MAIDEN, la puissance d’HELLOWEEN et l’efficacité de GAMMA RAY et de tous les fonceurs mélodiques allemands, les HELLISH WAR tapent dans le mille d’une cible traditionnelle, et nous servent même des interventions plus posées, mais pas moins chauffées (« Falcon », un genre de « Two Minutes To Midnight » à la sauce QUEENSYCHE brésilienne). Sans bousculer l’ordre établi, et en glissant parfois vers l’emprunt un peu flagrant (« House On The Hill », ses tierces à la Murray/Smith et ses galopades à la Harris/McBrain), Wine of Gods est un cru très personnel d’un breuvage traditionnel, qui vieillira très bien en fût, et qui se déguste en tastemétal qui connaît ses vignes harmoniques. Bien sûr, ce Heavy est d’usage, mais les astuces de composition fluidifient souvent des approches formelles (« Burning Wings » et son chorus enflammé sur fond de guitares presque Rock qui rappellent les formules magiques de RATT, soit un mélange assez étonnant), et lorsque l’imagination n’est pas forcément mise à contribution, c’est l’efficacité qui prend le relais, celle qui invite le Power/Speed aux agapes de la violence abordable (« Warbringer », qui bénéficie en outre de la caution vocale par intermittence de Chris Boltendahl, chanteur de GRAVE DIGGER, et idole des brésiliens). Pas le temps de s’ennuyer donc dans ce passage en revue des forces du passé en présence, qui s’amuse beaucoup à jouer avec les codes du Metal germain pour les adapter à la souplesse anglaise, sans perdre de son exotisme d’Amérique du Sud.
Cinquante-trois minutes qui n’ennuient jamais, qui répètent parfois, mais ne balbutient pas, que l’ambiance se modère et la lumière se tamise (« Paradox Empire », toujours du Heavy, toujours des riffs, mais des lignes de basse rondes et un chant qui module ses ardeurs de hardeur), ou que le final prenne les proportions homériques que l’on est en droit d’exiger d’un tel effort (« The Wanderer », la majesté de Ronnie James dans un décorum égyptien à la MAIDEN). Production parfaite, qui n’agresse pas les tympans, avec un mixage efficace qui ne lèse personne, instrumentation d’école mais développée avec hargne et envie, et allant général générique mais typique, pour un retour en grâce d’un groupe qui vieillit très bien, et n’a rien à envier à ses collègues plus jeunes, qui imitent plus finement, mais qui finalement, ne passent pas toujours très bien le test du temps. Des nouvelles du ciel des idoles d’antan, qui le sont toujours aujourd’hui, et une prière adressée aux Metal Gods les plus loués, qui trouvera un écho dans le cœur des fidèles qui n’ont jamais cessé de fréquenter la Metal Church.
Titres de l’album :
1. Wine Of Gods
2. Trial By Fire
3. Falcon
4. Dawn Of The Brave
5. Devin
6. House On The Hill
7. Burning Wings
8. Warbringer
9. Paradox Empire
10. The Wanderer
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19