Common Sense

Chemicide

15/03/2022

Autoproduction

Le sens commun.

Moi je veux bien l’avoir, mais il reviendrait à admettre que la nouvelle vague de Thrash old-school ne fait que répéter en moins bien ce qui a déjà été hurlé par les anciens. De fait, il reviendrait aussi à occulter cette masse de sorties qui balbutient leurs monologues shakespeariens, le crane dans la main, à grands coups de « thrasher ou ne pas thrasher, telle est la question… ». Alors, thrasher, Ok, mais le faire avec un minimum de panache et de foi sous peine de passer pour de pauvre doublures cheap d’un cirque pas franchement drôle.

Mais les CHEMICIDE font heureusement partie de cette famille de thrasheurs venus d’ailleurs, et qui taillent leur route sans se poser de question, mais en agrémentant leur musique de quelques fioritures maison. C’est la troisième fois que je me confronte à leur univers fluo, à leurs pochettes sublimes et à leur entrain Thrash aussi sud-américain que germain. Et le plaisir est toujours aussi intense.

Non que ce quatuor d’enragés (Palo - basse/chant, Sebastian - guitare, Frankie - guitare/chant et Luis Fer - batterie, depuis 2021) soit le plus inventif de sa génération, mais c’est l’un des plus efficaces. Les morceaux proposés par les costariciens sont toujours aussi denses et subtilement fous, et cette rythmique soutenue convient toujours aussi bien à cette pluie de riffs qui s‘abat comme des gouttes d’acide de batterie sur une tête déjà méchamment endommagée par les années. Et seulement trois ans après le déjà miraculeux Inequality qui soulignait déjà l’inégalité des forces entre le Costa-Rica et les autres pays portés sur la nostalgie, Common Sense vient remettre les pendules à l’heure d’un Metal franc du collier, rapide, précis, et lapidaire, comme un coup de scalpel porté à la mémoire.

Ce sens commun est donc évident : on admet que tout a été dit, mais on le répète plus fort, plus vite, et avec encore plus de folie. A ce titre, « Self-Destruct » est l’intro rêvée pour ce genre d’album qui ne fait pas grand mystère de son envie de tout détruire sur son passage. Immédiatement, le son choque, la basse claque, les guitares tranchent dans le vif, et le chant se place aux avant-postes pour déglutir son message. Toujours à la frontière du Thrashcore et du Crossover, CHEMICIDE rappelle encore une fois les géniaux ASSASSIN allemands, qui pratiquaient la même technique sur leur séminal Interstellar Experience. Tous les compteurs à fond, la rage en étendard, et aucune pitié pour les oreilles les plus fragiles. Bien loin des concessions mélodiques et progressives de bon nombre de leurs contemporains, les costariciens jouent l’efficacité à outrance, et décoiffent les thrasheurs en se reposant sur une technique éprouvée, et un sens de la composition efficace inné.

Mais loin de simples équarrisseurs en mal de bidoche, les CHEMICIDE savent aussi se montrer précis et mélodiques sur quelques breaks destinés à relancer la machine encore plus loin dans les tours. Et si quelques concessions Heavy sont admises en tant que variations (« Lunar Eternity »), les BPM reprennent vite leurs droits inaliénables pour rendre cette java encore plus dingue, via quelques titres viscéraux et entêtants.

Dès lors, entre le tourbillon de « Common Sense », composé d’une bonne poignée de plans différents, et la cascade « False Democracy », propre à avaler dans ses cercles concentriques toute la vague allemande des années 80, le tracklisting ne fait pas dans la dentelle, et aspire dans un vortex le reste de la production qui semble tout à coup très faible et édulcorée. A la manière d’une catastrophe naturelle en mode typhon suivi d’inondations monstres, Common Sense rase à blanc, laisse quelques accalmies fonder de faux espoirs de sortie (« Color Blind », le truc le plus efficace depuis GAMA BOMB et même depuis « Toxic Waltz » en étant subjectif et enthousiaste), mais maintient la pression pour que la population ne se fasse pas d’illusions : la fin du monde est bien là, et sa bande-son est à la hauteur de ses dégâts irréparables.

On constate, on encaisse, et jamais on ne se lasse de ces interventions fumasses qui font monter l’adrénaline au point d’avoir le cran de défier un taureau en rut en duel avec une paille. L’image est cocasse, mais ce quatrième album est aussi traumatisant qu’un rodéo qui tourne mal, avec des cornes solidement enfoncées dans le cul.  

CHEMICIDE refuse donc tout compromis, se montre toujours aussi dangereux, et signe sans doute l’album le plus intense de sa carrière. Alors, le fluo c’est joli, mais le Thrash toxique c’est dangereux pour la santé, et heureusement d’ailleurs. On ne va pas se mettre à bouffer du quinoa et à se coucher sobre à vingt-deux heures pour vivre plus longtemps.

Pour quoi faire d’ailleurs ?

 

 

Titres de l’album :                                              

01. Self-Destruct

02. Lunar Eternity

03. Common Sense

04. Barred Existence

05. False Democracy

06. Color Blind

07. Strike As One

08. Disposable


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par mortne2001 le 07/04/2022 à 15:23
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