Même sans connaître ce groupe mythique, un simple regard sur leur photo de couverture Facebook suffit à comprendre qu’ils ne sont pas nés de la dernière pluie d’acier. Ne voyez aucun manque de respect dans cette assertion, mais il est vrai que les PICTURE commencent à accuser le poids des années, physiquement parlant, tandis que leur inspiration et leur énergie semble ne pas souffrir de l’épreuve du temps. Le temps justement, celui qui sépare ce dernier né de la formation du groupe, en 1979, soit pile au bon moment NWOBHM de l’émergence d’une nouvelle approche. Oui, les bataves sont donc des contemporains de SAXON, DEF LEPPARD, IRON MAIDEN et tous les autres, et ont d’ailleurs publié leur premier LP en 1980, un éponyme qui a permis de lancer leur première partie de carrière sur les chapeaux de roue. Et entre le début de cette décennie et leur premier split, le combo a eu l’occasion de nous exposer ses vues sur un Heavy Metal racé, puisque pas moins de sept LP ont vu le jour en sept ans, avec une régularité métronomique, si l’on excepte un silence occasionnel en 1984. Les amateurs se souviendront bien évidemment de ce logo immédiatement identifiable, mais les esthètes se rappelleront surtout de cette musique franche du collier, parfaitement inscrite dans la mouvance de son époque, avec guitares mordantes, chant lyrique, et rythmique atomique, pour un Metal non dilué ni édulcoré. Las, les aléas faisant que, et les impondérables aussi, PICTURE connut une première traversée du désert juste après la publication de Marathon, jusqu’à la reformation de 1996, qui ne laissa pas grand trace et ne dura que trois étés. Mais en 2007, plus remontés que jamais, les accros au Rock surent enfin retrouver le bon cap et la bonne cadence, entérinant leur comeback d’un Old Dogs New Tricks au titre plus que révélateur, et depuis, aucun grain de sable n’est venu enrayer la machine pour les empêcher de progresser.
Nous étions tout de même sans nouvelles du quintet (Rien Vreugdenhil, Laurens "Bakkie" Bakker, Jan Bechtum, Appie de Gelder, Ronald van Prooijen) depuis Warhorse en 2012, soit sept ans de calme un peu trop stable, mais avec un line-up composé des quatre-cinquièmes de celui d’origine (seul Appie de Gelder les a rejoint en 2016 à la guitare), il ne fallait pas désespérer et croire le navire encore naufragé, ce que ce flamboyant Wings démontre de son emphase terrible, digne de l’âge d’or du groupe hollandais. Ils l’affirment d’ailleurs eux-mêmes, ils sont le premier nom qui vient en tête lorsqu’on pense au Heavy Metal des Pays-Bas, et cette morgue de bonne guerre est tout à fait légitimée par leur parcours passé, mais aussi par leurs étapes présentes, puisque ces dix morceaux sont autant de serments d’allégeance au Metal le plus solide, très proche de SAXON évidemment, mais aussi de pas mal d’autres cadors de la vague 79/82, la guitare en bandoulière et les riffs en bannière. Toujours aussi fiers, les PICTURE jouent sur du velours, et il est assez étrange de constater que presque aucun de leurs anciens albums n’est disponible en CD (hors associations récentes aux Etats-Unis par paire de deux, sur Divebomb Records), nous obligeant à nous rabattre sur des compilations qui ne font pas honneur à leur CV. Si l’ombre des premiers LP du groupe est toujours aussi présente au soleil du Hard-Rock, il ne faudrait pas non plus prendre le quintet pour une joyeuse bande de passéistes vivant sur leur petite réputation, puisque ce nouvel effort est digne d’intérêt, comme nombre de leurs achèvements, et nous distille une sévère dose de Metal franc et massif, emprunt des rythmiques solides de la NWOBHM, mais aussi du déhanché groovy des riffs qui alors ne crachaient pas sur un brin de boogie.
Si Heavy Metal Ears en 1981 reste pour beaucoup le haut fait d’arme des hollandais, ce Wings n’a pas franchement à rougir de la comparaison. D’ailleurs, le label de passionnés Pure Steel Records ne s’y est pas trompé une fois de plus, et assimile le gang à un melting-pot géant entre la NWOBHM, le Heavy teuton et le Classic Rock le plus respectable. La combinaison est assez viable dans les faits, même si le quintet est plus fortement ancré dans une tradition Heavy éprouvée, sans toutefois se refuser quelques accalmies bien méritées. Il se rapproche à ce moment-là d’un Hard Rock plus léger, avec un « Never Enough » qui rappelle les SCORPIONS, mais aussi la vague de Hard US des mid eighties, riff chromé en avant et chant tonitruant. Difficile de croire en écoutant ces morceaux que le groupe accuse quatre décennies de présence sur la scène, mais il est plaisant de constater qu’ils n’ont rien perdu de leur envie, avec en ouverture un lapidaire et immédiat « Line Of Life », qui met clairement les choses au poing. Lourd mais racé, ce Heavy Metal ancré dans l’histoire est donc toujours aussi digeste, même si ses influences remontent à l’orée des années 80, mais avec des guitaristes qui lâchent la vapeur, et une section rythmique toujours aussi performante, PICTURE prouve que la jeunesse est peut-être éternelle dans certains cas, et se montre lyrique et envoutant lorsque le climat pèse plus lourd et que les mélodies et l’axe basse/batterie fondent le ZEP et le PURPLE dans la même marmite (« Wings », qui rappelle aussi les derniers EUROPE, ce qui valide ces références). Mais loin d’une assemblée de vieux bornés incapables de jouer autre chose que ce qu’on leur a appris dans leur prime jeunesse, les cinq hollandais varient les climats, modulent leur propos, et osent parfois des choses plus mineures (« Little Annie »), et/ou des inserts incendiaires qui rappellent l’importance de MOTORHEAD dans l’explosion du Hard Rock anglais de la fin des seventies (« Is It Real », entre VULCAIN et VAN HALEN).
Heavy, boogie, Speed, tout y passe, comme un résumé d’une époque toujours pas révolue, et on se laisse séduire par ce mordant bouillant (« Blown Away »), et par ce sens de l’époque qui se souvient de ses racines (« Stroke », qui clôture l’album à mi-chemin de MAIDEN et SAXON). Pas grand-chose à reprocher à ces briscards qui connaissent toujours la chanson, puisque Wings louvoie, sinue, sans se baser sur les sempiternelles saccades et autres tierces, osant parfois les chœurs germains pour s’assurer de meilleurs lendemains (« Still Standing »). Du classique et du formel, mais tellement bien fait qu’il nous plonge le regard dans le rétro sans nous faire quitter la route 2019 des oreilles, et surtout une formidable énergie qui le confine à la foi, pour ce qui pourrait en effet bien être le plus grand groupe de Heavy Metal hollandais de tous les temps.
Titres de l’album :
1. Line Of Life
2. Wings
3. Little Annie
4. Is It Real
5. Blown Away
6. No Place To Hide
7. Empty Room
8. Never Enough
9. Still Standing
10. Stroke
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
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Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
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Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
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09/07/2025, 15:34
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09/07/2025, 15:26
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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