Blood Offerings

Necrot

09/06/2017

Tankcrimes Records

Oui, la mort trouvera toujours des porte-drapeaux, des brandisseurs d’oriflammes fatals, et surtout, des hommes haut-parleurs n’en finissant plus d’anticiper une fin qui nous attend tous, au gré d’accords sombres et de rythmiques suffocantes.

Death Metal ? Quel style porte mieux son nom que cette émanation gazeuse putride qui nous enfume les naseaux depuis la fin des années 80 ? Certes, depuis, le chemin accompli a éloigné les groupes de l’essence d’origine et la compétition devient rude entre les chantres du Brutal Death à tendance technique et les passionnés de Deathcore à rythmique unique. Mais ne prendre en compte que ces deux extensions reviendrait à masquer le flot continu de combos se vautrant la fange en putréfaction des préceptes originels, en bouchant un énorme pipeline avec un tampon hygiénique.

A l’instar du Thrash old-school, le Death old-school a encore de beaux passages vers l’au-delà devant lui, et les puristes se bousculent au portillon des Enfers, se voulant tous plus garants les uns que les autres de la flamme vacillante allumée par les créateurs.

D’ailleurs, il est maintenant officiel que les NECROT se trouvent eux aussi devant les grilles de l’afterlife réservée aux pécheurs impénitents, à patienter sagement qu’on leur attribue un numéro de pathologistes diplômés…

NECROT, c’est un trio nous venant de Californie, d’Oakland plus précisément, ville dans laquelle ces trois malfaiteurs de l’histoire underground se sont regroupés en association bruitiste dès 2011, histoire de voir si le vent charriait avec plus d’emphase l’air fétide des cadavres environnants. Luca Indrio (guitare/basse/chant), Sonny Reinhardt (guitare) et Chad Gailey (batterie), trois démos (Necrot en 2012, Into The Labyrinth en 2012 aussi et The Abyss en 2014), un premier longue durée compilant tous leurs titres disponibles (The Labyrinth, 2016) ne cherchent donc pas l’innovation à tout prix, même pas du tout, mais se replongent depuis quelques années dans la culture traditionnelle du Death barbare de l’orée des années 90 et de l’agonie des années 80, singeant aux passages le vocable de mentors comme MASTER, BOLT THROWER, AUTOPSY et autres maniaques de la simplicité instrumentale et de la puissance primale.

Ce premier longue durée « inédit », publié conjointement par Tankcrimes Records en vinyle et CD et Sentient Ruin en tape se veut donc lourd regard en arrière, louchant vers une époque pas si révolue que ça ou la bataille était encore rangée entre les tirailleurs techniques de DEATH et MORBID ANGEL et les guetteurs de tranchées nauséabondes des références précitées, bien avant que tout le monde n’uniformise le propos pour le rendre plus… « Actuel ».

Actuel, un terme qui ne colle pas vraiment à la peau décomposée de ces trois musiciens qui ne conçoivent le Death que sous son aspect le plus pur et verdâtre. Si les trois influences citées sont les plus évidentes dans leur cas, leur énorme son bien gras rappelle aussi une version pesante et moite du PESTILENCE le plus emphatique, notamment dans certaines intonations caverneuses de Luca, dont le timbre rappelle légèrement celui bien rauque de Martin Van Drunen.

PESTILENCE, MASSACRE, BOLT THROWER, MASTER, AUTOPSY, la crème du pus de l’infection qui a répandu le virus à travers le monde, des USA à l’Europe, et qui trouve aujourd’hui un écho valable dans la sauce balancée par ce Blood Offerings à la superbe pochette signée Marald Van Haasteren.

Enregistré aux Earhammer studios par Greg Wilkinson (VASTUM, GRAVES AT SEA) et masterisé par l’ultra productif Brad Boatright aux Audiosiege (NAILS, GATECREEPER), Blood Offerings est d’une haute teneur en riffs macabres et rythmique puissantes, et n’a de cesse de provoquer vos sens d’attaques régulières de breaks savamment dispensés et de mélodies anémiées, rendues encore plus rachitiques par le volume sonore accordée à une batterie qui parfois occupe tout le caveau (spécialement, dans les passages en concassage de doubles croches à la grosse caisse).

En gros (pas de détail, pour ça, voir le charcutier d’en face), un énorme disque de Death vintage comme il faut, qui ravira les nostalgiques de la barbaque puante des embaumements estampillés 88/91, et qui tout en puisant dans les ressources principales du genre se permet d’adapter quelques codes à sa personnalité.

Huit morceaux qui ne font pas dans la dentelle, et qui sonnent aussi casher qu’un cri guttural de Paul Speckmann. Une symphonie de l’outrance majeure, déclinée en chapitres presque en tous points identiques, qui parviennent à synthétiser les vagues des côtes américaines, les vents violents d’outre-Manche, et les bourrasques impitoyables d’Europe centrale en moins de quarante minutes.

L’équation est simple, et à des allures de best-of, avec sa panoplie de guitares graves comme une mine éplorée un jour d’enterrement, et une association basse/batterie privilégiant l’efficacité à la finasserie. Une digression très pertinente sur les éternels « Echoes Of Death », « Always About To Die », « Through The Eye Of Terror » ou autres « Mangled Dehumanization », pour quelques clins d’œil à la mouvance scandinave des UNLEASHED ou GRAVE et la production si particulièrement caverneuse des Sunlight Studios, sans pour autant confondre les guitares avec des taille-haies électriques.

En somme, et en définitive, un bon melting-pot de toutes les nuances possibles d’un genre qui n’a jamais particulièrement brillé par sa variété.

Mais c’est exactement ce qu’on cherche sur un disque pareil, et les NECROT ont parfaitement suivi le cahier des charges. Intro circulaires, écrasements inopinés, soli primitifs, grosse caisse qui résonne dans la crypte, alternance de vitesse et de lourdeur, pour une jolie balade en territoire Death hostile, que tout le monde connaît par cœur, mais qu’on arpente toujours avec le même plaisir coupable.

Pas de morceaux à mettre particulièrement en avant, à vous de piocher, ou d’avaler la mixture cul sec histoire d’en optimiser les effets enivrants.

Blood Offerings est le genre d’album qu’on connaît déjà avant même de l’avoir mené à son terme, mais dont la magie morbide opère dès les premières minutes. Mais n’est-ce pas le principe de toute entreprise old-school ? Alors jouez le, et imaginez-vous dans un vieux cimetière un dimanche matin, jour de deuil. Ou dans la morgue d’un vieil hôpital désaffecté, encore encombré des odeurs malsaines des corps en déliquescence.

Vous verrez, ça fonctionne, et plutôt bien. De quoi ne jamais oublier que la mort rôde autour de nous, et que ses héros d’hier sont les nouveaux disciples d’aujourd’hui.


Titres de l'album:

  1. The Blade
  2. Rather Be Dead
  3. Shadows And Light
  4. Blood Offerings
  5. Empty Hands
  6. Beneath
  7. Breathing Machine
  8. Layers of Darkness

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 01/07/2017 à 14:39
75 %    975

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Jus de cadavre
membre enregistré
05/07/2017, 04:20:58
Un putain d'album ! Écouté totalement par hasard sur le tube... Et pan, la baffe !

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52

Arioch91

J'aime bien ! Ajouté à ma shopping list.

18/04/2024, 19:48

Saul D

" Marianne" c'est pour miss Schiappa? ok je sors :-)

18/04/2024, 17:12

Gargan

Y'a du riff polonais.

17/04/2024, 08:12