Le Metal progressif traite souvent de thèmes passés, d’évènements historiques, de légendes racontées depuis des siècles, ou, au contraire, s’intéresse à l’avenir, le nôtre et celui que nous laisserons à nos enfants. C’est cette deuxième option que les libanais de TURBULENCE ont choisie pour leur troisième album, celui dit de la confirmation. Et comme ces musiciens comptent parmi les plus doués et créatifs de leur scène, B1nary Dream explose toutes les attentes, intronisant le quintet sur une chaire qui sera sienne pour de longues années.
B1nary Dream, c’est quoi ? Prosaïquement, un second long pour l’écurie Frontiers, trois ans après le déjà stratosphérique Frontal, et une confiance renouvelée entre la maison de disques italienne et le combo du Liban. Thématiquement, tout autre chose. Ce concept album raconte l’aventure de 8b+1, robot expérimentant le rêve binaire, et qui va passer du statut de simple d’objet à celui de conscience, en passant par différents états. Ces neuf morceaux sont donc liés par la même histoire, que le groupe nous raconte entre mélodie, puissance, nuance et insistance.
TURBULENCE partage avec MYRATH ce goût pour sa propre culture orientale, et pour ces arabesques qui viennent agrémenter les mélodies européennes. Mais ils partagent aussi pour cet album un batteur, Morgan Berthet, puisque leur fidèle Sayed Gereige était indisponible pour l’enregistrement. La frappe puissante de Morgan vient donc prêter main forte au line-up (Anthony Atwe - basse, Alain Ibrahim - guitare/chant, Mood Yassin - claviers, Omar El Hajj - chant) qui s’est senti pousser des ailes et a encore repoussé ses propres limites en nous offrant un véritable festival d’harmonies, d’arythmie, de complexité instrumentale et de fluidité Metal. Sans renier évidemment son propre background, on sent que le quintet a ouvert ses possibilités à d’autres influences, allant parfois jusqu’à incarner une version Proche-Orient de DREAM THEATER ou PEROPERO.
Des textures, de la profondeur, de la perspective, voilà ce que dévoile un travail de titan, pour que chaque note sonne juste et parfaitement à sa place. On savait déjà que le quintet avait des capacités largement au-dessus de la moyenne, on sait maintenant qu’il est capable de composer de véritables chansons, avec une âme, pour illustrer ce conte d’anticipation avec le plus d’acuité possible.
Nous suivons donc l’évolution et la transformation de8b+1, dans le dédale de ses rêves, et l’histoire nous entraîne dans un monde où tout semble possible, même les choses les plus extraordinaires. L’éveil de ce robot à la conscience humaine est très bien illustré par des morceaux aussi différents que complémentaires, et la perfection est souvent frisée d’un ou deux cheveux. J’en tiens pour preuve le phénoménal « Manifestations » et ses six minutes et trente secondes de défi rythmique, qui tient en haleine, fait tournoyer, perdre ses repères pour finalement se crasher sur la délicatesse de « Ternary » et ses harmonies vocales sublimées par un solo magnifique.
Sensibilité, agressivité, délire diurne pour trip nocturne, B1nary Dream dessine un univers très coloré, au blanc immaculé et aux teintes contrastées, pastels, pour mieux décrire les sensations éprouvées par cette machine devenant presque humaine. Si la complexité des arrangements saute aux oreilles immédiatement, la facilité avec laquelle TURBULENCE fait passer ses plans les plus acrobatiques à quelque chose de divin, sautant d’un îlot Metalcore sur une plage Progressive traditionnelle. Parfois Djent, parfois Rock, parfois Post Metal mais toujours précieux et précis, le groupe tente toutes les bifurcations pour être certain de ne rien oublier, et de nous offrir un panoramique le plus large possible.
De proportions raisonnables, ce troisième album se contente donc des idées les plus pertinentes, laissant les bavardages inutiles au placard. Et même lorsque toute raison est mise de côté, sur le titanesque « Binary Dream », rien n’est superflu, à côté de la plaque ou trop redondant, et le résultat est évidemment sublime de finesse et d’exigence instrumentale. On louera évidemment le talent d’un guitariste qui connaît son instrument par cœur et qui partage avec lui une relation fusionnelle, mais on n’oubliera pas de féliciter un claviériste qui sait exactement quel preset utiliser pour densifier la musique, et non la rendre stérile ou trop Pomp.
Quant à Omar El Hajj, sa voix nuancée plaque un glaçage délicieux sur le gâteau, ses intonations ne cherchant pas la prouesse technique, mais bien le feeling, la sincérité et la justesse. Son falsetto est totalement sous contrôle, et sa voix de poitrine très pure et ample. L’osmose entre les musiciens est donc palpable, ce qui permet à « Binary Dream » de passer comme dans un rêve justement, ou comme un court métrage pour les oreilles aux images futuristes, mais au thème universel.
Attaques personnelles, coups fourrés, chemins de traverse pour un point de rendez-vous qui évoque avec malice un monde nouveau, dans lequel cohabiteront les hommes et les machines. Nos alter-ego auront donc visage humain, et leur âme leur permettra de vivre parmi nous sans susciter de rejet. C’est en tout cas ce que semble suggérer « Hybrid », et sa partie de batterie stellaire, qui use du contretemps et des mesures impaires comme Rick Deckard de son arme et de son flair.
Petit chef d’œuvre ?
La formule me plaît, et se montre fidèle au sceau de qualité apposé sur une œuvre fantastique, dans tous les sens du terme. Les accents orientaux, loin d’occuper le premier plan servent souvent de couleur d’arrière-plan, qui permet de nuancer les tableaux les plus fragiles (« Corrosion »). Et comme B1nary Dream se termine dans le coton mélodique de « Deerosion », avant que l’alarme assourdissante ne sonne le réveil, on se perd dans les draps de l’art pour mieux ouvrir les yeux sur une réalité alternative.
Du Progressif qui n’abuse pas de son statut élitiste, et qui sonne comme du Heavy Metal moderne joué par des surdoués. Un concept album comme le style les affectionne, et une nouvelle étape franchie sur un parcours pour le moment royal. Merci à TURBULENCE de secouer l’actualité de son unicité, et de nous permettre d’écouter autre chose qu’un simple disque enregistré sans ambitions.
Titres de l’album:
01. Static Mind
02. Theta
03. Time Bridge
04. Manifestations
05. Ternary
06. Binary Dream
07. Hybrid
08. Corrosion
09. Deerosion
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44