Dans un désir sans cesse renouvelé de sortir de ma zone de confort, je m'essaie à des styles dont je ne suis pas spécialiste, mais qui pourtant fédèrent un public de plus en plus nombreux. Ainsi, si les mouvances old-school s'articulent souvent dans un axe extrême/AOR/Heavy Metal, il convient de ne pas négliger l'apport de ces groupes qui s'évertuent à faire revivre l'essence des seventies, non en calquant l'esprit des ZEP ou du PURPLE, mais bien en se focalisant sur les effluves les plus lysergiques du genre. Alors, évidemment, l'héritage des SABBATH et autres HAWKWIND est certes énorme, mais les petits-enfants de ces défricheurs de l'espace ne font pas toujours preuve de la même audace que leurs aînés, qui en tant que pionniers avaient encore tout un champ de pavot à défricher. C'est ainsi que les fascinés de Moorcock, Tolkien, Aldous Huxley, CACTUS et autres 13th FLOOR ELEVATORS prennent un plaisir certain à accommoder leur nostalgie de quelques accointances SAINT VITUS, TROUBLE, sans forcément sombrer dans le Doom et respecter la marge de manœuvre tracée par les KYUSS et autres défenseurs de l'épaisseur musicale. Et une fois n'étant pas coutume, nos spationautes intérieurs du jour viennent d'Athènes, Grèce, et nous démontrent que le gros Heavy à subtile tendance psychédélique a fait des émules auprès de la population hellène. Fondé en 2010, GODSLEEP évoque de son pseudo les anciens de SLEEP évidemment, mais aussi toute cette vague jaunie des fondamentalistes Rock des seventies, qui ne sont jamais avares d'un riff charnu et d'une rythmique trapue. En huit ans, les grecs ont donc pris leur temps, et publié en entame un quatre titres, avant de se laisser aller au petit jeu du longue durée en 2015, avec leur introductif Thousand Sons of Sleep. Remarqués pour leur aisance et leur éthique de jeu, les athéniens s'atteignirent et finirent sur les scènes de festivals européens fameux, dont les Freak Valley, Aquamaria ou Yellowstock, croisant le fer avec quelques références de la trempe de COLOUR HAZE, MY SLEPING KARMA, KADAVAR et autres KARMA TO BURN sans avoir à rougir de honte.
Et c'est donc forts d'une solide expérience que ce quatuor nous en revient pour proposer la suite de ses aventures, via ce second longue-durée Coming of Age, qui de son titre suggère une adolescence en devenir pour un groupe à l'assise pourtant solide. On y retrouve évidemment tous les ingrédients qui avaient contribué à faire de Thousand Sons of Sleep un succès, à savoir ce mélange assez fin de lourdeur et de légèreté, dans une ambiance un peu cotonneuse symptomatique des délires acides de la génération Ken Kesey. Beaucoup de riffs donc, et la particularisé de ce chant féminin assez séduisant dans les faits, mais terriblement musclé dans le rendu. Le quatuor est bien en place, et son ossature en quadrilatère (Amie Makris – chant, John Tsoumas – guitare, Fedonas Ktenas – basse et Dennis Leventos – batterie) lui permet de se frotter à un formalisme Rock certain, dont il ne souhaite visiblement pas s'extirper. Mais en soignant ses compositions, toujours aussi longues, et en confiant le traitement de son travail à des professionnels (production signée George Léodis, et mastering à l'Audiosiege par l'insomniaque Brad Boatright), les grecs ont souhaité peaufiner leur projet, qui s'il ne s'éloigne pas vraiment des sentiers Stoner battus et rebattus, propose une vision universelle d'un Heavy Metal tirant sur le Hard-Rock, psychédélique par obligation, mais concret et efficace par conviction. Rien qui n'ait donc déjà été dit par Iommi et sa bande et répété avec force buvards par Dave Brock, le tout traduit dans un vocable plus 90's par Josh Homme et sa clique, mais largement de quoi étancher votre soif d'évasion sidérale sans prendre le risque d’abîmer votre santé par l'abus de substances prohibées. Et tout en suivant de près la ligne tracée par les grands anciens (« Puku Dom », interlude à l'influence « Planet Caravan » totalement assumée), les GODSLEEP nous font plaisir tout en se faisant plaisir, et signent un second LP très honnête, rarement surprenant, mais parfaitement satisfaisant. Il faut dire que la voix spéciale et spatiale d'Amie n'est pas étrangère au pouvoir de séduction global, elle qui se sa gouaille légèrement traînante nous embarque dans ses histoires enfumées que son guitariste se plaît à illustrer de bon gros riffs bien dogmatiques qui pèsent autant qu'ils n'élèvent.
Pas de quoi fouetter un chat dans une ambiance gothique à la Hammer, ni de donner envie d'aller traîner ses basques du côté de Joshua Tree, mais de quoi comprendre que la scène Heavy psychédélique voit ses générations successives continuer de respecter l'esprit originel sans chercher à le dénaturer. Avec de longues digressions dépassant souvent les sept ou huit minutes, les grecs restent dans les clous, et se contentent de broder sur un thème pluriel, qu'ils décomposent, décharnent pour en retirer l'essence même, parvenant par instants à sonner comme une future référence et non une simple bande de suiveurs en nostalgie de nonchalance. Ainsi, le très efficace et onirique « Basic (The Fundamentals of Craving) » donne un coup de rein salvateur à l'ensemble, placé aux deux-tiers du parcours, et permet d'apprécier un regain d'énergie. Distorsion évidemment traitée au gras de jambon de pays, rythmique qui ose parfois s'écarter de la linéarité pour proposer des percussions convaincantes, basse qui serpente et guitare qui se veut sur tous les fronts, pour des passages instrumentaux valant leur pesant d'herbe à chat, et un parcours sans accrocs ni nid-de-poule. On sent que la production a mis l'accent sur le côté vintage de l'affaire, sans trahir l'actualité de l'ensemble, qui reste bien campé dans son époque tout en regrettant le passé. Et ça fonctionne, par intermittence, lorsque les morceaux parviennent à s'arracher à leur tradition sacrée, comme le prouve le plus concis et flou « N.O.U. », aussi Rock qu'alternatif dans le fond et la forme, et qui ose une sorte de Post Grunge traité au prisme du Rock psychédélique mais pas trop, histoire de conserver sa lucidité. Dans le même ordre d'idées et dans un style radicalement opposé, le plus évolutif et trompe l'œil « Karma is a Kid » permet de savourer plus de subtilité, et des mélodies plus prononcées, sans se départir de cette volonté progressive pas totalement assumée et qui se contente souvent de digresser sur un motif unique pour le faire grossir et prendre une envergure conséquente.
Dans ces moments-là, le groupe se montre sous un jour plutôt flatteur, et justifie sa réputation, en s'éloignant de son schéma un peu trop établi pour taquiner d'autres horizons. Mais lorsque son ADN historique s'impose, on se prend à regretter que le manque d'audace soit aussi flagrant, d'autant plus que le potentiel générique est patent et nous prouve que les musiciens sont capables de beaucoup plus qu'un simple calque. Ainsi, le final « Ded Space » le montre par intermittence, se bloquant sur une rythmique lourde avant d'accélérer la cadence pour proposer des parties de guitare moins entendues. Et avec une production à l'équilibre parfait, et en dépit d'une certaine monotonie vocale qui gagnerait à être modulée, Coming of Age donne l'impression d'un adolescent encore un peu gauche et pas forcément conscient de ses capacités, mais qui une fois l'âge adulte atteint, saura capitaliser sur ses qualités pour s'extirper de la masse de ses congénères. Un troisième album parfait ? Nul ne l'est, mais avec des indices pareils, il y a fort à parier que les GODSLEEP confirmeront leur statut de groupe sur lequel compter.
Titres de l'album :
1.Ex-Nowhere Man
2.Unlearn
3.N.O.U.
4.Celestial
5.Puku Dom
6.Basic (The Fundamentals of Craving)
7.Karma is a Kid
8.Ded Space
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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Bonjour, moi je serais dans les premiers à réclamer plus de femmes sur scène, et éventuellement plus de diversité ethnique, mais je préfère largement un festival du type Fall of Summer, au Hellfest, et ce depuis 2015....
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Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
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Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44
Les bénéfices du concert était entièrement reversés à une œuvre caritative. Aucun des groupes présents n'a palpé pour leur concert (en même temps c'était 20 minutes de live par groupe...). Après ça (...)
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