Ah mais je ne risque pas de vous contredire messieurs. Votre vallée n’est non seulement pas la plus verte, mais encore moins la plus lumineuse. Elle ressemble à cette vallée de la mort décrite dans la Bible, arpentée par les condamnés qui se rapprochent de plus en plus de Dieu. En gros, ce verset qu’on récite quand le Titanic coule ou quand tout s’écroule. Et c’est plutôt bien trouvé vu votre cas de figure. Car ce gros Heavy Metal joué Black et teinté de vulgarité Death ressemble effectivement à un goulet d’étranglement avant une plaine déserte et ravagée par les éléments.
Nos amis du jour ne sont pas américains, ni du nord ni du sud. Non, ils sont plus proches de nous, et vivent à Manchester, ce qui a tendance à rendre la sortie de leur premier album beaucoup plus intéressante que la reformation d’OASIS. D’autant que ce premier album, distribué par les germains de Vendetta Records est fameux, pas forcément pasteurisé, et entre deux ou trois eaux usagées différentes.
MAGNETAR joue l’ambivalence. Beaucoup de rudesse et de grossièreté, pour une culture pointue. Le paradoxe est assez savoureux, et pour le moins classique, mais entre les mains de ces Mancuniens, il en ressort transfiguré, comme sublimé par une approche franche et subtile à la fois. Ainsi, malgré ces sept petits titres, There Will Be No Peace in My Valley est plus que conséquent, avec cinquante minutes de clair/obscur, plus obscur que clair d’ailleurs.
Ce qui l’est à l’inverse, c’est le constat que l’on formule après deux ou trois écoutes. Alors que les trois musiciens (Rob Harris - batterie, Nick Wallwork - chant et Dan Walmsley - chant/guitare/basse) ont de bonnes têtes à jouer du Sludge ou du Metal enfumé et bucolique (ou du Hardcore moderne, soyons fou), leur musique est solide, épaisse, conséquente, et en convergence d’une multitude d’influences allant de CARCASS à HAUNT, et de BATHORY à MAGIC KINGDOM et MANILLA ROAD. Voire VENOM. Un peu.
« To Render the Soul » aurait largement eu sa place sur le séminal Under the Sign of the Black Mark de Quorthon, de par son ampleur, sa majesté, son tempo lourd et son insistance vocale. Et même si le titre est soudainement brisé par un break enflammé, la puissance reste intacte, et l’effet bœuf. Ces trois-là s’y entendent comme personne pour agencer une composition, et font montre d’un flair incroyable dans le choix des idées. Une autre preuve en est le riff incroyablement redondant et Heavy qui change l’humeur de l’ouverture « Scum », pour nous ouvrir à un monde plus enjoué, et séduisant dans ses arguments.
Mais l’autre point fort de cet album reste sa diversité, puisque chaque titre laisse son empreinte, qu’il soit grandiloquent, violent, sobre ou richement ouvragé.
A ce titre, « There Will Be No Peace in My Valley » est le title-track rêvé dans le sens le plus noble du terme. Entamé fermement par un riff simple mais efficace, sublimé par un refrain mélodique qui pompe la source de la NWOBHM sans exagérer sa soif, avant de repartir en mode rauque et grave sur fond d’hamonies de guitare traditionnelles.
De l’excellent travail dans l’adaptation de méthodes vieilles de quatre ou cinq décennies, et des efforts consentis au niveau de l’équilibre des ingrédients. Nous passons constamment d’un paysage à un autre, sans que le tout n’apparaisse disparate ou assemblé à la hâte. Et comme MAGNETAR se montre doué dans tous les domaines, le spectacle est emballant. « A Deluge of Pious Primitives » joue même avec la frontière séparant le Thrash du proto-Death, en accélérant le rythme de manière tout à fait indécente. Catchy quand il le faut, agressif pour le moins, viscéral mais pensé, There Will Be No Peace in My Valley est un modèle du genre, et un futur mentor pour les générations à venir.
D’autant que sa fin est l’une des plus remarquables du circuit en cet automne pluvieux et rabat-joie.
« Of Ulm » dose l’épique et colle les grammes, et s’obstine pendant plus de sept minutes à enfoncer le pont-levis du château Metal. L’alternance est encore plus prononcée et rapide, et les phases se succèdent à une vitesse folle. Si le propos est stable, et toujours partagé entre harangue pugnace et séduction de masse, la mise en place, les arrangements et les embardées atteignent un point de maturation exceptionnel, parfait pour nous préparer à cette ultime altercation sobrement baptisée « Adorned in Flame ».
Epilogue monstrueux, « Adorned in Flame » est la plus parfaite synthèse dont ce premier album pouvait rêver. Rob Harris laisse ses baguettes tourner folles, Dan Walmsley part en solo tout en assurant une rythmique précise, et Nick Wallwork dégobille ses tripes comme un clochard aviné un dimanche soir. Le bilan est lourd, les victimes toute désignées (nos tympans assurément), et l’état dans lequel on se trouve peu enviable. Pour un premier jet, MAGNETAR fait très fort, et en remontre aux adorateurs de la secte Blackened Heavy Metal, qui ont tendance à se regarder le nombril tout en grattant péniblement la même note.
Alors, non, je ne vous contredirai pas messieurs. Votre vallée, quoi qu’éclairée en mode 10 watts est attirante, comme un jeu dangereux, un passage obligé, et une tendance à l’oubli de soi. Ce qui n’est pas oublié par contre, c’est le plaisir procuré par ce voyage dans les arcanes du Metal le plus torride, celui qui éclaire nos vies depuis l’infini.
Et au-delà
Titres de l’album:
01. Scum
02. The Shadow Mountains
03. To Render the Soul
04. There Will Be No Peace in My Valley
05. A Deluge of Pious Primitives
06. Of Ulm
07. Adorned in Flame
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19