Bloody Minded Bullet Headed

Indemnity

28/04/2017

Art Gate Records

Il y a violence et violence. La violence bête et méchante, qui détourne l’essence de son but pour tout détruire, mais qui finalement, passe comme un typhon inoffensif, et ne fait aucun dégât. Et puis il y a la vraie violence. Condensée, réfléchie, parvenue à une maturation de destruction, et qui frappe de façon chirurgicale, ne laissant

planer aucun doute sur son efficacité.

Un peu comme un gros pain dans la gueule après dix minutes d’écoute et de fausse compréhension, avant que la véritable nature ne reprenne ses droits. Vous savez, ce genre de non-baston, avec un opposant calme comme un glaçon, qui soudain, fatigué de vous voir gesticuler et vitupérer vous en colle une bonne dans la face, vous mettant KO pour le compte.

Ce genre de violence directe et percutante, j’aime. Et ce matin, un exemple m’en a été donné par un quintette Belge sûr de son fait. Oui, des Belges, des gens d’ordinaire très calmes et chaleureux, qui lorsqu’ils se mettent en colère ne font pas semblant d’être belliqueux.

Cet exemple, c’est le second album des méchamment remontés INDEMNITY, qui s’ils vous flanquent une rouste, vous feront passer l’envie de leur en réclamer.

  

Il faut dire que les mecs sont rodés. Leur émergence ne date pas d’hier, et ils ont eu le temps de peaufiner leurs plans depuis leur création il y a une douzaine d’années. Ils ont vu défiler pas mal de petites frappes dans leurs rangs, avant de se stabiliser autour d’une équipe solide et soudée (Matthias Debaets – batterie, Matthias De Boitselier – lead et chœurs, Tomas Herremans – rythmique et chœurs, Arne Daelman – chant et Ken Koeckelberghs – chant/basse), ce qui leur a permis d’enregistrer une poignée de démos aux intitulés sans équivoque (The Beauty of Violence en 2006, Violent Opposition Threath en 2008) et un premier LP il y a quatre ans (The World Is Beautiful for Those Who Live in Another One, pas faux).

Depuis 2013, l’histoire est en marche, et nous retrouvons nos cinq chevaliers de la rue en pleine forme sur ce second album qui ne trahit en rien leur philosophie, baptisé d’un très à-propos Bloody Minded Bullet Headed. Niveau définition de l’éthique, les amis du plat pays aiment à voir leur agression sonore comme « du Punk et D-beat sauvages, recouverts de Thrash avec une tranche de Hardcore). En gros, du…Hardcore, surboosté par un jeu puissant hérité des gloires nineties de l’algarade rythmique, pour une union temporelle entre la scène D-Beat/Crust nordique et le Core typique des New-York streets. Et croyez-moi, une fois pris en plein visage, leur barouf laisse des traces et des yeux au beurre noir.

 

INDEMNITY ne fait pas de quartier. Certes, leur musique est à quatre-vingt-dix pour cent constituée de Hardcore teigneux et relevé, mais quelques impulsions nous ramènent en effet en territoire Thrash, un peu comme si les NORMA JEAN taillaient le bout de gras avec une version très remontée des CHANNEL ZERO reprenant SLAYER dans le texte, et légèrement énervés par la tournure que prennent les choses. Vingt minutes à peine de concentré de haine, qui explose à chaque break, à chaque couplet, et qui incendie votre casque ou vos enceintes sans pitié. Sans avoir plus de renseignements à vous prodiguer sur l’enregistrement de ce second-né (la page Facebook du groupe, seule source fiable reste discrète à ce propos), je peux vous assurer qu’il dispose d’une production parfaitement adaptée, aux graves rebondissant et aux aigus caressant, qui assure aux guitares tout le tranchant dont elles ont besoin, tandis que le duo rythmique impose son train, sans que le chant ne se sente trop seul dans son coin. Bel équilibre de mixage donc, pour une belle osmose stylistique de sentiments antagonistes. Colère, rejet, activisme, tout y passe et avec une belle rage de conviction, pour un trait d’union entre la scène Hardcore des 80’s, celle plus Thrash et gonflée des 90’s, le tout enrobé dans une véhémence très actuelle, sans pour autant tomber dans le piège du Metalcore ou dans le plagiat D-beat usuel.

Il faut dire que nos cinq combattants ont agi très intelligemment et ont pris leur temps pour ne pas laisser traîner les choses le moment venu.

Avec des compositions qui ne dépassent que très rarement les deux minutes, et jamais les trois, des intermèdes d’une poignée de secondes (« Controlled » bourrée Thrash à la limite du Crust, comme un DISCHARGE des grands jours), et quelques interventions plus développées qui offrent des thèmes à l’arraché et groovy à souhait (« Left For Dead » et son riff d’intro gluant sur couplets brûlants), Bloody Minded Bullet Headed se pose en archétype de l’album de Hardcore métallisé moderne, sans non plus verser dans le convenu et l’attendu/entendu.

Ce qui est certain, c’est que son message l’est. De l’intro bombardée de lourdeur de « Never Hold Back » qui laisse ses guitares soudainement divaguer d’un D-beat asséné, au véritable final « What You Think » et son riff aussi Thrash qu’un staccato de Jeff Hanneman, le tour de force des INDEMNITY est d’avoir ressui à faire un état des lieux du Hardcore moderne en refusant de se laisser corrompre par ses poncifs les plus éculés.

Alors certes, les figures imposées pointent parfois le bout de leur nez, mais l’originalité d’un Crossover vraiment bien équilibré crève les yeux et les oreilles, ce qui permet à notre quintette de tenter des choses vraiment salement corsées (« You Fucking Disgust Me » et son Thrashcore à la basse claquante, « Eye Of The Storm », concentré de PANTERA, d’URSUT et de MADBALL), ou au contraire d’opter pour des slogans au groove chaloupé (« Drowning at the Gates of Fortress Europe », beat qui évolue sans cesse mais qui balance bien des fesses).

Mais le leitmotiv est clair, la violence, et rien d’autre. Ainsi, le crédo est affiché sans gêne via un « Violence has Never Done Me Wrong » qui ne laisse planer aucun doute de sa charge lourde, et l’album se termine même par une dernière attaque frontale aux blasts Thrashcore fatals (« Onward To Destruction »).

De fait, inutile de dire que les mecs vous ont pris en traitre, puisque personne ne vous croira.

Mais comme je le disais, il y a violence et violence. Celle présentée par Bloody Minded Bullet Headed associe celle de la rue, aveugle et sourde, et celle plus pensée et distillée des groupuscules anarchistes qui préparent toujours bien leurs coups.

Un mélange de blitzkrieg soudain et imprévisible et de manif’ aux slogans bien visibles. Mais il y a toujours plusieurs façons d’exprimer sa contestation. Ce que démontre fort bien ce deuxième album en forme de déclaration d’intention.


Titres de l'album:

  1. Never Hold Back
  2. Slavery
  3. You Fucking Disgust Me
  4. Drowning at The Gates Of Fortress Europe
  5. Religion Means War
  6. Controlled
  7. Eye Of The Storm
  8. Violence Has Never Done Me Wrong
  9. Rotting Away
  10. Left For Dead
  11. What You Think
  12. Onward To Destruction

Facebook officiel


par mortne2001 le 21/05/2017 à 13:40
75 %    1212
Derniers articles

Defeated Sanity + HM 2

RBD 09/07/2025

Live Report

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
DPD

Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)

10/07/2025, 15:17

DPD

L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)

10/07/2025, 15:09

Ivan Grozny

Oui très bon groupe, je recommande également !

10/07/2025, 14:36

Ivan Grozny

C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)

10/07/2025, 14:34

DPD

Sinon j'aime beaucoup Chat Pile comme groupe récent.

10/07/2025, 14:27

DPD

@GPTQBCOVJe suis  horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)

10/07/2025, 14:16

DPD

Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)

10/07/2025, 13:47

Humungus

Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".

10/07/2025, 13:22

RBD

Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)

10/07/2025, 12:23

DPD

Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)

10/07/2025, 12:04

Gargan

Dans le clip tu as ceux en civil avant le Hellfest, puis pendant ☝

10/07/2025, 08:58

Simony

Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !

10/07/2025, 08:38

Dede

Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer 

09/07/2025, 23:09

Dede

Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)

09/07/2025, 23:07

NecroKosmos

Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)

09/07/2025, 21:39

Salmigondis

Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)

09/07/2025, 20:31

totoro

Je suis partagé. Je ne vais plus au Hellfest qui est devenu trop cher pour moi, et beaucoup trop peuplé. Pour autant, même si Muse ou Shaka Ponk suscitent le débat, ce n'est pas non plus archi-scandaleux. Les premiers ont toujours eu d'assez grosses guitares d(...)

09/07/2025, 18:22

Jus de cadavre

Je crois qu'il faut accepter que la scène Metal (extrême en particulier) va redevenir underground et invisible pour le profane (et c'est pas pour me déplaire). Le reste - vieux dinosaures des années 80 et jeunes groupes prêt à tout pour quelques l(...)

09/07/2025, 15:34

Jus de cadavre

"la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises"En même temps quand on voit ce que propose les "jeunes" groupes faut pas s'étonner que les gens qui cherchent un peu de qual(...)

09/07/2025, 15:26

DPD

@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.

09/07/2025, 13:52