Projet international aux nombreuses périodes de hiatus, BIZARREKULT a d’abord hanté la Russie avant de se relocaliser en Norvège. Ce culte étrange n’a toutefois pas éclairci ses opinions, et reste une énigme sur la scène Black Metal internationale, à tel point que les spécialistes se demandent encore s’il faut y rattacher le projet. Ainsi, Adv (batterie), Bizarre (guitare/basse/chant), D (chant) et Ignat Pomazkov (guitare) reviennent par la grande porte, deux ans seulement après leur premier album Vi Overlevde, pour sinuer entre les courants et perdre dans un dédale de plans leurs fans les plus acharnés.
Den Tapte Krigen, malgré sa brièveté (quarante minutes et des titres entre quatre et six minutes, loin des standards du créneau) fourmille d’idées toutes plus pertinentes et étranges les unes que les autres. Si la base de réflexion est toujours âpre et violente, les idées exprimées en filigrane répondent à des besoins d’ouverture, et offrent une relecture des canons Post Black avec beaucoup de pertinence.
Alors, entre Black formel et Post Black libre, BIZARREKULT ne choisit pas, et offre une alternance bienvenue de vélocité et d’oppression. Bien loin des errances parfois fatigantes du Post, ce second longue-durée reste concentré et pertinent, et surtout, passionnant. Ainsi, en découvrant le fulgurant « Kongen », on tombe sous le charme vénéneux d’un Metal extrême sentencieux et martial, propulsé par une guitare volubile et un chant versatile. Entre volutes évanescentes et injonctions effrayantes, BIZARREKULT souffle le brûlant et le glacé, nous prend constamment à contrepied, sans se vouloir plus original qu’il n’est.
En découle un album fascinant, intrigant, délicieusement occulte, raisonnablement agressif, mais terriblement fertile. Soutenu par une production claire et précise, qui montre la batterie sous un jour flatteur, Den Tapte Krigen rampe, s’insinue sous la peau, court, se terre, avant d’exploser d’une rage incontrôlable, manifestant un désir certain de bousculer l’ordre des choses afin d’y trouver sa place.
Approchant très près d’une perfection de création, le quatuor cosmopolite s’accorde autour d’un Metal très charnu, épais, conséquent, au caractère farouche, et à la personnalité complexe, exigeant dès lors une attention particulière. Ainsi, « Den Tapte Krigen », title-track noble et emphatique mélange les époques et les influences pour se poser comme postulat quasi définitif d’une scène Post Black toujours aux abois, et ouverte comme un cœur aride s’éveillant à la vie.
Notez que ce produit n’est pas destiné à la consommation de masse, rapide et trop superficielle. Les morceaux ont été composés avec passion, et répondent à des exigences de précision et de douleur exponentielle. Il faut une santé de fer pour encaisser le choc énorme produit par « Hvis Jeg Bare Kunne… », gros morceau de l’album judicieusement placé dans le bas ventre, pour éviter le dégonflement de baudruche mal gonflée. Ce titre aux contours militaires est certainement ce qui se fait de mieux actuellement en termes de brutalité vicieuse et sournoise, et les harmonies tournantes ajoutent à la mystique d’une optique de métissage qui ne sacrifie nullement à la puissance.
Puissance et clairvoyance. Tels sont les deux termes les plus adéquats pour définir ce disque étrange, assumant sa vilénie et son ancrage passéiste tout en proposant de nouvelles pistes pour l’avenir. Touche à tout, versatile, changeant d’humeur comme de linceul, BIZARREKULT ose même l’efficacité redondante en lâchant un gigantesque « Midt I Stormen », au teint Rock, mais à la conscience en idées viciées.
Inutile d’essayer de recenser toutes les inspirations possibles pour accoucher d’une telle œuvre. Il est évident que le collectif s’est reposé sur sa culture musicale pour repousser ses propres limites, qui semblent si lointaines qu’elles en deviennent inatteignables. Pas suffisamment élitiste pour être considéré comme avant-gardiste, mais largement assez culotté pour rejoindre les rangs de l’avant-garde, BIZARREKULT affirme son indépendance, tout en louchant sur l’héritage le plus ténébreux du BM des années 90/2000 (« Kjære Barn », oppressant, maladif et suant de fièvre noire).
Utilisant toutes les astuces, combines et autres tours de passe-passe pour échapper à la routine d’un Post Black trop éthéré et complaisant, BIZARREKULT joue sur l’opposition entre franchise et errance, mais livre une prestation sombre et moite, à l’image sonore d’un terrifiant « Løslatt », que l’IMMORTAL le plus Heavy aurait pu imaginer.
Guitares en son clair, rythmique en mode furtif, chant mélodique lointain, tout est en place, et le professionnalisme marque au moins autant que le mystère qui entoure ce projet. Si l’entame d’album pouvait laisser croire à un cauchemar musical ondulant sous l’inconscient d’un Post Black dramatique et onirique, la suite réserve des attaques beaucoup plus franches, et des idées moins évidentes. « Himmelen er Utilgjengelig » termine donc l’album sous une dernière déclaration nostalgique, et nous laisse imaginer le monde dans lequel évolue le projet sans utiliser de mots.
Entre classicisme et débordements personnels, Den Tapte Krigen est une découverte délicieuse, entre Black frondeur et accrocheur et Post rêveur et manipulateur. De quoi occuper vos nuits en pensant à un avenir de plus en plus incertain, qui méritait toutefois une adaptation musicale adéquate.
Titres de l’album :
01. Du Lovet Meg
02. Kongen
03. Den Tapte Krigen
04. Hvis Jeg Bare Kunne…
05. Midt I Stormen
06. Kjære Barn
07. Løslatt
08. Himmelen er Utilgjengelig
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31
Je suis partagé. Je ne vais plus au Hellfest qui est devenu trop cher pour moi, et beaucoup trop peuplé. Pour autant, même si Muse ou Shaka Ponk suscitent le débat, ce n'est pas non plus archi-scandaleux. Les premiers ont toujours eu d'assez grosses guitares d(...)
09/07/2025, 18:22
Je crois qu'il faut accepter que la scène Metal (extrême en particulier) va redevenir underground et invisible pour le profane (et c'est pas pour me déplaire). Le reste - vieux dinosaures des années 80 et jeunes groupes prêt à tout pour quelques l(...)
09/07/2025, 15:34
"la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises"En même temps quand on voit ce que propose les "jeunes" groupes faut pas s'étonner que les gens qui cherchent un peu de qual(...)
09/07/2025, 15:26
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
09/07/2025, 13:52
Bonjour, moi je serais dans les premiers à réclamer plus de femmes sur scène, et éventuellement plus de diversité ethnique, mais je préfère largement un festival du type Fall of Summer, au Hellfest, et ce depuis 2015....
09/07/2025, 13:52
News à mettre en regard de celle sur le dernier concert de Black Sabbath, nous assistons à l'agonie d'une certaine idée de la scène metal, celle qui arrivait à faire consensus autour d'une musique de qualité et qui avait du succès. F(...)
09/07/2025, 13:16
"Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis?" bah ça n'a plus rien de choquant aujourd'hui. Barbaud parle de Placebo en tête d'affiche donc bon... Va falloir s'y faire, les fans de Metal ne sont plus du tout le public vis&eacut(...)
09/07/2025, 12:20
Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"
09/07/2025, 10:30
Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ?
09/07/2025, 10:13
@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
09/07/2025, 06:45
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12