Forlorn and Forsaken

Kurnugia

27/04/2020

Memento Mori

Alignons les faits. D’anciens membres de DECREPIT, NUNSLAUGHTER, EMBALMER, DECEMBER WOLVES, et DELUSION, une pochette réalisée par Mark Cooper, un label bien connu pour ses bonnes œuvres dans l’underground (Memento Mori), et vous aurez tôt fait de deviner de quoi il s’agit. Si vous avez parié sur du Death old-school, vous avez gagné toute ma modeste considération, et vous avez tapé dans le mille. Pas le Mille Petrozza, mais le mille morbide, puisque ces originaires de Cleveland, Ohio sont des vieux de la vieille qui prônent des valeurs vieilles comme la vieille, enterrée depuis longtemps, et dont les rares fleurs fanées semblent pleurer sur le marbre de sa tombe. KURNUGIA qui dans la mythologie babylonienne représente le monde du dessous est donc un presque nouveau groupe old-school, puisque sa naissance remonte à l’année 2012. En huit ans, le collectif a donc sorti deux EP’s (Tribulations of the Abyss en 2013 et Condemned to Obscurity en 2016), avant de prendre quatre ans pour peaufiner sa première attaque en longue-durée. C’est donc via le label espagnol que les américains nous assomment donc de leur classicisme, qu’ils revendiquent pleinement, ne cherchant pas à révolutionner les méthodes d’embaumement. Mais à vrai dire, avec des influences de la trempe formelle de Grave, Incantation, AUTOPSY, ENTOMBED, CIANIDE, MORBID ANGEL, DISMEMBER, DEATH, UNLEASHED, DEICIDE, ou BENEDICTION, les américains placent dès le départ les débats sur le terrain de l’honnêteté, et nous livrent donc une partition certes déjà entendue jouée des centaines de fois, mais qui trouve ici une nouvelle incarnation méchamment professionnelle et pourtant bien funeste en même temps.

Forlorn and Forsaken est un peu l’archétype du traditionnel remis au goût d’un jour nouveau d’une production très propre et nette. Une sorte d’hommage rendu à l’arrière-garde qui ne se rend pas et ne meurt jamais, de ceux que les musiciens rendent très régulièrement, convaincus qu’on n’a rien fait de mieux et de plus efficace depuis le début des nineties. Et en écoutant « To The Cursed Depths », on comprend assez vite que le point de vue passéiste est parfois le bon, tant tous les ingrédients d’un Death vintage de qualité sont en place. Les guitares qui sonnent comme des appels de l’au-delà, un chant grave et sourd mais totalement intelligible, une rythmique mobile et souple, et des morceaux qui en sont vraiment, et pas seulement une accumulation de plans totalement gratuite. Certes, la confrontation des écoles américaine et suédoise n’offre rien de neuf, et on sent que le but des américains était de synthétiser toutes les mouvances extrêmes d’il y a trente ans, opération parfaitement réussie. Mais il y a de l’ambition dans le mimétisme, et surtout, du métier dans l’exécution. Tous les titres sont efficaces au possible, maintenus à une cadence soutenue mais raisonnable, et surtout, propulsés par des thèmes accrocheurs (« Crown Of Suffer »). Du Death tout ce qu’il y a de plus old-fashioned, macabre juste ce qu’il faut, putride comme un vieux cadavre, mais encore suffisamment frais pour ne pas ressembler à un vieux squelette tout desséché. Pris individuellement, les musiciens sont tout à fait capables, mais collectivement, leur force en osmose impressionne, spécialement lorsque la montre tourne et laisse les idées déviantes s’épanouir.  

On apprécie ainsi le très atmosphérique « Pervert The Pious » et ses mélodies maladives, ses cris rauques, son ambiance à la ENTOMBED/GRAVE, et sa lenteur obsessionnelle. En quatre minutes, KURNUGIA résume quelques années pivot avec un flair incomparable, et nous offre le meilleur de la Floride, de Stockholm et de Birmingham, réconciliant ainsi les continents et les peuples pas contents. Certes, le tout est si homogène qu’on a parfois le sentiment qu’un riff se fait coucou à lui-même dans le reflet du marbre du cimetière, mais c’est efficace en diable, ça nous ramène à l’époque bénie du « Hating Life » de GRAVE (« Eroded Faith »), tout en recouchant sur bande les errances glauques d’OBITUARY (« Thy Sanguine Altar »). Technique sans l’être, maie efficace au possible, ce premier album nous aménage même quelques espaces diaboliques, avec le renfort de chœurs sortis des enfers, et lorsque l’album se termine avec ses deux plus longs segments, on se rend assez vite compte que les KURNUGIA n’usurpent pas leur statut de musiciens au long parcours. « Decaying Serenades » retrouve ainsi le parfum immonde du CARCASS le plus mémorisable, concassé d’une violence à la SUFFOCATION, alors que « When The Moment Of Death Arrives » offre un épilogue en tout point charmant et envoutant, avec ses parties lourdes et mélodiques qui évoquent le futur du Death qui se dessinait aux alentours de 95/96.

Beaucoup de franchise donc dans cette réalisation, qui a défaut de surprendre, conforte. Un premier album carré aux entournures, qui certes s’ancre dans un formalisme vintage connu, mais qui nous permet de retrouver dans des conditions optimales les sensations éprouvées il y a fort longtemps. De quoi se replonger dans un autre temps, toujours d’actualité, mais terriblement actuel entre les mains d’expert en mise en terre.  

                                 

Titres de l’album :

                         01. Intro

                         02. To The Cursed Depths

                         03. Crown Of Suffer

                         04. Shroud Of Damnation

                         05. Pervert The Pious

                         06. Eroded Faith

                         07. Thy Sanguine Altar

                         08. All Consuming Grief

                         09. Decaying Serenades

                         10. When The Moment Of Death Arrives

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par mortne2001 le 01/07/2020 à 17:15
78 %    980

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


youpimatin
membre enregistré
02/07/2020, 10:32:43
"When the Moment of Death Arrives" est une reprise de Sentenced, le tout 1er titre de "Shadows of the Past" sorti en 1992.

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