Empire

Archange

10/06/2020

Dooweet Agency

Que voilà une excellente surprise ! Dieu sait si dans le créneau du Hard Rock mélodique les révélations sont rares, spécialement lorsqu’on a l’habitude de s’attaquer aux produits proposés par Frontiers, AOR Heaven ou MelodicRock, mais je dois reconnaître que le second LP des grenoblois d’ARCHANGE est un petit miracle en soi. Parrainé par les infatigables Dooweet, les frenchies réinventent leur orientation, se détournent de leurs influences eighties un peu trop évidentes, pour nous offrir un pur album de Metal contemporain, harmonique à souhait, et débordant de mélodies accrocheuses. Petit flashback de présentation, ARCHANGE a été fondé en 2013, a rodé son répertoire pendant deux ans avant d’accoucher d’un premier EP en 2015, Rock Non Stop, puis d’un premier longue durée en 2017, justement intitulé…Flashback. Ce premier album était encore fortement connoté de leurs références initiales, et donnait l’accolade au Hard-Rock traditionnel de ces années 80 que l’on regrette tant, mais leur a quand même permis de jouer avec des pointures comme MOB RULES, SATAN JOKERS, LAURA COX, TIM RIPPER OWENS, ou JADED HEART. Mais nous étions sans nouvelles depuis trois ans, le groupe ayant traversé une phase importante de mutation, pour revenir dans une configuration bien différente. Si les piliers Laurent Rabatel (guitare) et David Amore (batterie) sont toujours là pour soutenir l’édifice, celui-ci a accueilli trois nouveaux membres porteurs, Wince Warth au chant, Arnaud Court à la basse, et Paco Francisco Peiro à la seconde guitare. Un line-up à moitié modifié donc, pour une nouvelle orientation musicale, moins passéiste et plus en phase avec les demandes de son époque, sans pour autant trahir la philosophie de départ : proposer une musique musclée respectant les dogmes établis il y a quarante ans par les SCORPIONS et DOKKEN, mais l’adapter à un public plus jeune et au fait des techniques d’enregistrement modernes.

D’ailleurs, le groupe a une fois encore travaillé avec celui qu’on considère comme son sixième membre officiel, à l’instar de George Martin pour les BEATLES, à savoir Patrick Liotard, producteur, compositeur & arrangeur, qui pour l’occasion s’est défoncé pour trouver aux grenoblois le bon son. Et admettons-le, celui d’Empire est absolument parfait, et en totale adéquation avec ces arrangements modernes dont le groupe a truffé ses compositions. Il est assez rare de tomber sur un album de ce type qui frôle la perfection et qui aligne les tubes comme si de rien n’était. En enrôlant dans leurs rangs Wince Warth, Laurent et David ont fait le bon choix, le timbre chaud et lyrique du nouveau vocaliste mettant admirablement bien en valeur ces nouvelles compositions. On s’en rend immédiatement compte à l’écoute de « Smile », qui en tant qu’ouverture est une solide affaire de Metal mélodique à l’aise dans son époque, acceptant des arrangements légèrement synthétiques sans mettre la guitare en retrait. Bien que composé de trois nouveaux membres, le groupe montre un visage uni, comme si les cinq musiciens s’épanouissaient pleinement dans un parti-pris collectif. Ce titre, l’un des plus classiques du lot permet de faire le lien entre l’ancien ARCHANGE et le nouveau, entre couplets et refrain traditionnels et bidouillages d’arrière-plan plus futuristes, notamment au niveau de ces glissandos de basse qui lubrifient le tout. Mais les guitares syncopent comme du SCORPIONS dopé au XYZ, les chœurs s’imposent sans forcer, et la rythmique souple joue sur du velours pour le premier hit d’un album qui ne contient que ça. Il est évident que le groupe n’a pas voulu prendre ses fans trop à revers, et a placé le morceau le plus facile à accepter en ouverture, mais dès le single « Schizophrenic », illustré d’une vidéo, les modifications s’accentuent au rythme d’un morceau vraiment Heavy et agressif, avec ces syncopes de guitares sombres et ce chant toujours puissant, mais largement modulé.

L’art du combo est d’avoir accepté des concessions sans remettre en cause ses convictions d’origine. Si l’ensemble fleure bon le Hard Rock d’aujourd’hui, on sent clairement en arrière-plan celui d’hier, très classique dans le fond, mais enrobé dans une production et des astuces de mise en place très finaudes. Cette dualité temporelle ne fait qu’accentuer le cachet particulier de ce deuxième LP, qui de titre en titre s’affirme comme une réussite totale. Chaque titre possédant son identité propre sans trahir la cohérence globale, le cheminement de moins de quarante minutes passe très vite, et la tête dodeline, les pieds bougent, les cheveux s’envolent, pour une ballade typiquement 80’s/90’s replacée dans un contexte 2K. L’énergie ne se dément pas, même si le quintet ose parfois ralentir le rythme pour montrer les dents, à l’occasion de « From the Dead », bronca qui rappelle le « Sweat Leaf » de BLACK SABBATH et même le « Scream Freedom » des STRANGE FRUIT dans le mythique Still Crazy. Beaucoup de diversité donc, mais de la maturité sous l’apparence d’une jeunesse renouvelée, des accents typiques de la fin des 80’s sur le chaloupé et saccadé « Empire », des coupures terriblement mélodiques sur lesquelles le timbre précis de Warth fait merveille, quelques adaptations plus furieuses sur up-tempo diabolique et harmonies proéminentes (« Absolution »), et toujours en filigrane pas si caché que ça, des sous-couches de modernisme qui ne versent jamais dans l’opportunisme à outrance. Pas question de jeunisme chez les ARCHANGE, juste une prise de conscience, et un peu d’audace aussi, lorsque le groupe se lance dans une relecture musclée et électronique du « Crazy » de Seal, repris avec beaucoup de confiance pour un résultat surprenant.

Les quarante minutes passent donc comme dans un rêve futuriste à la Blade Runner, et l’enthousiasme qui ressort de cette seconde réalisation va certainement faire passer le groupe à un stade supérieur. Un stade qui supporte très bien le poids léger d’une power-ballad superbe (« Back in Time »), et le format assez Pop de chansons qui en sont vraiment. Belle surprise donc que ce nouvel album des grenoblois, qui une fois la catastrophe sanitaire passée devraient conquérir les scènes européennes sans avoir à forcer. Mais la conquête de leur empire vient de faire un bon de géant.  

                                            

Titres de l’album :

01. Smile

02. Schizophrenic

03. OverNight

04. From the Dead

05. Empire

06. Absolution

07. Crazy

08. UnderTreatment

09. Back in Time

10. Autopsy


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par mortne2001 le 28/06/2020 à 18:11
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