Double anniversaire en piège fatal pour les thaïlandais de SAVAGE DEITY. Les bougies soufflées allument le brasier de leurs dix années d’existence, et illuminent d’un feu de haine la sortie de leur troisième longue-durée. Considéré comme un meneur de troupes et l’un des plus célèbres acteurs thaïlandais en activité de la scène extrême, SAVAGE DEITY se devait d’être à la hauteur de l’évènement, et de produire un effort conséquent. Et en intitulant son troisième longue-durée Decade of Savagery, le quatuor a évidemment fait le bon choix en résumant son parcours de la façon la plus sincère qui soit. Dix années passées au service de la sauvagerie la plus brutale, de la violence la plus viscérale, pour célébrer le Death Metal le plus fondamental qui soit, celui-là même qui a détruit les années 90 de sa méchanceté et de son ressentiment horrifique.
Quatre ans après son dernier album, Beyond the Sanctum, et deux ans après son dernier moyen-format Conjuration, le groupe de Bangkok remet donc le couvert avec quarante minutes de nouvelle musique, toujours aussi fidèle à son idéologie de départ : jouer un Death sans concessions, de la façon la plus directe et brutale qui soit, sans oublier de l’enrober dans une production claire aux aigus distincts. De fait, Decade of Savagery est certainement l’album le plus précis que vous pourrez écouter en cette fin d’année 2021. Les guitares sont tranchantes, la rythmique posée (bien que la basse ait du mal à se faire une place parfois), les structures modestement évolutives, et le chant évidemment cryptique et nauséeux dans le sens le plus CANCER du terme, mais l’ensemble dégage une réelle authenticité, et un véritable amour pour un genre qui n’a finalement pas tant évolué que ça depuis ses débuts.
Alors, certes, la tendance thaïlandaise se situe en convergence des écoles, et aborde la problématique sous l’angle du crossover mondial. Si l’instrumental fait foi d’un aveuglément total pour la brutalité US, et sa finesse d’exécution (renforcée par l’intervention en solo de Jason Gobel - ex-CYNIC, ex-MONSTROSITY - sur « Perish Mangda »), le fond de l’air est tellement frais parfois qu’il nous donne un rhume suédois en bonne et due forme, même si les quatre musiciens (Ray Mullaxul - guitare, Twish - chant/basse, Thinnarat - batterie et Saran - guitare) refusent la glaciation HM-2/Sunlight des plus grands efforts scandinaves.
Le tout est donc méchamment efficace, avec ce jeu de vibrato symptomatique, et si quelques plans ne sont pas sans rappeler les démons de MORBID ANGEL, SAVAGE DEITY s’en sort avec plus que les honneurs, et célèbre dignement son achèvement dans le temps. En produisant lui-même son album, le groupe a pris un risque énorme, qui s’est avéré plus que payant. Certes, le mixage signé Saran Rakthong et la mastérisation peaufinée par Dan Lowndes ont beaucoup fait pour la clarté de cette musique sans âge, qui joue la carte de la nostalgie sans vraiment renoncer à des aspirations plus personnelles.
En tant que prolongement de Conjuration, Decade of Savagery est valide. En tant que synthèse d’un parcours impeccable, il l’est encore plus. On retrouve donc tous les traits de caractère d’un groupe qui refuse la facilité, et qui se montre toujours aussi capable au moment de trousser des hymnes à la brutalité la plus ouverte (« Christ Tension »). Leur haine des religions organisées, leurs tendances bestiales, leur fascination pour l’horreur font que SAVAGE DEITY a agencé ce nouveau chapitre comme une belle collection d’histoires à foutre les jetons aux petits garçons, qui apprendront un jour que le Death Metal n’est qu’un gigantesque barnum pour adolescents attardés, constat que j’adoube complétement en tant que fan de cinquante ans.
Alors, la jouissance est totale, et on headbangue dès les premières mesures cassantes de « Crucifather », et son jeu de mot bien trouvé. Entre Death parfait et Death/Thrash fluide, SAVAGE DEITY choisit une espèce d’entre-deux qui lui convient très bien, prône la fluidité dans la débauche, et nous attaque sans cesse d’une double grosse caisse impitoyable (« Where God Belong »), et de cavalcades mélodiques en circonvolutions qui ne sont pas sans rappeler le séminal Altars of Madness. Bien sûr, SUFFOCATION, DEATH, IMMOLATION ont aussi droit au chapitre, et si les thaïlandais se sont fait adopter il y a fort longtemps par les fans de Death US, le hasard n’y doit rien. L’efficacité est la même, le souci du détail dans la globalité aussi, et « Perish Mangda » de démontrer que la technique a son importance au cœur des débats.
Mélodies amères, accélérations fumasses, le tout passe comme dans un éclair de rage et explose le gâteau de haine. Les BPM qui montent en pression, les riffs cliniques qui font monter la tension, ce chant distancié et cette cadence d’abattage incroyable transforment Decade of Savagery en boucherie locale au rendement de côtelettes industriel, sans bas morceau ni excès de gras. Après écoute, inutile de se demander encore pourquoi les SAVAGE DEITY sont des prophètes en leur pays. Mais des prophètes qui détestent les fausses idoles, et donc, les plus dangereux.
Titres de l’album:
1. Crucifather
2. Filthy Rotation
3. Obscure Fortune
4. Drenched in Blood
5. Christ Tension
6. Where God Belong
7. Kill This Cult
8. Skin the Saint
9. Perish Mangda (ft Jason Gobel)
10. Beneath the Sanctum
Sérieux c est un magnifique album a tout ceux scotcher sur l âge d or du death thrash .
C'est possible pour Vektor, en tout cas ils ont partagé un split EP ensembleIl n'y a que moi qui pense à Behemoth sur les deux morceaux en écoute ?
25/03/2025, 09:21
Cryptosis, c'est bien le groupe qui ouvrait pour Vektor lors de leur dernière tournée ou je confonds ?
24/03/2025, 19:45
Vous le croyez ou pas, mais je n'ai jamais entendu causer de ce groupe...Au vu des deux critiques dithyrambiques, je vais donc forcément me pencher sur la chose... ... ...
23/03/2025, 06:33
S'il remonte un groupe qui reprend le style de Katatonia jusqu'à "Last Fair Deal Gone Down", je suis alors enthousiaste au-delà du raisonnable ! Affaire à suivre !
22/03/2025, 14:51
Il manquerait une petite chose à cette sélection si je ne signalais que Sindre Nedland, le chanteur d'In Vain, est décédé le 2 mars 2025. Il avait 40 ans.C'était un remplaçant qui avait assuré les concerts depuis l'&eac(...)
20/03/2025, 22:09
Merci pour ce report, qui rend très bien compte de ce moment hors du temps. J’avoue qu’une setlist uniquement composée de titres d’argus ne m’aurait pas déplu (comme au courts of chaos de l’an passé si je ne me trompe pas) mais c’est(...)
18/03/2025, 21:35
On a connu des ruptures plus violentes... J'ai l'impression qu'il faut comprendre qu'il va lancer sa propre formation pour reprendre de vieux titres de Kakatonia (pardon, c'était trop tentant et je ne le pense pas vraiment) voire approfondir leur style. Ce se(...)
18/03/2025, 20:21
C'est le groupe du chanteur de feu Paean. Il faut que j'essaie l'album de 2022.
15/03/2025, 15:41
Franchement Alcest mérite mieux qu'un de ces énièmes groupes de post-rock ou post-metal à la con ou tout est recraché.
15/03/2025, 11:50
Très bon groupe de Death grind,que je viens de découvrir moi qui aime la musique extrême je ne suis pas déçu !Je le conseille à tous
12/03/2025, 10:09
Va vraiment falloir arrêter ces commentaires politiques systématiques, c'est d'un redondant, même si, je conviens que pour le présent groupe ce soit peu évitable. Mais un peu de sérieux, le capitalisme honni se réjouit justement des luttes (...)
12/03/2025, 08:01
Oui il y avait des tensions je pense. Hinds voulait clairement une orientation moins "Metal" depuis quelques temps pour Masto... Et dernièrement il était très critique sur le concert d'adieu de Black Sab' auquel Masto va participer. Il avait po(...)
11/03/2025, 20:35
Du tout bon ça !!!PS : L'intro de la chro c'est pour de vrai mortne2001 ou juste pour la beauté du texte ???
11/03/2025, 19:29