Beaucoup résumeraient la chose d’un « Raaaaaaatatatatatatatatataboooooooooourghhhhh !!!! » qu’ils pensent très ludique. Moi je parlerais d’histoire d’amour. Celle qui me lie à l’un des genres les plus décriés de la planète Hardcore, le Grind. Depuis les années 80 et la découverte du style via quelques cassettes fort mal enregistrées, j’ai craqué, et je n’ai jamais trompé ma fiancée. Ou alors, sans le faire exprès. Je le conçois, c’est toujours pareil. Il n’y a rien qui ressemble à un groupe de Grind qu’un autre groupe de Grind. Mais…

Stop !

C’est totalement faux. Il y a ceux qui jouent du Grind parce qu’ils ne sont pas capables de jouer autre chose, et ceux qui jouent du Grind parce qu’ils aiment ça. Parce qu’ils adorent ça. Parce qu’ils veulent me combler, égayer ma journée, me rendre le sourire. Et les allemands de FEIND en font partie. Je les aime.

Pourtant, ils sortent de nulle part, et n’ont à leur actif qu’un seul EP, en 2023, Moloch. Mais à quoi bon analyser le passé lorsque le présent vous offre matière à vous enthousiasmer ?

Sans y aller par quatre chemins qui mènent tous aux gogues, FEIND incarne tout ce que j’adore dans le Grind. La bestialité, la technique, la folie, l’énergie, l’anti-musicalité, la dénonciation et la conscience sociale. Dans un registre très épais et métallique, les allemands bourrent comme des malades, et bouclent dix-sept chapitres en treize minutes. Un timing tout à fait respectable lorsqu’on veut attaquer par surprise et terrasser ses ennemis. Mais un timing qui suffit amplement à exposer le point de vue, global et en détail, qui replace le Grind sur le piédestal de démence qu’il ne quittera jamais.

Inutile donc de craindre des approximations, une approche synthétique qui rebute toujours, puisque Ambulante Hirnamputation est aussi analogique qu’une rediffusion de Derrick sur France 3. Trois musiciens (NP - basse/chant, YB - batterie/chant et HT - guitare/chant), pour un Techno-Grind de première bourre, comme ramené du futur par un collectionneur averti et chanceux. Une touche de Mathcore dans les guitares pour rappeler les DEP, mais une rage incroyablement bien contrôlée, qui donne de petites fourmis dans les pieds.

Et de grosses envie de carnage dans le cerveau.

Mis à rude épreuve cependant.

J’affirme. Il y a plus d’idées dans un morceau de quarante secondes de FEIND que dans la discographie complète d’autres groupes beaucoup moins performants et travailleurs. Faites le test, et choisissez-en un au hasard. Vous tomberez immanquablement sur le tir de barrage d’un batteur qui fait virevolter ses baguettes encore plus rapidement qu’un boulanger, sur des riffs triés sur le volet par un guitariste esthète/menuisier, et sur les vociférations graves et basses d’un frontman qui serre les dents comme un ours chope son saumon.

Et puis plein d’autres trucs évidemment, cette envie d’en proposer plus, d’en proposer mieux, de vraiment jouer et de ne pas foncer tête baissée, d’agencer ses morceaux comme des thérapies éclair, et de sortir un album qui en est vraiment un, et pas qu’une accumulation de sons disparates et assemblés à la hâte et avec peu d’imagination. Alors, oui, j’aime le Grind de tout mon cœur. Et oui, j’aime FEIND.

Alors les autres, hein…ben…

« Raaaaaaatatatatatatatatataboooooooooourghhhhh !!!! »   

Titres de l’album :

01. Arbeitstiere

02. An Morgen Denken, Särge Schenken

03. Originale Nichtskönner

04. Toxic Positivity

05. Effizienz

06. Doof im Discounter

07. Flink Wird das Picknick Gebracht

08. Planet der Affen

09. Dinosaurierknochen

10. Ambulante Hirnamputation

11. 3DPD

12. Super Humanity Bros.

13. Christlich Demokratische Ulcera

14. Nukleare Renaissance

15. Es ist Muttertag

16. Natur pur Erleben

17. Leute Heute

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