Decade of Savagery

Savage Deity

28/11/2021

Inhuman Assault

Double anniversaire en piège fatal pour les thaïlandais de SAVAGE DEITY. Les bougies soufflées allument le brasier de leurs dix années d’existence, et illuminent d’un feu de haine la sortie de leur troisième longue-durée.  Considéré comme un meneur de troupes et l’un des plus célèbres acteurs thaïlandais en activité de la scène extrême, SAVAGE DEITY se devait d’être à la hauteur de l’évènement, et de produire un effort conséquent. Et en intitulant son troisième longue-durée Decade of Savagery, le quatuor a évidemment fait le bon choix en résumant son parcours de la façon la plus sincère qui soit. Dix années passées au service de la sauvagerie la plus brutale, de la violence la plus viscérale, pour célébrer le Death Metal le plus fondamental qui soit, celui-là même qui a détruit les années 90 de sa méchanceté et de son ressentiment horrifique.

Quatre ans après son dernier album, Beyond the Sanctum, et deux ans après son dernier moyen-format Conjuration, le groupe de Bangkok remet donc le couvert avec quarante minutes de nouvelle musique, toujours aussi fidèle à son idéologie de départ : jouer un Death sans concessions, de la façon la plus directe et brutale qui soit, sans oublier de l’enrober dans une production claire aux aigus distincts. De fait, Decade of Savagery est certainement l’album le plus précis que vous pourrez écouter en cette fin d’année 2021. Les guitares sont tranchantes, la rythmique posée (bien que la basse ait du mal à se faire une place parfois), les structures modestement évolutives, et le chant évidemment cryptique et nauséeux dans le sens le plus CANCER du terme, mais l’ensemble dégage une réelle authenticité, et un véritable amour pour un genre qui n’a finalement pas tant évolué que ça depuis ses débuts.

Alors, certes, la tendance thaïlandaise se situe en convergence des écoles, et aborde la problématique sous l’angle du crossover mondial. Si l’instrumental fait foi d’un aveuglément total pour la brutalité US, et sa finesse d’exécution (renforcée par l’intervention en solo de Jason Gobel - ex-CYNIC, ex-MONSTROSITY - sur « Perish Mangda »), le fond de l’air est tellement frais parfois qu’il nous donne un rhume suédois en bonne et due forme, même si les quatre musiciens (Ray Mullaxul - guitare, Twish - chant/basse, Thinnarat - batterie et Saran - guitare) refusent la glaciation HM-2/Sunlight des plus grands efforts scandinaves.

Le tout est donc méchamment efficace, avec ce jeu de vibrato symptomatique, et si quelques plans ne sont pas sans rappeler les démons de MORBID ANGEL, SAVAGE DEITY s’en sort avec plus que les honneurs, et célèbre dignement son achèvement dans le temps. En produisant lui-même son album, le groupe a pris un risque énorme, qui s’est avéré plus que payant. Certes, le mixage signé Saran Rakthong et la mastérisation peaufinée par Dan Lowndes ont beaucoup fait pour la clarté de cette musique sans âge, qui joue la carte de la nostalgie sans vraiment renoncer à des aspirations plus personnelles.

En tant que prolongement de Conjuration, Decade of Savagery est valide. En tant que synthèse d’un parcours impeccable, il l’est encore plus. On retrouve donc tous les traits de caractère d’un groupe qui refuse la facilité, et qui se montre toujours aussi capable au moment de trousser des hymnes à la brutalité la plus ouverte (« Christ Tension »). Leur haine des religions organisées, leurs tendances bestiales, leur fascination pour l’horreur font que SAVAGE DEITY a agencé ce nouveau chapitre comme une belle collection d’histoires à foutre les jetons aux petits garçons, qui apprendront un jour que le Death Metal n’est qu’un gigantesque barnum pour adolescents attardés, constat que j’adoube complétement en tant que fan de cinquante ans.

Alors, la jouissance est totale, et on headbangue dès les premières mesures cassantes de « Crucifather », et son jeu de mot bien trouvé. Entre Death parfait et Death/Thrash fluide, SAVAGE DEITY choisit une espèce d’entre-deux qui lui convient très bien, prône la fluidité dans la débauche, et nous attaque sans cesse d’une double grosse caisse impitoyable (« Where God Belong »), et de cavalcades mélodiques en circonvolutions qui ne sont pas sans rappeler le séminal Altars of Madness. Bien sûr, SUFFOCATION, DEATH, IMMOLATION ont aussi droit au chapitre, et si les thaïlandais se sont fait adopter il y a fort longtemps par les fans de Death US, le hasard n’y doit rien. L’efficacité est la même, le souci du détail dans la globalité aussi, et « Perish Mangda » de démontrer que la technique a son importance au cœur des débats.

Mélodies amères, accélérations fumasses, le tout passe comme dans un éclair de rage et explose le gâteau de haine. Les BPM qui montent en pression, les riffs cliniques qui font monter la tension, ce chant distancié et cette cadence d’abattage incroyable transforment  Decade of Savagery en boucherie locale au rendement de côtelettes industriel, sans bas morceau ni excès de gras. Après écoute, inutile de se demander encore pourquoi les SAVAGE DEITY sont des prophètes en leur pays. Mais des prophètes qui détestent les fausses idoles, et donc, les plus dangereux.   

 

                                                                                                                                                                                                   

Titres de l’album:

1. Crucifather

2. Filthy Rotation

3. Obscure Fortune

4. Drenched in Blood

5. Christ Tension

6. Where God Belong

7. Kill This Cult

8. Skin the Saint

9. Perish Mangda (ft Jason Gobel)

10. Beneath the Sanctum


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par mortne2001 le 14/11/2021 à 18:20
80 %    873

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


metalrunner
@92.131.223.8
14/11/2021, 18:41:25

Sérieux c est un magnifique album a tout ceux scotcher sur l âge d or du death thrash .

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