Diabolical Empathy

Drakkar

29/09/2017

Dooweet Agency, Spinal Records

A l’heure où la série Vikings a déjà fait des millions de victimes accros de par le monde, il paraîtrait normal que le DRAKKAR belge profite du raz-de-marée de ces guerriers hirsutes, chevelus, poilus et débordant de testostérone, débarquant sur les côtes l’écume à la barbe et le glaive fier. Mais le plat pays n’est pas forcément le décor le plus idoine pour une invasion musicale, à moins de considérer un assaut terrestre…Mais en prenant en compte le fait que la carrière des originaires de Mons a été tout sauf un long fleuve tranquille depuis leurs débuts, le parallèle n’est finalement pas si osé que ça…

Formé en 1982, cette bande de barbares Speed Metal a mis du temps à imposer ses vues sur la suprématie germanique en la matière, et il fallut attendre 1988 et la sortie du mythique X-Rated pour se convaincre du potentiel de Richard Tiborcz, Leni Anderssen et leurs alliés. A l’époque, les fans d’un Metal franc du collier et délicatement mélodisé ne s’y étaient pas trompé, et avaient réservé un accueil digne aux guerriers, qui pourtant ne cachaient en rien leur inspiration HELLOWEEN que n’importe quel pèlerin pouvait détecter sans pouvoir magique aucun. Pardonnez à votre humble serviteur une indifférence polie il y a presque trente ans, puisque ce séminal premier LP ne déclenchait alors chez moi qu’un intérêt modéré face à ces rythmiques volubiles et ces riffs sentant déjà le recyclé.

Mais les années ont fait changer bien des choses, à commencer par un line-up qui a déchanté de lendemains pas vraiment roses, malgré un retour au bercail célébré de Leni, vocaliste des origines assez respecté. Une nouvelle mouture de l’effort d’origine, en 2012, mais surtout un second album, concret cette fois-ci, en 2014, Once upon a Time... in Hell!, qui semblait augurer d’une force de frappe bien plus convaincante.

Trois ans plus tard, les belges, toujours hébergés par la chaumière nationale Spinal Records, nous en reviennent encore plus enragés, pour un troisième chapitre assez conceptuel dans les faits, et violent dans la forme. Oublié donc le Speed light d’une jeunesse passée, et bonjour au Power Metal burné et chromé, qui enjolive des compositions parfois alambiquées, mais sévèrement plus consistantes qu’un simple catalogue de figures imposées. Désormais épaulés dans nos contrées par les services compris de Dooweet, DRAKKAR peut donc compter sur un soutien promotionnel sans faille pour nous agresser de son Diabolical Empathy, qui effectivement, fait preuve d’une ouverture sur le monde assez possédée, et qui risque de convertir les réfractaires les plus acharnés. Empathie diabolique, mais qu’est-ce que c’est ? Selon la courte bio, « un voyage incroyable à travers le cerveau de Jeffrey Dahmer, les stigmates de Padre Pio, dans les couloirs du manoir Rose Hall avec l'entité d'Annie Palmer. ». Scénario alléchant et mystérieux, qui pose donc la question suivante :

« Qui sait vraiment ce qui s’est passe entre Christ et sa Sainte Mère après la croix ? ».

Voyage initiatique donc, pour un conte plus sombre et modulé que d’ordinaire, et une accumulation de treize pistes qui se proposent de vous guider à travers cette énigme. Première constatation, un son. Enorme, large, profond, avec une rythmique qui tonne au travers des sillons, et des guitares qui font saigner les boomers tout du long. Le chant de Leni, qui a gagné en gravité, s’accorde très bien d’une tonalité générale aussi emprunte des effluves saccadés d’ANNIHILATOR que de la persuasion féroce et harmonique d’un JUDAS PRIEST, le tout dégageant même un parfum ICED EARTH très prononcé d’intonations MERCYFUL FATE à peine avouées. Et en parlant d’aveu, gageons que l’énumération de ces quelques noms a de quoi faire monter la pression. Et c’est exactement la mission acceptée par Diabolical Empathy, qui ne cherche qu’à vous faire vibrer avec une dose de Metal calibrée, relevée par une couche de glaçage Metal…accentuée.

Du costaud donc, mais pas que, et surtout, pas bêtement bourrin et cliché du soir au matin. On sent que le groupe n’est pas né de la dernière pluie, et sans se reposer sur ses acquis ni verser dans un opportunisme de jeunisme, accorde ses guitares aux violons pour effectuer la transition, et surtout, se montrer à la hauteur de sa propre légende tout en continuant le travail entrepris sur le LP précédent. On retrouve donc la même pugnacité, et cette abnégation qui consiste à refuser les plans les plus fluets sans tomber dans l’exagération d’un Power trop bidon pour être bon.

Alors on speede, on harmonise, on grogne, on vocalise, et lorsque l’équilibre est parfait, ça donne quelques suées (« The Witches Dance », avec toutefois un refrain un peu trop germain pour être honnête des deux mains). L’ouverture est évidemment tonitruante, lourde, un peu noire sur les côtés, mais bien compressée pour ne pas trop tarauder (« Rose Hall Great House »).

Morceaux qui ne s’étirent pas inutilement en longueur, arpèges qui apportent un peu de douceur (« Stay With Me », power-ballad aux accents Folk, délicieuse et majestueuse), mid tempo d’acier qui courbe l’échine sous des tranches de riffs finement coupés (« Lucifero Moderno »), choix cornéliens sur fond de tempête staccato sous les pins (« Plague Or Cholera », le DRAKKAR des eighties est définitivement honni, dès lors que la référence KILLSWITCH ENGAGE s’en trouve chérie), pulsations Speed/Thrash que Kai Hansen saurait approuver d’un pitch de voix échevelé (« The Endless Way »), le bilan est serré, et les victimes se comptent par milliers.

Album d’une construction assez étrange, qui laisse un final pointiller sur les intermèdes les plus recentrés, Diabolical Empathy suit son concept sans s’éloigner de sa thématique, mais n’évite pas quelques erreurs de pratique. Ainsi, l’enchaînement plutôt embourbé entre les Heavy mais réchauffés « The Nine Circles To Hell » et « Evil Below », rappelle le plus lourdaud d’un Metal un peu rétro, de celui que les RUNNING WILD nous refourguaient quand l’inspiration s’était fait la malle un peu tôt. Mais heureusement pour nous, le final lyrique et homérique « Hitchhiking of Pain » nous laisse sur une excellente impression, achevée par un final cinématographique de quelques secondes qui tombe à point nommé pour refermer un livre qu’on écoute avec intérêt (« Opening Towards The End »).

Inutile de tourner autour du pot pour savoir s’il est en or ou en tricot, les DRAKKAR avec ce troisième véritable album ont admirablement bien négocié l’un des virages les plus dangereux d’une carrière largement entamée. Convaincant presque de bout en bout, Diabolical Empathy ne ternit aucunement le blason d’un groupe qui aura essuyé bien des revers, mais qui aura connu aussi bien des triomphes. C’est un disque bien équilibré, conséquent et énervé, qui permettra aux plus virils des fans de Power tout sauf futile de prendre leur pied en s’imaginant conquérants d’un monde trop timoré pour leur épée.

Alors surveillez bien vos plages, au cas où le DRAKKAR y emménage. Lorsque les belges débarqueront sur votre sol, il y a peu de chances que vous en ayez une de leur échapper.

Pliez le genou, ou mourrez !


Titres de l'album:

  1. The Arrival
  2. Rose Hall's Great House
  3. Stigmata
  4. The Witches Dance
  5. Plague Or Cholera
  6. Stay With Me
  7. Lucifero Moderno
  8. The Nine Circles of Hell
  9. Evil Below
  10. The Endless Way
  11. West Allis
  12. Hitchhiking Of Pain
  13. Opening Towards The End

Site officiel


par mortne2001 le 28/09/2017 à 18:22
78 %    1332
Derniers articles

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Benstard

Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy. 

06/07/2025, 21:25

Oliv

C’est toujours parodique ou c’est mieux 

06/07/2025, 19:11

Oliv

Merci Ozzy pour tous 

06/07/2025, 19:10

DPD

Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..

06/07/2025, 14:20

metalrunner

Les chutes de Symbolic

05/07/2025, 08:26

DPD

Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.

05/07/2025, 06:51

DPD

Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)

05/07/2025, 06:47

DL100

Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)

04/07/2025, 07:16

Ivan Grozny

Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !

03/07/2025, 16:57

Ivan Grozny

Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour,  mais pour le moment bof.

03/07/2025, 16:47

Jus de cadavre

Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)

03/07/2025, 12:55

Buck Dancer

Toujours aussi léger !!! 

03/07/2025, 03:25

Simony

Clairement ! Trop de blabla et de remplissage.

02/07/2025, 18:56

Jeff48

Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché,  pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot

02/07/2025, 16:01

Jourdain R.

Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)

02/07/2025, 15:38

vomi d\'anus

@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.

02/07/2025, 12:25

Benstard

La blague. 

02/07/2025, 10:20

Arioch91

@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)

02/07/2025, 08:50

Ultra Pute

@senior boomerdo : va changer ta couche, grand-père

01/07/2025, 20:38

Ultra Pute

ok boomer

01/07/2025, 20:36