Votre walkman fait la tronche. Il boude parce que vous ne lui donnez à jouer que de la fast-music, des trucs prêts à l’avance et bourrés de conservateurs pour ne pas se périmer avant l’heure. Alors, les piles fatiguent plus vite, le son grésille, et les médiums sont tristes. Pas étonnant, au vu des productions actuelles qui abusent de la normalisation, et qui placent le spectaculaire en avant, au détriment de la crudité. Comment faire sourire votre meilleur ami sans dépenser des sommes folles en chirurgie artistique ?
Peut-être en lui insérant le dernier album des américains de WRAITH.
Ces originaires de l’Indiana ont toujours été en marge, bizarres, peu fréquentables. Depuis 2016, ce quatuor un peu méchant et pas très avenant nous explique que le mélange des genres sauvera la société, et se complait dans un registre hybride, mêlant la noirceur du Blackened Speed, le radicalisme du Thrash, et la rébellion du Punk le plus métallique. Nous avons déjà pu juger du potentiel blasphématoire d’un tel mash-up, via trois albums pleins, complets, colériques et intense.
Et sourds aussi.
Aujourd’hui, la référence Prosthetic Records nous présente le quatrième méfait de ces loups sans meute (Matt Sokol - guitare/chant, Mike Szymendera - batterie, Jason Schultz - guitare et Mike Drysch - basse et fraichement embarqué). Un album à la pochette parfaite, qui résume assez bien les conditions dans lesquelles nous vivons depuis des années. Ecrasés par la peur, environnementale, sociale, économique et éthique, avec toujours plus de menaces, naturelles ou non, qui cependant, peinent à effrayer les masses sceptiques qui continuent de croire que la haine et le protectionnisme sont les seules armes efficaces contre la dérive globale.
Ici, la haine est justement tournée vers les acteurs principaux de la désinformation. Les médias, les gouvernements, les réseaux sociaux, et tout ce qui propage des idéologies rances. Musicalement, le quatuor n’a évidemment rien changé à son approche, et continue de ramer en attaquant la falaise. Nous avons donc droit à ce parfum un peu acide des années 80, à cette sueur nineties qui coule des aisselles, et à cette fascination pour les grands contestataires, MOTORHEAD, BATHORY, AT WAR, GBH, GENOCIDE, et j’en passe des moins évidents.
Construit sur les idées les plus simples possibles, Fueled By Fear noircit le tableau déjà pas très clair, et développe un Metal assombri, mal dégrossi, rude et impoli, qui plaira une fois encore à tous les amateurs de violence basique et crue. On peut presque sentir l’odeur des caves, dans lesquelles se trament des deals pas toujours honnêtes, et un morceau aussi sale et lourdingue que « Warlord » en dit plus long qu’il ne le faut sur la faune interlope constituant la fanbase de ce combo.
Il est difficile de faire plus vilain et attachant à la fois. Lorsque le tempo s’envole sous les baguettes de Mike Szymendera, le parrainage de VENOM montre sa générosité, et lorsqu’il redescend dans les tours, la visite des parrains HELLHAMMER et DESTROYER 666 est marquée par des grimaces et autres blagues idiotes. Mais qui nous font toujours rire.
Sorte de comment vas-tu’yau d’poêle Punk et Speed, Fueled By Fear ne nécessite pas vraiment d’explication ni de démonstration. Le principe est connu depuis Heed the Warning, et respecté depuis à la lettre ou au gros mot près. Un Heavy Metal boosté à la Mad Max des ténèbres, pour un aller-retour dangereux entre la Citadelle et Pétroville, constamment escorté par une bande de motards dépenaillés et aussi tarés que des poules sans tête. Néanmoins, n’occultons pas la finesse d’instrumentistes qui sont moins grossiers qu’il n’y parait. Avec son lot de mélodies simples mais effectives, ce quatrième album prouve que les gus s’y connaissent en histoire de l’extrême, avec pour exemple le très roublard « Hell’s Canyon », qui sonne comme du SLAYER vs EXODUS dans une arène post-apocalyptique.
Peut-être un peu trop riche et abondant eu égard à son style monolithique, Fueled By Fear tient quand même la route, et garde le cap à une vitesse constante. On a connu guerrier plus tordu et plus doué, on a expérimenté des aventures plus rosses, mais le capital sympathie des américains leur permet de rester en phase avec leur époque, sans nous les briser avec l’opportunisme ou le jeunisme.
Carré d’épaules, les poings serrés, WRAITH continue de vomir sa bile noire sur la sophistication et l’ouverture d’esprit. Un peu ronchon, Punk comme un cochon, le groupe suit une trajectoire rectiligne et nous donne régulièrement de ses nouvelles qui ne le sont pas vraiment.
Votre walkman a retrouvé son énergie en tout cas. Vous pouvez dès à présent reprendre votre petite balade en ville, le regard noir et les clous menaçants. Encore quelques petites vieilles à impressionner, et vous pourrez regagner votre banc. Oui, il est à vous puisque votre surnom est gravé dessus au couteau.
Titres de l’album :
01. Asylum
02. Fueled by Fear
03. Horses and Hounds
04. Shame in Suffering
05. Code Red
06. Ice Cold Bitch
07. Warlord
08. Merchant of Death
09. Heathen’s Touch
10. Hell’s Canyon
11. Vulture
12. Shattered Sorrow
13. Truth Decay
14. The Breaking Wheel
Ah ah ce message d'au revoir est magnifique"Je dois y aller maintenant… chercher un boulot et jouer à Roblox avec mon fils…"
31/05/2025, 09:12
@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....
30/05/2025, 09:39
Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.
29/05/2025, 22:28
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
24/05/2025, 07:15
Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)
23/05/2025, 19:55
Je chiais encore dans des couches à la grande époque du Morrisound, et pourtant si je fais un top 10 de mes albums de chevet tous styles confondus, la moitié (au moins) aura été enregistré dans ce studio. Le genre de lieu qui a marqué notre sc&egra(...)
22/05/2025, 17:52
Si ce qu'il dit est vrai c'est quand même bien bas comme méthode de "licenciement", surtout venant d'un groupe qui prône ouverture, tolérance et respect à longueur de show (ironiquement par sa propre voix en plus...).
21/05/2025, 17:13
J'aime bien ce groupe... c'est dommage que cette collaboration se termine ainsi... En tous cas, faut que je jette une oreille à Downstater...
21/05/2025, 16:13