Encaissant les livraisons Thrash old-school comme les fleuristes les brins de muguet du 1er mai, et refusant l’entrée de l’entrepôt à toutes les formations un peu trop portées sur le Groove, j’avais fini par refermer le rideau de fer sur lui-même et penser qu’en dehors du vintage, il n’y avait point et plus de salut. Tournant en rond comme un riff de Gary Holt dans un quatre-pistes fatigué, je me contentais de recenser les sorties du mois, donnant régulièrement mon avis, mais restant persuadé que la chose avait déjà tout dit depuis longtemps. Et c’était un postulat en partie vrai, mis à part qu’il occultait la possibilité d’un entre-deux, privilégié par des groupes à l’aise dans le passé, mais déambulant librement dans le présent. Une sorte de Crossover entre le Thrash de papa et de celui de fiston, autrement dit un numéro de funambule de la violence sans barre de stabilisation, mais avec une réelle vélocité de ton. Je le concède, le Thrash dit « moderne » (dans le sens late 90’s du terme) n’a jamais été ma Lucky Lager préférée. Trop bondissant, trop joyeux, un peu trop jumpy à mon goût, il me remémorait les LAMB OF GOD et autres chantres d’une transition pas forcément bien opérée, et me lassait de ses tics les plis irritants et irritables. Du coup, certains combos que je reliais de facto au mouvement passaient à la trappe, sans qu’ils n’aient une chance de prouver leur talent. Et c’est ainsi que les espagnols de CRISIX tombèrent dans mes oubliettes personnelles, faussement convaincu qu’ils appartenaient à une caste dont je ne me sentais pas proche. Oh, j’avais écouté sommairement et de loin certains de leurs albums, tout du moins quelques parties, mais le cerveau embrumé par une subjectivité déplacée, je décidais en toute conscience de ne pas les aborder de front, certain qu’ils n’avaient pas grand-chose à m’offrir. Et quel fou j’étais. Parce que dans cette musique à cheval entre les époques et les modes se trouvait l’alternative que je cherchais désespérément. Et il aura fallu attendre leur quatrième longue durée pour le réaliser. Mais que celui qui n’a jamais péché me jette la première édition de Pleasure To Kill en cassette…
Pour les néophytes, les CRISIX nous en viennent donc de Barcelone, et se sont formés en 2008 sous le nom de baptême de CRYSYS, pavillon sous lequel ils ont navigué pendant trois ans. Depuis, le quintette au line-up stable (Juli Bazooka: chant - Javi Carry: batterie - B.B. Plaza & Albert Requena: guitares et Dani Ramis: basse depuis 2013, seul petit nouveau) n’a eu de cesse de prouver le bienfondé de sa démarche Thrash en multipliant les sorties, enfilant les longue-durée sur un collier de perles Thrash avec une régularité désarmante. The Menace en 2011, Rise…Then Rest en 2013, From Blue To Black en 2016, et finalement, cet Against The Odds cette année, pour compléter une discographie impeccable, et un parcours presque sans faute. Autant le dire tout de suite, pas grand-chose n’a changé pour les barcelonais depuis leurs débuts, puisqu’ils sont resté fidèles à une optique Thrash plurielle, délocalisant la Bay Area sur le territoire suédois des mid 90’s, en opposant la rage scandinave à l’énergie typiquement californienne, sans rester le cul entre deux chaises ou les roubignolles au-dessus des deux continents. Pour faire simple, et depuis The Menace il y a sept ans, le quintette prend un malin plaisir à vous affirmer musicalement que c’était mieux avant mais que c’est aussi très bien maintenant, un peu comme si un organisateur de concert cérébral montait un festival dans leur tête, offrant celle d’affiche aux VEKTOR, et le reste du timing aux LAMB OF GOD, EXODUS, AT THE GATES et DEATH ANGEL. En gros, une synthèse, un pont tendu entre les époques, permettant de passer de l’une à l’autre sans paraître le moins du monde opportuniste ou incongru. En résulte une grosse demi-heure de Thrash old-school/new-school, qui ne renie aucune des deux théories, mais qui n’en met pas une en avant plus que l’autre. Férocité, vélocité, goût prononcé pour la mélodie, les breaks intelligemment agencés, le tout formalisé par une technique prononcée qui permet toutes les audaces les plus ou moins culottés.
Against the Odds est donc, en substance, le meilleur résumé possible de la carrière des espagnols, tout en prospectant pour trouver de nouvelles voies. On y retrouve tout ce qui a toujours fait leur charme unique, cette exubérance de ton et cette franchise de fond, mais aussi ce côté ludique qui leur permet des inserts purement Hardcore et Néo-Metal, sans pour autant diluer leur Thrash dans une tendance fluctuante. Ici, c’est la franchise qui domine, et de guitares qui n’ont de cesse de s’agiter, au chant très éraillé et Core de Juli Bazooka, en passant par des rythmiques bombastic, tout est fait pour vous entraîner dans une sarabande de joyeuse violence, de celle que les EXODUS ont toujours prônée, jusqu’à changer d’optique il y a quelques années. Joyeux, mais pas mielleux ou grotesque pour autant. Tout est traité avec le plus grand des sérieux, et si la quasi intégralité des arguments est présentée sans ambages dès l’ouverture explosive de « Get Out Of My Head », la variété reste de mise, et l’imbrication des idées modulée pendant une grosse demi-heure. Que le tempo se veuille rapide comme l’éclair ou médium sans en avoir l’air, la portée est maximale, et parfois, subtilement D-beat sur les bords (« Leech Breeder », sorte de Punk Thrash absolument irrésistible), s’autorisant parfois des accélérations typiques de la philosophie allemande (« Technophiliac»), sans pour autant sombrer dans l’excès. Homogène autant qu’il n’est versatile, ce quatrième effort fait sans conteste partie du meilleur d’une production réputée pour ses qualités, et lorsque l’atmosphère dévie et se veut moins portée sur la folie, on adhère au propos comme un médiator à la main gauche de James Hetfield, pour un « Perseverance » qui ose l’immédiateté du Heavy Metal dans un contexte résolument rageur. On pense à une extension de la philosophie américaine dans une décennie dominée par l’art suédois, et une union tacite entre le Néo-Death des 90’s et le Thrash 80’s, pour une succession de thèmes qui s’enchaînent sans faiblir…
Tout ça laisse rêveur, et permet de croire enfin que le(s) temps peu(ven)t être réuni(s) dans une même envie. Entre saccades indispensables et mesurées au millimètre (« Xenomorph Blood », avec encore en exergue ces chœurs revanchards), et inspiration lyrique et emphatique (« The North Remembers »), Against the Odds affronte les problèmes et propose des solutions, toutes plus valides les unes que les autres. Un disque sans complexes pour un groupe qui mérite bien mieux que la semi-indifférence dans laquelle l’underground le plonge, et qui pourrait bien révéler l’existence d’un Thrash refusant toute barrière. Du moderne d’hier ou du nostalgique d’aujourd’hui, mais il est inutile de choisir son camp, puisque les deux sont représentés, avec brio et enthousiasme entêté.
Titres de l'album:
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44
Les bénéfices du concert était entièrement reversés à une œuvre caritative. Aucun des groupes présents n'a palpé pour leur concert (en même temps c'était 20 minutes de live par groupe...). Après ça (...)
08/07/2025, 22:42
@SalmigondisJe sais pas si tu veux quelque chose qui fait plus l'unanimité j'ai vu Morbid Angel au bout et c'était de la merde, une prestation robotique au possible, j'ai pris plus de plaisirs sur des trucs plus locaux à la con. Il faut savoir tourn(...)
08/07/2025, 22:28
Mais quelle bande de clodos...tout le monde se branle du batteur sans déconner. Se faire du fric de cette manière c'est franchement pathétique. Massacra est mort et enterré...qu'il le reste pour conserver son statut CULTE. Honte &agrav(...)
08/07/2025, 21:54
Avant d'aller me faire voir ailleurs, je partagerai avec vous cet hommage Fernandelien :"Aux adieux de Black Sabbath, il tremblait pas mal d'la patte.Fais l'Ozzy, assis."
08/07/2025, 21:31
Ben tu m'étonnes, DPD, d'être passé à autre chose. En même temps, quand on a eu ces groupes là comme entités fétiches, on ne peut qu'aller de l'avant. C'est comme partir de zéro (je plaisante
08/07/2025, 21:26
Je comprends juste pas cette envie adolescente permanente de revoir ses groupes de jeunesse. Je veux dire je suis de la génération qui est passé par Korn Slipknot et compagnie mais je suis passé à autre chose.
08/07/2025, 19:55
Lors du dernier concert de Motorhead auquel j'ai assisté, Lemmy était... pathétique (mais pas loin). Et pourtant il était planté sur ses quilles. Alors jouer assis avec Parkinson en bandoulière ? Business is business, la machine à biftons DEVA(...)
08/07/2025, 19:23
@HumungusJe fais une exception pour Motörhead (que je n'apprécie pas plus que ça) parce que Lemmy était sous un haut dosage de drogue/alcool pour tenir le coup et pas s'écrouler sur une chaise.
08/07/2025, 17:31
Je vois pas ce qui est légendaire à un trubo grand-père qui tiens péniblement sur une chaise. Je dois manquer quelque chose. Pour ma part c'est autant ridicule que les concerts avec des stars mortes en hologrammes. Faut vraiment être con.
08/07/2025, 17:18
@LeMoustre : espèce d'abruti... le but du concert, outre le fait que c'était un évènement caritatif, c'était qu'Ozzy puisse faire des adieux en bonne et due forme à la scène, chose qu'il n'avait pas pu réaliser (...)
08/07/2025, 06:08
J'ai pas encore tout regarder mais y a t'il un groupe qui a joué le morceau Black Sabbath ?LeMoustre, pour ce concert je pense que l'émotion et la communion entre groupes et public était plus importante que le reste. A voir les vidéos j(...)
07/07/2025, 22:26
La dernière du Madman ! Déjà vu en live debout et il chantait moins bien que la !
07/07/2025, 18:34
@LeMoustre :Effectivement... Point de vue totalement respectable que celui de ne pas vouloir payer un prix de dingue pour mirer un show proche du pathétique.Mais perso, face à des légendes comme celles-ci, je mets mon impartialité de côté et (...)
07/07/2025, 17:42
Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)
07/07/2025, 13:18
j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant !
07/07/2025, 12:48