Echoes From A Mass

Greenleaf

26/03/2021

Napalm Records

Depuis vingt ans, les suédois de GREENLEAF nous font goûter leur herbe de premier choix qui nous emmène telle Alice dans un pays des merveilles Stoner. Sauf que dans ce monde-là, le proverbial lapin en retard est en plus perpétuellement défoncé, et la reine de cœur totalement obsédée par son labo de meth construit dans les caves de son château. Un conseil, ne buvez pas de thé lorsque vous passez de l’autre côté de leur miroir, votre lucidité pourrait en être éternellement altérée. Revolution Rock était un sacré prologue, mais de cette époque, seul le guitariste Tommi Holappa est encore là en garant du passé, entouré depuis longtemps d’autres musiciens que ses collègues de départ. Ce qui n’a guère empêché le groupe de gravir les échelons de la musique psychédélique et Heavy, au point de proposer de véritables chefs d’œuvre dans lesquels s’immerger totalement. Le dernier en date accusait trois ans d’existence, mais nul n’a pu oublier l’héroïsme de Hear The Rivers et son côté épique en immersion, et il fallait donc au quatuor - en pleine pandémie - frapper très fort pour nous attirer vers un présent pas vraiment séduisant. Et c’est en dix morceaux que le groupe a préparé son opération, dix morceaux classiques, d’excellente facture qui une fois enchaînés, forment une symphonie à la liberté musicale unique.

Arvid Jonsson (chant), Tommi Holappa (guitare), Hans Fröhlich (basse) et Sebastian Olsson (batterie) ont donc repris une recette qui leur est bien connue, entre Space et Stoner Rock, et n’ont pas cette fois-ci franchi de limites. Ils se sont contenté de composer de solides morceaux, qui font honneur à leur passé chargé, et qui se hissent sans effort au-dessus d’une moyenne que le groupe dépasse allègrement et systématiquement. Les fans acquiesceront et dodelineront du chef en découvrant ces nouvelles pistes grasses mais fluides, guidées par des impératifs mais mélodiques et libres, et Echoes From A Mass pourrait même constituer un point d’entrée non négligeable dans la discographie du groupe pour tous les néophytes trop feignants ou stone pour s’enfiler l’histoire cul sec.

Du Blues, de la Fusion quelque part, un déhanché hypnotique, des soli seventies, et la voix douce et posée de Jonsson. La grasse basse ronde et sinueuse de Hans Fröhlich, le jeu percussif en constant mouvement de Sebastian Olsson et tout est déjà dit. « Tides », en ouverture, est un caviar, le genre de but planté après deux minutes de jeu qui donne le ton de la partie. Un peu moins de cinq minutes de facilité hallucinante, avec en exergue, ce chant constamment soutenu par un petit riff mélodique en contrepoint. La méthode est d’usage, largement éprouvée, mais fonctionne toujours. Les plus pointilleux argueront du fait que le groupe se contente de rouler sur du velours, mais après vingt ans et sept albums, le désir de défricher de nouveaux territoires est remplacé par la volonté de bien faire, et de faire ce qu’on sait faire de mieux. Alors, ce huitième chapitre n’offre pas d’avancée majeure, semblera même faire du surplace pour certains connaisseurs, ce qui n’enlève rien à son extrême qualité. Impeccablement produit, juste assez beurre de baratte pour satisfaire les amateurs de cholestérol sain, mais surtout, une performance collective hallucinante d’osmose, et de nouvelles mélodies à se mettre dans les rêves diurnes.     

J’ai immédiatement été happé par le vortex créé par le refrain de « Tides », qui de sa gravité nous tire vers le bas tout en nous faisant une soufflette vers le haut. La surprise vient de la qualité incroyable des chansons, qui prennent leur temps pour imposer leurs ambiances, et par cette interprétation hors-pair, par cette passion qui anime le groupe. J’ai entendu mieux et plus étonnant de la part de GREENLEAF, mais j’ai rarement écouté plus équilibré et homogène. Pas une compo ne vient ternir le tableau de son brossé malhabile, tout se savoure comme on déguste un space-cake aux gros éclats de chocoshit, et une fois encore, le Stoner est travesti en gros Rock des années 70 remis au goût d’un jour 2021, avec ce son ample, chaud, qui évoque les écoutes de vinyle au coin du feu entre connaisseurs (« Good God I Better Run Away »).

GREENLEAF une fois encore, alterne les humeurs, mais reste fidèle à son amour des riffs les plus simples portés par un collectif uni. On groove terrible sur le déhanché de « Bury Me My Son », sorte de proto-SABBATH porté par un hommage réellement sincère. On aime ce gimmick en trois ou quatre notes qui suffit amplement à nous catapulter en arrière, sans risquer le coup du lapin. Car le quatuor est toujours aussi adepte du less is more. Un minimum de breaks, des riffs épurés, mais une puissance à décorner les amateurs de Doom persuadés que le statisme est la meilleure attitude. Or, les suédois sont tout sauf statiques. Ils en donnent parfois l’impression, sur les interventions les plus longues, comme ce « On Wings of Gold » qui bizarrement taquine les sept minutes ou presque, et qui pourtant offre un crescendo du tonnerre de Zeus.

Je le disais, rien de novateur, rien qui bouscule, et certainement pas un album majeur, plutôt un marchepied utile pour attendre/atteindre la suite des évènements. Des morceaux qui lorsque le live aura repris ses droits feront un malheur sur scène, des choses simples et juste assez N’Roll pour faire avancer la pierre qui n’amasse pas maousse (« Hang On »), peu de fantaisie, mais beaucoup de joie dans les chœurs, et de l’envie dans le boogie (« A Hand of Might »). Mais largement de qui excuser cette absence de trois ans, en jouant la sécurité dans la sincérité. Vingt ans, c’est long pour devancer tout le monde d’une tête. Mais même en se fondant dans le peloton, GREENLEAF reste un leader naturel. Et Echoes From A Mass est un cri porté de l’intérieur de la plèbe pour ne pas oublier qui était là avant les autres.

 

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Tides

02. Good God I Better Run Away

03. Needle in My Eye

04. Love Undone

05. Bury Me My Son

06. A Hand of Might

07. March on Higher Grounds

08. Hang On

09. On Wings of Gold

10. What Have We Become


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 07/05/2021 à 17:37
82 %    651

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report

Datcha Mandala

mortne2001 22/03/2025

Live Report

Wishbone Ash

mortne2001 18/03/2025

Live Report

Peter Hook and the Light

RBD 14/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Barabbas + Black Pyramid 21/04 : Le Klub, Paris (75)
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Tourista

Le Metal est parfois sur le fil du rasoir de la beauferie... Voire tombe carrément dedans.

21/04/2025, 11:45

Saul D

Ready for Eurovision :-)

21/04/2025, 11:04

Saddam Mustaine

J'y étais ! C'était cool

21/04/2025, 01:42

Buck Dancer

Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)

20/04/2025, 18:02

David

Comme je le dis dans la vidéo, leur sommet c'est Desincarnate. Puis The Burial Ground. Je suis moins fan de Sublime.

20/04/2025, 14:08

Buck Dancer

Pour moi Loudblast c'est surtout Sublime Dementia et Cross the Threshold. (Quand à la vidéo je ne manquerai pas de la regarder ce soir). 

20/04/2025, 12:45

RBD

Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)

19/04/2025, 14:36

DPD

J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)

19/04/2025, 09:13

Humungus

J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?

19/04/2025, 08:38

Nubowsky

Je suis fasciné.

19/04/2025, 06:37

DPD

Jus de cadavre, je parle pas des captations audio dans un instant précis, je crois d'ailleurs que certaines œuvres sont intemporelles, mais ce qu'il reste de ces gens aujourd'hui, c'est extrêmement différent. Bien entendu qu'il faut écoute(...)

19/04/2025, 05:07

Kamel

I am now officially ON THE JOB MARKET (is my career over ?

18/04/2025, 12:53

Kamel

@Deathcotheque : Il y a eu confusion entre Aborted et Benighted au moment de poster la nouvelle, ellle a été éditée, mais pas complètement.Bonne nouvelle pour Kevin, après s'être fait éconduire par Archspire, il cherchait justemen(...)

18/04/2025, 12:13

Deathcotheque

"les prochaines dates de la tournée européenne serait assurée par l'ancien batteur du groupe, parti en 2024, Kevin Paradis." Vérifiez ce que vous écrivez, Kevin n'a jamais été dans Aborted.

18/04/2025, 10:35

Simony

Ah merde !

18/04/2025, 08:58

Deathcotheque

?!?! Entre Blabbermouth qui ne relaie pas la news et Metalnews qui en invente une...

18/04/2025, 08:18

Arioch91

J'ai longtemps boudé ce groupe en estimant que c'était un bête doppelgänger de Death et pas mal de riffs de leur deuxième album font trop copié/collé avec ceux de Spiritual Healing.Mais n'empêche que ça a un petit go(...)

18/04/2025, 07:47

Kamel

Il était dans Benighted le Ken???

18/04/2025, 07:27

pet fécal

C'est Aborted qui se sépare de machin

18/04/2025, 05:03

RBD

Youpi ! Vous remarquerez la présence récurrente des vers, et les vieux fans savent bien pourquoi. Au moins ils n'auront pas traîné. Je suis juste intrigué qu'ils aient déjà changé de label, mais au moins ils sont restés chez (...)

17/04/2025, 16:25