Beatus Methodivo

Sentier Des Morts

08/07/2019

Obscure Abhorrence Productions

Quand on parle de BM norvégien, difficile de ne pas se référer à la scène originelle des années 90. Impossible de ne pas parler de MAYHEM, BURZUM et consorts, et lorsqu’on parle de BM français, difficile aussi de ne pas citer les Légions Noires et des combos référentiels comme BELKETRE, VLAD TEPES ou MÜTIILATION, spécialement lorsque les musiciens actuels se rattachent à la mouvance Raw Black. Il serait pourtant injuste de réduire la scène française à ce mouvement si particulier, qui a influencé des dizaines de compositeurs, et qui avec les années est devenu une mouvance phare de l’histoire de l’extrême national. Mais en terme de BM cru et âpre, autant dire que les années 94/97 serviront toujours de pilier pour les maniaques en noir et blanc désireux de ne garder du style que son approche la plus cruelle, underground et incorruptible. C’est ainsi qu’en découvrant le premier LP de SENTIER DES MORTS, le vent du passé a soudainement soufflé sur mes tympans déjà méchamment endommagés, sans que je puisse fermement ancrer le trio dans une terre sacrée. Déjà responsable d’une première démo l’année dernière, le groupe, enrichi du batteur Hermod depuis juillet dernier nous propose donc une mouture tout à fait personnelle de Metal noir, certes très abrupt, mais ne crachant pas sur des mélodies amères et des ambiances très travaillées. Nous sommes donc loin du minimalisme brutal de la génération antérieure, puisque Beatus Methodivo se place tout autant sous l’égide de son héritage national que de celui des scènes polonaise et norvégienne. En trente-neuf minutes, le collectif fait donc le tour de la question brutale avec un brio indéniable, multipliant les actes de bravoure, entre mysticisme très prononcé et volonté parfois progressive, pour délivrer un message de haine et de nihilisme très intelligemment dilué dans un propos technique et mélodique indéniable.

Difficile de divulguer la moindre information à leur sujet, les musiciens étant plutôt réticents à lever le voile du mystère. Sithis (basse), Nyarlathotep (guitare) et Modaïs (chant) se contentent donc de jouer leur musique, envoutante, délicieusement sombre et occulte, émaillée de nombreux breaks, à la sècheresse inhérente au style adopté, mais aux ambitions indéniables. Très capables lorsqu’il s’agit d’instaurer des ambiances étranges et pénétrantes, le groupe sous couvert d’une éthique puriste ne se bride toutefois pas et fait preuve d’une puissance que bon nombre de combos norvégiens pourraient lui envier, lorsque toutes les composantes se mettent en place. Ainsi, l’opaque et compressé « L'engeance de son Saint Egoisme » alterne les rythmes, impose des arrangements de clavier bien sentis, se concentre sur un riff concentrique qui va et vient entre l’arrière et l’avant-scène, le tout supporté par un chant évidemment écorché qui égrène ses litanies avec une belle conviction. Rien de nouveau sous le soleil noir, mais des capacités qui crèvent les yeux et les oreilles, et une facilité dans la diversité, chaque morceau apportant sa contribution cohérente à l’ensemble. Sachant rester proche des racines tout en acceptant les développements du genre depuis son explosion dans les années 90, Beatus Methodivo est un beau manifeste d’indépendance qui assume totalement ses influences, mais les restitue à sa façon. Classique jusqu’au bout de l’interprétation, ce premier LP a fière allure, et partage sa promotion entre l’Allemagne et les Pays-Bas, laissant sa distribution aux mains de The Ritual Prod pour les bataves et Obscure Abhorrence Productions pour nos amis d’outre Rhin.

« La Conjuration de NINNUAM » en ouverture place les éléments avec logique, avance sans se poser trop de questions, mais nous convainc du caractère singulier de ce groupe à cheval entre traditionalisme épuré et puissance contemporaine, avec un son un peu passé qui nous ramène des années en arrière, mais des prétentions artistiques plus élevées que la moyenne des groupes de Raw BM. Dans la plus pure logique française de progressions épiques et de symbolisme historique, « Le Conte du Chevalier de Baron » se souvient des longues litanies de BATHORY, mais aussi de la crudité des héros funestes norvégiens, avec sa batterie métronomique, ses hurlements superposés et ce riff redondant qui intervient comme un leitmotiv, alors que « Le Pharaon Noir » préfère renouer avec la crasse et les ténèbres de la scène française des mid nineties, qui cherchait alors de quoi rivaliser avec les grands frères venus du froid. Une véritable recherche sonore, des thèmes qui portent des idées fertiles, et surtout, un désir de s’affranchir d’influences trop envahissantes pour imposer son propre nom et son propre son. Et si les morceaux sont compacts et synthétiques, SENTIER DES MORTS n’hésite pas à laisser parler sa propre grandiloquence sur le final « Sombre Vestige », qui après une longue intro en forme de Dark Ambient suppurant joue la carte de la puissance la plus ouverte, avec toujours en exergue le travail d’un batteur qui connaît bien sa partition. Le chant de Modaïs, sous-mixé comme l’exige la tradition se veut hypnotique, alterne les graves et les grincements suraigus, mais la guitare, en arrière-plan travaille des motifs plus originaux que la moyenne, ce qui permet à ce premier album de se démarquer sans forcer sa nature.

Ajoutez à ceci un art consommé du contrepied et la capacité de toujours trouver une idée choc pour accoucher de titres forts (« L'intelligence du Mal »), et vous obtenez un premier chapitre digne d’intérêt, à mi-chemin de la tradition française et du défrichage historique norvégien. Une belle surprise qui mérite de se creuser une belle tombe dans la légende de l’underground.  


Titres de l’album :

                         01. La Conjuration de NINNUAM

                         02. Le Conte du Chevalier de Baron

                         03. Le Pharaon Noir

                         04. Le Régne de Belial

                         05. L'engeance de son Saint Egoisme

                         06. L'intelligence du Mal

                         07. Northern Flames

                         08. Sombre Vestige

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 02/01/2021 à 18:21
78 %    967

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


POMAH
membre enregistré
08/01/2021, 17:13:24

C'est clairement bon, maintenant le chant j'ai plus de mal.

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
C

Merci pour le partage !

28/04/2024, 11:58

Chemikill

Suicidal Tendencies, Sepultura, Slipknot... la tournante improbable... ça ferait un bon poisson d'avril, mais c'est vrai....

27/04/2024, 14:11

roulure

true norwegian roue libre

26/04/2024, 13:40

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08