Après le Heavy nostalgique made in Belgium, je m’enfonce dans le Thrash à tendance Death du même pays, en m’intéressant de près au troisième longue durée des brabançons de BLOODROCUTED, dont le parcours ne fut pas forcément un long fleuve tranquille.
La Belgique regorge donc toujours de valeurs sures dans le domaine du Metal, et se fait un constant plaisir d’explorer toutes les facettes d’un style musical qu’ils maîtrisent désormais en connaisseurs, loin des balbutiements des années 80. Je parlais de long fleuve pas si tranquille pour résumer le parcours de ce sympathique quatuor, et l’image n’est pas exagérée, tout du moins ces dernières années.
Après avoir dû faire face au décès de leur batteur (Gaëtan De Vos, qu’on retrouvait sur le tabouret de leurs deux premiers albums, victime d’un accident de moto), les BLOODROCUTED ont dû aussi palier à la défection de leur leader et guitariste/chanteur Bob Briessinck, parti se consacrer à son autre passion, l’ingénierie du son, sans aucune acrimonie ni ressentiment.
Remplacé au chant par le bassiste Daan Swinnen, qui retrouve donc sa fonction d’origine, le nouveau line-up s’articule donc autour du frappeur Ben Van Peteghem, de l’indéboulonnable Jason Bond à la rythmique et aux chœurs, et de Dennis Wyffels à la lead. Revigorés par cette formation enfin stabilisée, les Belges nous proposent donc en guise d’étape cruciale un For the Dead Travel Fast qui se veut changement dans la continuité, et qui semble marquer une rupture avec le style développé sur les deux premiers efforts, volontiers plus portés sur le Thrash vintage.
La trame de violence de base n’a bien sûr pas été édulcorée, et semble aujourd’hui plus inclinée du côté Death où le groupe semble se complaire à sombrer. Sombrer n’étant pas un terme péjoratif, loin s’en faut, puisque ce nouvel album fait montre d’une hargne renouvelée et d’une inspiration éclairée, se repaissant tout autant de Néo Death scandinave des nineties que de Thrash US de la même décennie.
Compos soignées, production léchée mais gardant cet aspect brut inhérent à tout effort Death digne de ce nom, mélodies omniprésentes ne dissimulant pas la violence revendiquée, BLOODROCUTED reste toujours aussi véhément, et ose quelques séquences en blasts tourbillonnantes rappelant les débuts de MORBID ANGEL, tout en gardant cette attaque de riffs saccadés propre à l’école germanique qu’ils vénèrent à jamais.
Aguerris par de fréquents concerts avec des pointures internationales (SKELETONWITCH, HAVOK, DARKNESS, MELECHESCH, MYSTIFIER, NERVOSA, ENTHRONED, VOÏVOD), les brabançons ont appuyé sur la pédale pour nous convaincre de leur confiance quant à une carrière qui se poursuit sous les meilleurs auspices, et qui semble être capable de les amener sur les plus hautes marches de la scène Death Européenne. Avec dans la besace huit nouvelles compositions sans concessions, ils affirment leur identité tout en nous assurant d’un regain de motivation, nettement perceptible sur des morceaux aussi féroces que véloces comme les imparables et impitoyables « Perversion of Purity » ou « Wound In Shadows », aussi concis que puissants, qui ne ménagent ni les couplets Thrash, ni les breaks Death/Grind d’une vilénie appréciable. Notons que dans son rôle retrouvé de maître de cérémonie vocal, Daan Swinnen s’en sort à merveille, en maniant les growls avec fluidité, sans rechigner à moduler à la Chuck Billy pour assurer des transitions coulées.
Certes, le propos est classique, mais tellement efficace qu’on ne fait aucunement la fine bouche devant les tartares présentés. Si les riffs se la jouent sécuritaires et ne s’aventurent que très rarement hors des sentiers Thrash/Death battus, si la rythmique pilonnée se veut stable et ne se perd jamais en conjectures impromptues, l’ensemble dégage une irréfutable fraîcheur, en nous faisant retrouver des sensations analogiques qu’on pensait évanouies depuis des années.
Les Belges prennent toujours un malin plaisir à souffler le chaud et le torride, comme le démontre l’énorme hit brutal « Denial of The Cross », digne d’un classique de CARCASS repris par KREATOR en compagnie d’EDGE OF SANITY, ou bien l’entame « The Leper And The Whore » qui déboule sur un torrent de blasts s’écrasant sur un riff purement Thrash ultra redondant et accrocheur. L’attaque est précise et soignée, les transitions entre les plans sont logiques, et le groupe est redoutablement à l’aise dans ses baskets Death qui lui permettent de courir à bon train.
On sent que le groupe est reboosté, et qu’il souhaite prendre sa revanche sur un destin qui ne l’a pas épargné, et aucune seconde n’est perdue à recycler des idées déjà réchauffées sur les albums précédents, même si la cohésion de style est évidente.
Alors, ça déroule, et sévère. Entre le marteau Thrash et l’enclume Death, BLOODROCUTED vous écrase les tympans à la masse, tout en prenant soin de ne pas tâcher la pièce de sang inutilement. L’attaque est frontale et chirurgicale, mais ménage aussi quelques instants de quiétude, pour que vous puissiez reprendre vos esprits avant l’estocade fatale (les arpèges ciselés du break central de « The Leper And The Whore », la longue et inquiétante intro sourde de « For The Dead Travel Fast », la progression finale de « Wound In Shadows »).
Certes, parfois, la cadence d’abattage est sans pitié, notamment sur le lapidaire « Cult Of Sacrifice » qui ne montre aucun signe de ralentissement et se veut morceau le plus véhément de l’ensemble.
Pourtant, le quatuor a décidé de terminer son troisième effort par deux segments assez développés et envoutants, avec en exergue un title-track d’une puissance suffocante, rebondissant sur un mid tempo sobre et des riffs à l’économie.
Cette soudaine pondération nous surprend, alors même que « Ominous » semble sur ses premières mesures refuser le schéma de vitesse du début d’album, avant de nous bousculer d’une accélération Thrash somme toute assez modérée.
Le morceau devient alors une véritable construction à tiroir, avec intervention sporadique d’une basse gironde, puis des échanges millimétrés entre une guitare salement découpée et une batterie métronomique dans ses croches de grosse caisse. Et fatalement, For the Dead Travel Fast s’achève dans une orgie de violence, histoire de bien faire passer le message.
Quel message ?
Celui qui affirme que les BLOODROCUTED sont de retour, et prêts à fouler les scènes du monde entier pour propager la saine parole d’un Death à tendance Thrash très remonté. Il faut parfois subir l’adversité pour puiser en soi la force de remonter la pente. Et avec ce troisième album aussi féroce qu’intelligent, les Belges vont vous la faire dévaler à cent à l’heure, les doigts toujours coincés dans une plaie électrique béante !
Titres de l'album:
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