La colère a ceci d’incontrôlable qu’elle est impulsive. La rage quant à elle défie toute rationalisation pour exploser dans une gerbe de violence débridée. Mais au-delà de tout ça, que trouve-t-on ? L’océan derrière les vagues de DAUGHTERS ? Cette fameuse robe de cocktail de DILLINGER ESCAPE PLAN ? Le camion de glaces de CANDIRIA ? Mike Patton montant un projet ultrasecret avec les mecs de CONVERGE ? Ou bien, cet univers trouble et impénétrable que David Lynch nous promettait à chacune de ses réalisations ?
Non, au-delà de la colère, de la rage, on trouve le centre-ville lyonnais, ce que personne n’attendait vraiment. A priori, Lyon est une grosse ville assez calme, à peine agitée par le bruit des verres après minuit. Ou celui des répétitions de certains musiciens qui n’ont cure du niveau de décibels d’un tapage diurne. Et les locaux de VERTEX se carrent la loi bruitiste bien profonde, pour faire ce qu’ils savent faire de mieux :
Sublimer leurs influences pour devenir une référence.
Déjà largement repéré après avoir sorti un EP et quelques singles, ainsi que sur scène, en compagnie ou support de PSYKUP, MASS HYSTERIA, LOFOFORA, ou LOUDBLAST, VERTEX avance désormais en pleine lumière avec sa flashlight très puissante. The Purest Light est assez osé pour un disque aussi sombre, mais n’est-ce pas dans les ténèbres qu’on remarque le plus la lumière ?
Pour un premier album, l’œuvre se pose là. Presque une heure de chaos, pour une réactualisation des canons de DILLINGER sur le séminal Calculating. Mais une réactualisation mixée menue par les bons soins de MESHUGGAH, certainement très satisfait de cette précision mathématique qui tergiverse entre Mathcore et Math Metal. Le bilan est lourd, comme les riffs qui lacèrent les chairs, mais ces coupures mélodiques et bordéliques évoquent avec une acuité impressionnante la créativité de Fredrik Thordenal, une créativité post-Chaosphere, et mise en abime par un Ben Weinman encore intéressé par la lourdeur syncopée d’un Metal hautement répétitif et salement intuitif.
Un line-up (Kik Mastan - chant, Maxence Griffond - guitare, Pierre Rettien - batterie et porte-étendard d’HYPNO5E, Michaël Alberto Merone - basse), une ligne directrice, un projet artistique, mais surtout, une urgence. En tant que premier d’une lignée qu’on espère longue, The Purest Light impressionne durablement, et pas seulement parce qu’il est aussi intense que les deux derniers kilomètres d’un marathon couru à la vitesse d’un demi-fond. Il impressionne aussi par le choix de sa pochette, pour le moins abstraite, et œuvre de Farzaneh Hosseini, artiste Iranienne engagée contre le pouvoir en place, issue de sa série intitulée Open Boat. On se prend à interpréter cette figure qui semble s’accrocher pour ne pas sombrer, comme un auditeur pris au piège d’un album traquenard agressant les sens à chaque mesure comme si sa crédibilité en dépendait.
Pour être plus précis, je loue les qualités de cet album parce qu’il a le mérite d’aller jusqu’au bout de sa démarche. Pas de demi-mesure, pas de faux-fuyant, un exercice en rythmologie majeure, avec syncopes, mesures cassées, reprises musclées et riffs tassés. Tout au plus pourra-t-on se plaindre en toute discrétion du manque de variation des lignes de chant de Kik Mastan, totalement happé par la mystique hardcore, qui parvient même parfois à ressusciter la démence du chef d’œuvre Irony is a Dead Scene sur le monstrueux « Two ». Mis il n’est pas seul évidemment. Les autres donnent aussi de leur personne, et fusionnent leurs influences dans un réacteur en surchauffe.
Si certains disques sont habilement construits en crescendo, The Purest Light assume totalement sa linéarité rageuse. Peu décidés à sucrer les fraises, les lyonnais s’accordent tout au plus une intro plus posée et ambiancée (« Next Age »), pour mieux la démonter à coups de pied-de-biche et en faire un martyr de plus. On peut trouver ce systématisme cruel et assourdissant, mais ça n’empêche guère l’œuvre de montrer ses ambitions au grand jour. A l’image d’un DILLINGER désireux de quitter la scène sur une impression de too much, VERTEX se travesti en cyborg de l’extrême, totalement indépendant, et qui taille sa route en laissant quelques gueules bien amochées.
Et qu’on ne me dise pas que « Social Unborn » n’est pas le digne descendant de « Panasonic Youth ». Ça pourrait vraiment m’énerver.
Difficile d’encaisser ça juste après le petit déjeuner sans avoir des envies de rendre son estomac. Le punch est d’une violence rare, et le mix entre les mathématiques modernes de MESHUGGAH et l’inconscience physique de DEP assure d’une journée passée à panser ses plaies. Moi qui jusqu’à présent n’ai jamais eu la chance de voir le groupe dans des conditions live regrette ce manque, tant cet album sonne taillé pour la scène. La foule risque de se voir balancée de droite à gauche et d’avant en arrière à une vitesse intolérable (« Following Arrows », les flèches fusent et se croisent pour buter ce petit salopiaud de Cupidon qui n’a rien à faire là), comme lorsque NAPALM DEATH entame ses shows.
On tourne, on tourne, et si quelques points sont encore à améliorer, notamment sur la diversité et les pièges à loup plus nuancés, VERTEX est déjà un golem à la carrure effrayante. Un jeu de batterie lunaire qui renvoie le Metal à ses chères études Hardcore/Jazz, des riffs qui tapent les graves pour mieux taquiner les harmoniques et laisser les soli imiter Fredrik, et un mal de tête carabiné en mode hangover des tympans.
Hurlons tous ensemble, c’est la seule manifestation de haine qui nous reste. Et les raisons de haïr sont si nombreuses qu’on préfère en choisir une seule. Mais la bonne.
Titres de l’album:
01. All My Hatred
02. War Is Peace
03. The Purest Light
04. Leviathan
05. Two
06. Next Age
07. Social Unborn
08. Following Arrows
09. Scalable
10. Tar
Bandcamp officiel
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50