Vraiment trop forts ces suédois. Lorsqu’ils ne nous envahissent pas avec une armée de petits jeunes aux lames affutées, ils envoient en première ligne des héros de guerre des années 80. Je ne suis pas sûr qu’il reste beaucoup de territoires à conquérir pour ce petit pays, mais si tel est le cas, leur tactique d’occupation permanente du terrain n’est pas à remettre en cause. Chaque semaine charrie son lot de débarquements divers, dans des domaines aussi éclectiques que le Hard-Synth, le Heavy symphonique, le Thrash ludique ou le mélodique qui tue. Mais 2021 est aussi l’occasion de redécouvrir l’un des soldats les plus héroïques de l’armada suédoise des années 80, puisque après trente-six ans de repos du guerrier, AXEWITCH reprend les armes pour combattre aux côtés de la nouvelle génération.
Pour ceux ayant sauté une classe dans les années 80, AXEWITCH incarnait l’un des espoirs les plus fiables de la scène Heavy scandinave, et peut aujourd’hui se targuer d’une discographie conséquente. Fondée à l’orée des années 80, le combo de Linköping a lâché coup sur coup à un an d’intervalle trois longue-durée de fortune et qualités diverses, avec en entame The Lord of Flies (1983), Visions of the Past (1984) et le plus connu Hooked on High Heels (1985), celui-là même qui me les fit connaître. Las, divers problèmes et divergences ont tiré le groupe vers le bas de l’oubli, malgré des tournées fructueuses et une énergie de tous les diables. Et c’est donc avec un plaisir certain que nous les retrouvons aujourd’hui, toujours aussi musclés et décidés malgré les longues années les séparant de leur âge d’or.
Mais cet âge d’or justement pourrait redémarrer, et même briller plus que jamais. Constitué aux quatre-cinquièmes d’un line-up d’époque, avec toujours en avant-plan les deux guitaristes Magnus Jarl et Mikael Johansson, le chanteur Anders Wallentoft et le batteur Mats Johansson, AXEWITCH peut également compter sur le fidèle bassiste Björn "Berta" Hernborg, intégré depuis 2012, mais surtout, sur un nouveau répertoire qui se montre largement compétitif. L’atout majeur du groupe est qu’il peut se permettre de sonner old-school sans paraître opportuniste. Avec une carrière largement ancrée dans les eighties, Out of the Ashes into the Fire - et son titre assez révélateur de son état d’esprit - dame le pion à cette nouvelle génération apprenant sur le tard, et se contentant souvent de reproduire les recettes et gimmicks de l’époque.
Ces recettes, les suédois les ont largement développées de leur côté, parvenant souvent à associer Heavy héroïque, Hard mélodique et Rock dynamique, et cet équilibre est toujours stable et intact trois décennies ou plus après l’émergence du quintet. Autant dire les choses comme elles sont, ce quatrième album qui n’était plus attendu par les fans depuis longtemps est une véritable révélation, et l’assise définitive de la suprématie scandinave sur le monde du Metal. Loin d’une réunion de vieux briscards revenus humer l’air nostalgique de la mode, Out of the Ashes into the Fire sonne frais, neuf, mais tout sauf ridicule dans une éventuelle tentative de rhabiller le groupe. Retrouvant son inspiration née des géants des années 70, AXEWITCH déroule le tapis rouge d’un boogie incandescent (« Boogie Of Death »), mais nous incendie aussi de ses hymnes purement Heavy, qui rallument le feu de la foi des années 80. Ainsi, l’ouverture de « The Pusher » explose d’une gerbe de riffs que sublime un solo homérique, avant que la machine up-tempo ne se mette en branle. L’envie, l’énergie, la pulsion originelle, tous les ingrédients sont là pour faire de ce comeback une réussite totale, et on adhère totalement au propos, et immédiatement. Le son est moderne, mais garde les stigmates d’une expérience passée, ne gonflant pas trop la rythmique pour sombrer dans le jeunisme. Le chant d’Anders Wallentoft n’a rien perdu de sa fermeté avec l’âge, et le frontman honore son rang de lignes hargneuses et mélodiques. Le tandem de guitaristes s’en donne à cœur vraiment joie, et riffe dru et velu, conférant à cette entame d’album la férocité dont elle avait impérativement besoin.
Out of the Ashes into the Fire n’a donc rien d’un phœnix honorifique renaissant de ces cendres éparses. On pouvait craindre de cette réunion qu’elle ne se repose que sur des poncifs éculés, hors, c’est un Metal hors du temps et superbement classique que le quintet suédois nous propose. Même les moments les plus plombés ne font pas appel à la facilité d’un démarquage du SAB ou de DIO, et « In Pitch Black Darkness » de délivrer un message d’ambition et de magnificence. Efficace, créatif dans le respect des codes, ce quatrième album fait méchamment honneur au blason d’AXEWITCH qui a retrouvé tout le tranchant de sa hache pour éviter une chasse aux sorcières rétrogrades.
Chaque titre est un classique en puissance, avec ces nappes de chœurs bien mixées, ces parties de guitares agressives mais souples, et cette envie d’en découdre avec tous les représentants de la nouvelle caste royale suédoise.
Ainsi, le très ACCEPT « Dues To Pay » en impose de sa lourdeur, tandis que le mid tempo « Let Sleeping Dogs Lie » nous rappelle la légèreté d’un groupe versatile. Tous les éléments du Hard n’Heavy de l’époque sont passés en revue, mais remis au goût du jour grâce à une interprétation joyeuse et une production sans failles. Le côté saignant est merveilleusement exploité, avec un « Losing You » nerveux en diable, ou ce « Going Down », plus plombé qu’une crise de virilité de METALLICA.
AXEWITCH se permet même de relooker deux anciens tubes, avec des nouvelles versions de « Nightmare » et de l’hymne éternel « Axewitch », qui rappellent pour la bonne bouche que le quintet était là bien avant beaucoup d‘autres. Une renaissance qui marque une nouvelle étape pour le groupe, prêt à reprendre les armes pur combattre aux côtés de ses alliés les plus jeunes. Un véritable bain de jouvence, et un juste retour des choses pour l’un des contributeurs les plus importants à l’exportation armée scandinave des années 80.
No surrender !
Titres de l’album:
01. The Pusher
02. In Pitch Black Darkness
03. Dues To Pay
04. Let Sleeping Dogs Lie
05. Boogie Of Death
06. Losing You
07. Going Down
08. The Healer
09. Lie To Me
10. Violator
11. Nightmare (Bonus track)
12. Axewitch (Bonus track)
Superbe ce papier avec un chroniqueur qui, ça se sent, a vécu l'époque Roadrunner et sa superbe compilation (a la non moins superbe pochette) Stars on Thrash.Achat obligatoire.P.S : Euh moi une ex m'appelle pour prendre de mes nouvelles et me proposer (...)
19/03/2024, 12:13
Très cool de découvrir ce groupe ! La présentation est plus fluide mais il faudrait laisser la place à un extrait à mon avis et ça permettrait de mieux rythmer la vidéo.
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Perplexe également.Dehydrated et Out of the Body (Out, pas Ovt sans déconner ! C'est quoi leur manie de remplacer les U par des V ?) sans Martin Van Drunen, j'ai même pas assez de curiosité pour écouter ce que ça peut donner.
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Tant mieux pour ceux qui aiment moi ils me font chier avec cette fétichisation du metal old school.
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J'aime bien le principe de réenregistrer des classiques pour voir ce que ca donne avec un son actuel. Le problème est double ici : réenregistrer des morceaux récents n'a que peu d'intérêt, et surtout en me basant sur le titre mis en é(...)
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16/03/2024, 11:55
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groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom. FOUR
13/03/2024, 06:17
Commande faite direct au label.Hâte d'écouter les nouvelles versions de The Song of Red Sonja ou The Thing in the Crypt.Meilleure nouvelle de la semaine,Merci pour la chronique en plus hyper favorable
11/03/2024, 15:32
Terrible.Déjà que le EP envoyait sévère dans la veine Wotan, early Blind Guardian ou Manowar, voici l'album !Achat obligatoire
11/03/2024, 14:55
toujours pas de Phobia à l'affiche.... j'y ai cru pour les 25 ans et tout ...
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