Carnal Heresy

Wretched Fate

24/02/2023

Redefining Darkness Records

Le lundi matin au turbin, faut être bourrin si tu veux que ça se passe bien. Alors, mets tes écouteurs, et enfile toi le deuxième album des suédois de WRETCHED FATE tout en tapant sur ton clavier. Regarde ton patron dans les yeux, et va exiger cette augmentation que tu négocies depuis des mois. Si ton regard démoniaque ne suffit pas, colle-lui Carnal Heresy entre les feuilles en lui promettant que le boucan lui servira de bande-son d’une vie insipide passée à houspiller et exploiter. L’affaire est dans le sac.

WRETCHED FATE, c’est un peu l’exemple type du groupe de Death suédois qui accepte son héritage, mais qui louche quand même sur les devises américaines. Fondé en 2016 à Orsa, ce quintet de fous-furieux (Robin Magnusson - basse, Fredrik Wikberg & Mats Andersson - guitares, Samuel Karlstrand - batterie et Adrian Selmani - chant) nous a déjà gratifiés d’un premier hurlement tonitruant (Fleshletting, 2019), qui en avait laissé plus d’un sur le carreau. Il faut dire que le mélange deux-temps proposé par ces bouchers est sacrément effectif, entre la froideur de la Suède et la violence technique américaine.

Ce compromis trouvé entre les deux écoles est fameux. Rythmique constamment en mouvement, riffs gelés à la HM-2, chant grave et ambiance à la AT THE GATES sortant de la salle de fitness, le tout bouscule comme un musclor fier de ses abdos, et oblige à tenir le rythme comme un coach sous perfusion d’amphétamines. On se laisse happer par ce vortex de brutalité clinique, qui toutefois souffle un air très chaud sur la nuque.            

Enregistré, produit et mixé par Mats Andersson lui-même, masterisé par John Bart van der Wal aux Hewwetover Studios, Carnal Heresy est une solide affaire de Death classique adapté aux attentes de soin époque. Loin de se contenter d’un habile recyclage, les cinq suédois nous offrent une relecture savoureuse des canons suédois des années 90, et livrent parfois une prestation de très haute volée, comme le confirme le roublard et inventif « Umbilical Suffocation » qui ne ménage pas ses efforts pour développer ses effets, et qui nous traîne sur les berges d’un Death progressif mastif et mastoc, mais aéré par des idées pertinentes et une réelle envie de se distinguer de la plèbe old-school.

On sent évidemment les traces d’enseignement de l’école Sunlight, spécialement lorsque le beat se cale sur un parti Punk, lors de l’intro de « Harlots for Suffering ». Entre les racines et les évolutions majeures de la scène scandinave, WRETCHED FATE se place à mi-chemin, tout en choisissant son camp. Celui d’un Death majeur, compact, mélodique quand il le faut, et secoué de vents hivernaux glaçant les sens.

D’une durée plus qu’honorable, ce second long fait montre d’une maîtrise indéniable, et se pose comme une suite plus que valable d’un coup de semonce initial. Rien de vraiment perturbant dans l’agencement, mais quelques plans moins systématiques, et une agression non-stop qui frise l’overdose. Avec en exergue une rythmique ultrarapide et solide comme une congère en hiver, WRETCHED FATE brode des thèmes en toute gravité, et nous permet de prendre une pause entre deux sorties plus traditionnelles.

Des points positifs, et beaucoup, pour très peu d‘erreurs de jugement. Et si évidemment les instincts se suivent et se ressemblent, WRETCHED FATE respecte sa nature profonde d’hommage à la scène tout en osant s’écarter du chemin de gauche avec beaucoup d’intelligence.

« Spineless Horror » en clôture, témoigne de cette volonté d’actualiser les archives pour les rendre plus accessibles. On soulignera évidemment l’importance de ces deux guitares qui tronçonnent dans le gras, mais on précisera également que la science des arrangements permet aux morceaux de toujours trouver le bon angle pour ne pas sonner répétitifs. Entre MORBID ANGEL, ENTOMBED, SUFFOCATION et autres légendes, WRETCHED FATE s’impose comme trublion de premier plan, assez formel pour intéresser les nostalgiques, mais suffisamment culotté pour intriguer les novices.

Carnal Heresy est le lien parfait unissant l’ancienne génération à la nouvelle. Car même si le tout reste assez prévisible dans le fond et la forme, l’énergie développée, la puissance déployée nous permettent d’occulter les évidences, spécialement lorsque les BPM chutent en rendement (« Upon the Weak »).

Le résultat est donc très digeste, et hautement recommandable. Sans vraiment trop se découvrir, WRETCHED FATE affiche des ambitions concrètes, et permet à la scène nostalgique de regagner en crédibilité. Mais attention, il est impossible de les y affilier complètement, puisque leur musique est largement plus ambitieuse qu’une resucée de Left Hand Path ou de Like an Ever Flowing Stream.  

En attendant votre prochaine fiche de paie, laissez enfin votre pauvre supérieur tranquille. Il mettra des années de thérapie non remboursée à s’en remettre.

                

  

Titres de l’album:

01. Mind Desecrator

02. Momentary Suicide

03. Utterance from the Inhuman Tongue

04. Cry from Beyond

05. Umbilical Suffocation

06. Harlots for Suffering

07. Upon the Weak

08. Morbid Testament

09. Spineless Horror


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 21/06/2023 à 17:17
88 %    277

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
roulure

true norwegian roue libre

26/04/2024, 13:40

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20