Les suédois n’envisagent jamais les choses comme les autres. Musicalement parlant, quand ils jouent du Death, ça donne la première vague HM-2 qui aujourd’hui encore fait référence de sa froideur. Quand ils s’adonnent aux joies du Punk et du Hardcore, ça accouche de REFUSED et BREACH. Lorsqu’ils se penchent avec nostalgie sur les années 80, ils nous envahissent avec NIGHT FLIGHT ORCHESTRA. Et si d’aventure, ils se prennent de passion pour le sombre, le glauque et le flippant, ils nous hantent avec TERRA TENEBROSA. C’est ainsi qu’on a appris à les regarder d’un air bizarre, un peu de biais, pour tenter de comprendre leur mode de pensée si particulier. C’est comme si un air différent flottait sur Stockholm et les villes environnantes, contaminant les organismes, ou qu’une bactérie d’origine extraterrestre en remplaçait les habitants par des aliens appréhendant la musique avec leur propre sensibilité venue d’ailleurs. Quoiqu’il en soit, ce peuple à part souhaite le rester, et l’apparition sur la scène d’un groupe national est toujours un évènement en soi, tout du moins un espoir tangible d’écouter quelque chose de vraiment novateur, culotté, et inédit. C’est sans doute pour ça qu’en apprenant la sortie du premier album des LOWEST CREATURE, je n’ai pas hésité une seconde, spécialement en prenant note du style pratiqué. Pensez-donc, des swedes qui se targuent de jouer du Thrash/Crossover, ou bien du Thrash/Hardcore, ça allèche les babines, surtout quand on connaît l’aptitude des musiciens locaux à tout traduire dans leur idiome. Et au vu de la production pléthorique du genre, il est toujours bon de constater que des musiciens se refusent à piller les plus grandes références, pour briser des schémas un peu trop établis et y mettre leur grain de sable qui grippe les rouages.
Nous en venant d’Örebro, LOWEST CREATURE est en effet une assemblée de drôles de créatures, qui revendiquent leur background, mais qui ne peuvent s’empêcher de le travestir à leur convenance. S’adressant selon leur bio aux fans d’INTEGRITY et IRON AGE, ces cinq instrumentistes venus du froid (PhillipX - basse, Julius - batterie, Viktor & Philip - guitares et Toby - chant) n’hésitent pas à emprunter à EXODUS sa science imparable du riff circulaire qui tue, à ANTHRAX son don particulier pour les saccades enlevées, mais aussi à puiser dans le répertoire national de quoi alimenter leur singularité, qui se manifeste au travers d’une ambiance très spéciale, aussi débridée que confinée. Formé en 2013, le groupe a patienté avant de formaliser ses vues en longue-durée, et a d’abord privilégié des formats plus condensés. Une démo en 2014 (Certain Pain), un EP en 2016 (Ride Through the Battlefield), puis un autre en 2018 (Misery Unfolds), avant de lâcher ce premier LP d’abord à compte d’auteur, puis via les services du label germain Isolation Rec en version physique ultra limitée. Diffusion intimiste donc pour un quintet qui ose pourtant s’éloigner des sentiers battus, et proposer autre chose qu’un succédané de classiques instantané, sans pour autant renier les fondamentaux. Enregistré au Ljudkross Studio à Umeå, Sacrilegious Pain a bénéficié des bons soins de la légende Joel Grind (TOXIC HOLOCAUST et l’équivalent de Brad Boatright pour les thrasheurs), et dispense un Thrash à forts relents Hardcore qui tend vers le Crossover des années de Venice et de la Californie, mais qui ose justement aller un peu plus loin que la bête citation de D.R.I ou de SUICIDAL TENDENCIES (même si on en trouve des traces patentes dans les mélodies à la Rocky de « Blodets Meridian »).
Du culot donc, et une réelle volonté d’affirmer une identité, à tel point qu’on a parfois l’agréable sensation que le groupe est capable de faire évoluer le genre. Avec cette production massive mais légèrement asphyxiée, ce sens de l’emphase Heavy qui contrebalance des pulsions purement Thrash, et un art consommé de gonfler les riffs pour les rendre plus efficients, les LOWEST CREATURE se démarquent et marquent, des points et les esprits, et ce dès l’ouverture cavalante de « Preachers Pedestal ». Musique compacte mais épaisse, aux strates empilées, à tel point qu’on a parfois le sentiment que la scène D-beat locale s’est convertie aux joies du pogo made in California, ou que les DISCHARGE se sont reformés avec des ex-DBC. En quelques minutes, les différences sont prononcées, malgré une tradition respectée en termes de rythmes hachés et syncopés, mais entre le chant terriblement grave et atypique de Toby et des chœurs que la scène NYHC aurait adoubés, le résultat est en tout point compétitif, et surtout, authentique. Privilégiant la plupart du temps des mid et low tempi qui leur vont comme des casquettes, les suédois ne cherchent pas la violence à tout prix, mais bien l’efficacité, ce que prouve de son déhanché gluant « Sacrilegious Pain ». Suggérant une mémoire remontant jusqu’aux miraculeux LEEWAY, le quintet dispose d’armes de destruction massive, mais une destruction propre qui ne laisse qu’un champ de ruines aplani. On aime cette façon de bousculer l’auditeur sans le prendre pour un idiot, cette tendance à toujours trouver le plan fatal sans piquer aux copains, et surtout, cette sensation d’oppression cathartique qui se dégage d’un LP qui a déjà tout compris et qui se refuse d’appliquer des recettes trop usées.
Le beat plombé et appuyé pourra sans doute frustrer les amateurs de grande vitesse, mais cet album ne s’adressant pas à eux, nous les laisseront de côté. Non, ce disque a été pensé pour séduire les plus Hardcore des amateurs de Metal, sans tomber dans le piège vulgarisant du Metallic Hardcore, et « Reapers Fool » de se présenter comme l’un des trucs les plus virils et burnés de ces dix dernières et nostalgiques années. En moins de quarante minutes, le groupe ne s’est pas laissé le temps de traîner, et vise fort et juste, déclenchant parfois la tempête au milieu du chaos (« Let the Darkness Swallow Me Whole », les MADBALL après un stage de Crust/Thrash en Suède), annonçant un relâchement de contrôle sur la fin du LP. La cadence augmente et reste bloquée dans le rouge dès cet interlude, et les derniers titres de relâcher une saine colère, formalisée d’une voix revancharde et vraiment hargneuse, baignant dans un écho menaçant (« Spiritual Hypocrisy »), ou de boucles de haine qui tournoient comme des vautours avant d’achever leur proie (« Grave Digging »). Et plus qu’un simple témoignage nostalgique, ce premier LP des LOWEST CREATURE pourrait incarner le renouveau d’une scène old-school qui tourne en rond depuis longtemps, les suédois ayant peut-être trouvé la solution pour l’extirper de son marasme créatif. Putain de suédois. Vous n’êtes vraiment pas comme les autres, mais on vous adore pour ça.
Titres de l’album :
1.Preachers Pedestal
2.Sacrilegious Pain
3.Reapers Fool
4.Breach of Peace
5.Let the Darkness Swallow Me Whole
6.Blodets Meridian
7.Suffer in Peace
8.Spiritual Hypocrisy
9.Grave Digging
10.Dragging This Chain
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31
Je suis partagé. Je ne vais plus au Hellfest qui est devenu trop cher pour moi, et beaucoup trop peuplé. Pour autant, même si Muse ou Shaka Ponk suscitent le débat, ce n'est pas non plus archi-scandaleux. Les premiers ont toujours eu d'assez grosses guitares d(...)
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Je crois qu'il faut accepter que la scène Metal (extrême en particulier) va redevenir underground et invisible pour le profane (et c'est pas pour me déplaire). Le reste - vieux dinosaures des années 80 et jeunes groupes prêt à tout pour quelques l(...)
09/07/2025, 15:34
"la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises"En même temps quand on voit ce que propose les "jeunes" groupes faut pas s'étonner que les gens qui cherchent un peu de qual(...)
09/07/2025, 15:26
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
09/07/2025, 13:52
Bonjour, moi je serais dans les premiers à réclamer plus de femmes sur scène, et éventuellement plus de diversité ethnique, mais je préfère largement un festival du type Fall of Summer, au Hellfest, et ce depuis 2015....
09/07/2025, 13:52
News à mettre en regard de celle sur le dernier concert de Black Sabbath, nous assistons à l'agonie d'une certaine idée de la scène metal, celle qui arrivait à faire consensus autour d'une musique de qualité et qui avait du succès. F(...)
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"Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis?" bah ça n'a plus rien de choquant aujourd'hui. Barbaud parle de Placebo en tête d'affiche donc bon... Va falloir s'y faire, les fans de Metal ne sont plus du tout le public vis&eacut(...)
09/07/2025, 12:20
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09/07/2025, 10:30
Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ?
09/07/2025, 10:13
@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
09/07/2025, 06:45
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44
Les bénéfices du concert était entièrement reversés à une œuvre caritative. Aucun des groupes présents n'a palpé pour leur concert (en même temps c'était 20 minutes de live par groupe...). Après ça (...)
08/07/2025, 22:42
@SalmigondisJe sais pas si tu veux quelque chose qui fait plus l'unanimité j'ai vu Morbid Angel au bout et c'était de la merde, une prestation robotique au possible, j'ai pris plus de plaisirs sur des trucs plus locaux à la con. Il faut savoir tourn(...)
08/07/2025, 22:28
Mais quelle bande de clodos...tout le monde se branle du batteur sans déconner. Se faire du fric de cette manière c'est franchement pathétique. Massacra est mort et enterré...qu'il le reste pour conserver son statut CULTE. Honte &agrav(...)
08/07/2025, 21:54