Ils sont quatre, allemands, et jouent du Thrash. Banal, et certainement l’accroche la plus utilisée avec le sempiternel ils sont quatre, californiens, ont de belles permanentes et jouent du Hard-Metal. Mais on le sait, outre-Rhin, le Thrash est plus qu’une tradition, c’est une institution comme la choucroute ou l’humour borderline, et il n’est pas étonnant de constater que deux musiciens sur quatre se consacrent à perpétrer l’esprit dramatique des 80’s, puisque l’ADN des instrumentistes nationaux porte en lui le génome de la violence musicale institutionnelle. Et après tout, tant que l’ivresse est là, inutile de se plaindre de ce statu quo pérenne depuis 1983 et l’émergence des SODOM, KREATOR, DESTRUCTION et autres LIVING DEATH. Alors, la moustache dans le vent et les guitares dans les amplis soufflant, l’armée germaine continue d’avancer, coûte que coûte, histoire de montrer à la nouvelle génération que les appellations contrôlées ne sont jamais accordées au gré des humeurs. Et en guise de représentants de la nouvelle vague old-school, c’est à de dignes chevaliers d’époque que nous avons affaire aujourd’hui, puisque les WARPATH ont entamé leur parcours à l’orée des années 90, lorsque le Metal commençait à avoir chaud aux fesses et que MTV se détournait des riffs d’acier et des pantalons serrés. Qu’à cela ne tienne, puisqu’à l’époque, le Thrash connaissait déjà une perte de vitesse assez conséquente, laissant place au Death, à l’alternatif et autres déviances stylistiques, et qu’après tout, un crédo en vaut un autre…Sauf que nos défenseurs de l’outrance n’ont jamais vraiment battu le haut du pavé, se contentant d’une confortable seconde division n’ayant pas trop d’exigences de qualité, ce qui, au regard de leur discographie, devait bien les arranger. Car avec quatre albums publiés coup sur coup entre 1992 et 1996, à raison d’un par an en moyenne, les WARPATH n’ont jamais visé la perfection, et ne l’ont jamais approchée de fait, se livrant à un petit jeu assez amusant d’inconstance…D’ailleurs, et malgré leur ancienneté, les vétérans n’ont jamais été cités lors un hommage quelconque, ce que l’on peut aisément comprendre à l’écoute de Massive ou Kill Your Enemy…
Sans vouloir être trop cruel, on peut d’ailleurs se demander ce qui a bien pu motiver Dirk "Digger" Weiss (chant) à reformer son groupe après vingt ans de silence, et à remonter une équipe pour arpenter les scènes, si ce n’est l’émulation de cette vague vintage se voulant plus authentique que les œuvres originales…D’une seconde chance attiré par l’odeur alléché, le tempétueux vocaliste a dû se dire qu’il méritait aussi le premier plan, et c’est le cœur rempli de courage qu’il a relancé la machine en 2015, pour publier en 2017 le LP du comeback, ce plutôt sympathique Bullets for a Desert Session, qui a certainement redonné confiance à ce chanteur somme toute attachant. Et il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour connaître la suite des évènements, puisqu’un an plus tard, les WARPATH fraichement remodelés (Sören Meyer - basse, Norman Rieck - batterie, et Flint - guitare) s’en reviennent festoyer via ce Filthy Bastard Culture qui risqué fort de ne pas changer grand chose à la donne. Pourtant, le combo s’est donné du mal, avec quatorze morceaux et plus d’une heure de musique, mais après plusieurs écoutes attentives, la sentence tombe, et le couperet risque de faire mal. Si aucun reproche global ne peut être formulé à l’encontre d’un album solide et tempétueux, dans le détail les récriminations s’empilent comme les postillons de Mille Petrozza sur le visage de ses fans, et le bilan global reste dans une désespérante moyenne à laquelle les hambourgeois sont habitués…Non que ce sixième LP studio soit mauvais, mais il est si médian que les extrêmes semblent le fuir, et on se demande en plus d’une occasion si un boulot complètement raté n’eut pas été préférable, même si certaines compositions sortent légèrement du lot pour éviter de sombrer du côté obscur de la force de la médiocrité…
Soyons clair, il est très difficile d’affilier les WARPATH à une scène bien précise, même si le terme générique « Thrash » peut leur convenir. A condition de l’envisager de façon intemporelle, et d’y inclure ses déviations les plus contemporaines à base de Groove et de Néo, puisqu’en restant dans des critères classiques, le quatuor dérape et sort régulièrement de la route en incluant une sérieuse dose d’éléments Punk dans sa musique. De fait, et au regard assez peu conséquent des accroches proposées, le quatuor peut évoquer selon les pistes une forme très larvée du ENTOMBED des années To Ride, une excroissance bâtarde du COAL CHAMBER le plus sautillant, ou un brouillon malhabile des GRIP INC, sans le brio de Lombardo et le génie du riff de Waldemar Sorychta. Première constatation, le timing trop long d’un album qui eut gagné à être expurgé de ses scories les plus encombrantes. Et lorsqu’un morceau in extenso n’est pas en cause, c’est une grosse partie de celui-ci qui aurait dû être coupée, histoire de se concentrer sur les idées les plus percutantes et pertinentes. L’exemple le plus frappant en reste « Believe In Me », vaguement Nola, et légèrement Doom sur les bords, mais beaucoup plus ennuyeux qu’éprouvant, et qui se contente de rabâcher le même thème usé pendant plus de six minutes. A contrario, son doppelganger de lourdeur « Slow Motion Violence » et ses intonations HELLHAMMER/CELTIC FROST plus vraies que nature mérite toute l’attention que vous pourrez lui porter, et semble prendre plaisir un véhiculer un message malsain et oppressant. Et là réside la mécanique du chaos pour les allemands, à savoir ce ratio d’une chanson sur deux qui marque les esprits sur le moyen terme, et qui condamne une fois encore le projet à une moyenne qui commence à être plus ou moins gênante…
Pourtant, les allemands avaient tous les atouts de leur côté. Le soutien d’un des plus gros labels indépendants européens (Massacre Records), la production la plus claire et puissante de leur carrière (et un son de basse étonnamment ronflant), mais en négligeant l’aspect artistique le plus important, l’effet bœuf promis au départ retombe comme un soufflé au crapaud essoufflé, la faute à des compositions bien trop linéaires et ternes. Et en excluant d’office le segment le plus virulent du lot (« Violent Starr » qui accélère enfin la cadence avant de se prendre pour le COAL CHAMBER du premier LP), le reste est fluctuant, parfois complètement déprimant de prévisibilité et de banalité (« Killing Fields », genre de mariage raté entre les ACID BATH et WHITE ZOMBIE, version neurasthénique en pleine crise de somnambulisme la nuit), parfois suffisamment pressant pour nous acculer (« Unbroken Soul », sorte de pousse MOTORHEAD sous une pluie ENTOMBED), mais malheureusement régulièrement standardisé et nivelé (« Into The Dark », du RUNNING WILD chanté par un SODOM sous Tranxène), et tellement compressé dans la normalité qu’on peine à en dégager un riff à mémoriser (« St.Nihil », ou Peter Steele vainement ressuscité pour mordre le coup d’une fan de Phil Anselmo apeurée). De ce fatras restent le punchy et punky « Filthy Bastard Culture », appréciable comme du Lemmy passé au papier de verre NYHC, les quelques exemples cités, et l’énervé « F.U. », classique mais bien emballé (et encore, si on excuse le refrain bavarois emprunté au « Hey-ho, let’s go » des RAMONES…). Pas grand-chose en fin de compte, et une conclusion qui laisse à penser que les WARPATH ne parviendront jamais à s’extirper de cette condition en demi-teinte, qui les condamne irrémédiablement à stagner dans cette seconde division confortable, mais manquant cruellement d’ambition.
Titres de l’album :
1. The World beyond (Instrumental)
2. Unbroken Soul
3. Back to Zero
4. Filthy Bastard Culture
5. Believe in me
6. Into the Dark
7. Killing Fields
8. Below the Surface
9. F.U.
10. Violent Starr
11. Slow Motion Violence
12. St. Nihil
13. Nebelkrähe (bonus)
14. For the first Time (bonus)
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