Deux musiciens brésiliens, dont un arborant une très seyante moustache et l’autre une coiffure frisottée du plus bel effet, tout ça sent l’arnaque Synth-Pop à plein nez, ou le piège Dance. Mais il n’en est rien, puisque le duo CREATURES est tombé dans le chaudron du Hard-Rock des années 80, celui qui bouillonnait d’une mixture SCORPIONS, JUDAS PRIEST, IRON MAIDEN, KIX, RATT et autres héros de cette décennie chamarrée. Membres de l’écurie polonaise Iron Oxide Records, très portée sur les pur-sang nostalgiques, CREATURES arbore une fois de plus casaque old-school, et nous offre avec son premier album une course contre le temps, menée à vive allure. Pour autant, pas question ici de violence sud-américaine, mais bien de melting-pot européen, et à l‘écoute de ce premier éponyme, on se demande si le jockey NIGHT FLIGHT ORCHESTRA n’a pas fait un détour un beau jour à Paraná pour débourrer le poulain en question.
CREATURES est donc l’association de deux créatures au physique immédiatement identifiable. Mateus Cantaleäno à la guitare, et Roberto "Bob" Scienza au chant, évidemment entourés pour que le projet puisse prendre corps autrement que par une association guitare/voix. Ainsi, on retrouve sur ce premier longue-durée des participations diverses, dont celles d’Aly Fioren à la basse, la batterie, les claviers et même un petit solo de guitare en passant, de Luke Couto aux claviers itou, ainsi qu’un autre solo lâché gracieusement par Igor Senna. Aly Fioren, outre son statut de multi-instrumentiste s’est chargé de l’enregistrement et du mixage au Funds House Studio, travaillant à quatre mains en compagnie de Mateus Cantaleäno pour assurer la production. Bart Gabriel s’est quant à lui occupé de la mastérisation, et tous ces acteurs ont fait de Creatures, l’album, une réussite haute en couleurs et aux néons prononcés sur la pochette signée Jean Antunes.
Une solide équipe donc, pour un album court, qui frappe fort et vite, et qui laisse une impression durable et agréable. CREATURES fait donc partie de ce courant de pensée musical qui consiste à placer sur un piédestal les idoles d’hier, en continuant de les honorer aujourd’hui. Il est toutefois difficile de leur rattacher des influences bien précises, tant l’ambiance générale de cet album cherche à couvrir la première partie créative des années 80, entre riffs francs et solides, et rythmique légère encore plus allégée par l’utilisation de mélodies très prononcées. Entre Heavy Glam et Hard synthétique, Creatures se veut donc old-school, louchant sur la Suède et ses représentants les plus capés, tout en ayant très bien retenu les leçons allemande et américaine en la matière.
Entre Hard agressif mais séduisant, et Heavy à la DOKKEN (« Nothing Lasts Forever »), déviations à la SCORPIONS/OZZY (« Children of the Moon »), et des choses un tantinet plus personnelles, CREATURES prouve qu’il a bien assimilé la méthode old-school, nous servant sur un plateau d’argent et de paillettes un sacré plat de tubes et autres hymnes à reprendre en chœur.
Immédiatement, on est saisi par le professionnalisme d’une production très effective. Le son est ample, souple, les guitares aiguisées, et le chant délicatement sous-mixé pour garder cette patine vintage. Le travail effectuée en termes de composition est remarquable, chaque morceau charriant son lot de gimmicks identifiables, et de refrains qui s’incrustent dans la tête. Entre agressivité souple et rigueur modulée, CREATURES prouve que la Suède n’est pas l’unique dépositaire du legs eighties, et si les claviers occupent une place prépondérante dans le travail collectif, ce sont bien les guitares et le chant qui dominent les débats. Roberto et Mateus ne se sont donc pas laissé bouffer par les intervenants extérieurs, et tentent même des choses délicates et folkloriques, comme en témoigne le final acoustique cristallin de « Nothing Lasts Forever »
Avec seulement trente-cinq minutes de métrage, le duo savait qu’il ne fallait pas se perdre en route. C’est ainsi que l’album se montre sous un jour solide, franchement viril parfois lorsque les riffs se tapent le duel avec un binaire appuyé (« A Knife into My Heart »), et si les lignes de basse, les soli, les breaks, les saccades, les enchaînements fleurent bon l’explosion Hard n’Heavy de la période 84/85, le tout est largement assez bien agencé pour qu’on se croit catapulté dans le temps, en pleine adolescence boutonneuse aux envies turgescentes.
L’homérique et belliqueux « End of the Line » accélère le tempo pour gagner du temps, et rappelle les instrumentaux les plus agressifs du MAIDEN de début de carrière, tout comme la hargne allemande de et Klaus, et on pense même parfois à un LOUDNESS délocalisé sur le tard au Brésil en écoutant le très médium et posé « Lightning in My Eyes ».
Rien de révolutionnaire, mais du savoir-faire, une application qui laisse admiratif, quelques arrangements très travaillés, et un final gargantuesque de niaque qui cavale enfin sur un tempo échevelé très apprécié par les combos Heavy d’il y a trente ou quarante ans (« Satan's Finest »).
Belle réussite donc pour l’homme à la fière moustache et son ami frisé comme un bichon, qui prouvent qu’on peut accomplir à deux le travail d’un groupe entier. Certes, la nostalgie est toujours un exutoire facile, mais lorsqu’elle aboutit à un album d’une telle qualité, on est tenté de fermer les yeux sur les convenances excessives.
Titres de l’album:
01. Children of the Moon
02. Heart Attack
03. Dressed to Die
04. Nothing Lasts Forever
05. A Knife into My Heart
06. End of the Line
07. Lightning in My Eyes
08. Satan's Finest
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19