Full Metal Conviction

Wormeat

26/02/2021

Autoproduction

Comme d’habitude, je zone sur les Bandcamp pour traquer la nouveauté, et après quelques longues dizaines de minutes perdues dans les limbes, je tombe sur l’album d’un groupe de Thrash français qui m’a l’air de sentir très bon la violence. Mais en jetant un coup d’œil au tracklisting, le doute m’assaille : ces musiciens sont-ils tête en l’air au point de reprendre des intitulés déjà fameux, ou bien cet album ne serait-il qu’un exercice de style ? Deuxième solution, puisque ces originaires de Salon de Provence sont tous sauf des néophytes un peu crétins, et qu’ils ont déjà exprimé leur passion pour le Heavy Thrash il y a deux ans. Première constatation, les informations les concernant sont plus difficiles à dénicher qu’une décision sensée de la part de notre gouvernement. Aucune indication de line-up, aucune date de formation, mais las, tout ceci n’a pas grande importance. Au moment d’apprécier cet album pour ce qu’il est, vous n’avez que deux choses à savoir. Les ouest-sudistes s’y connaissent en maniement de leur instrument, et se sont attaqués à certaines des œuvres les plus respectées du patrimoine Thrash mondial.     

Il faut quand même être sûr de soi, méchamment culotté ou totalement inconscient pour proposer un répertoire pareil. S’attaquer à des monolithes comme SEPULTURA, SLAYER, ANNHIHILATOR, VENOM, MEGADETH et autres EXODUS demande une bonne dose d’inconscience, et le rendu n’est pas toujours à la hauteur de la passion. Et histoire de bien préciser le contexte, les gus n’ont pas opté pour le lifting ou la reprise décalée. Ils ont repris à leur sauce à la croche près les originaux, s’exposant donc à une comparaison directe, ce qui n’est pas le défi le plus facile à assumer lorsqu’on est un jeune groupe.

Pas d’acoustique donc, pas de Pop, pas de Metalcore ni de Fusion, juste du Thrash, du Heavy, et des chansons que tout le monde connaît par cœur, puisque en sus, les WORMEAT n’ont pas pioché dans les inédits ou les titres méconnus. On aurait pourtant apprécié des options plus feutrées, mais n’ayant pas le droit de remettre en question les choix du combo, autant apprécier ces reprises pour ce qu’elles sont, des hommages très fidèles à des « tubes » Thrash que tout le monde a air-guitaré au moins une fois dans sa vie, ou beuglé à plein poumons.

Du Thrash donc, à une seule exception près, celle d’ACCEPT qui se fraie un chemin via son éternel « Balls to the Wall ». Et dès l’intro du séminal « Arise » de SEPULTURA, reprise telle quelle, la donne est donné, et le ton à la mayonnaise. L’ambiance sera respectueuse ou ne sera pas, et les différences commencent déjà à pointer le bout de leur sentence. Le résultat n’est pas catastrophique, loin de là, et se montre plutôt jouissif, mais les limites d’un chanteur qui a du mal avec l’anglais (au moins autant que Max à l’époque de Schizophrenia), et les plans appropriés à la demi-croche près font qu’on a parfois le sentiment d’écouter un cover-band live, qui fait ce qu’il peut pour se montrer à la hauteur de ses idoles. Si « Arise » passe sans trop de mal, si « FFF » de MEGADETH est appréciable en l’état, TESTAMENT place la barre plus haute avec ses nuances, et on regrette évidemment le toucher d’Alex et la voix gravissime et tonitruante du géant Chuck Billy.  

Par contre, le groove inimitable de Jeff Waters sur l’entraînant et entêtant « Stonewall » est imité à la perfection, et le résultat probant, même au niveau du chant, qui supporte très bien le son clair. KREATOR de son côté, en confiant son up tempo « People of the Lie » se voit gratifié d’une version tout à fait crédible et hargneuse, et certainement la plus convaincante du lot. L’aération presque Hard-Rock du blasphémateur « The Antichrist » de SLAYER permet de contourner le son daté de Show no Mercy, et le refrain entonné façon Death durcit un peu l’ambiance. Et si le chef d’œuvre « Strike of the Beast » d’EXODUS pâtit évidemment de l’absence hystérique du timbre de sorcière de ce bon vieux Paulo, l’instrumental galope à bonne vitesse, et évoque même la relecture personnelle de Gary Holt sur Let There Be Blood.

Mais la véritable surprise de cet album qui n’en contient que très peu, est évidement cette clôture complétement barge sur laquelle WORMEAT se lâche sur le pamphlet épique et magnifiquement grotesque (dans le sens noble du terme) de VENOM, « At War With Satan ». Le combo de Salon de Provence n’hésite pas, et se frotte aux dix-neuf minutes du morceau d’origine et en propose une version actualisée et agrémentée de quelques fantaisies, qui donne l’eau à la bouche. Le chant parvient même par intermittence à nous rappeler les invectives paillardes et rauques de Cronos, même si le phrasé est moins coulé et à l’aise avec Shakespeare. Mais quel délicieux dessert que celui offert par cette version évidemment très fidèle, mais savoureuse en oreilles. Oser se coltiner un tel titre en dit long sur la passion de ces mecs, qui auraient pu opter pour la facilité d’un « Black Metal » ou d’un « Witching Hour », beaucoup plus consensuels et faciles à reproduire.

Du coup, Full Metal Conviction prend une jolie plus-value dans la tronche, d’autant que l’album est disponible sur le Bandcamp du groupe gratuitement. Il n’est évidemment pas l’album de reprises du siècle, mais en tant que témoignage d’une fascination pour le Thrash, il nous ramène directement à notre adolescence, lorsque nous découvrions ces pépites dans leur version d’origine. Une façon comme une autre de se faire plaisir en nous faisant plaisir. Et du beau travail en fin de compte.  

       

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Arise (Sepultura cover)

02. FFF (Megadeth cover)

03. Disciple of the Watch (Testament cover)

04. Stonewall (Annihilator cover)

05. Balls to the Wall (Accept cover)

06. People of the Lie (Kreator cover)

07. Medusa (Anthrax cover)

08. The Antichrist (Slayer cover)

09. Strike of the Beast (Exodus cover)

10. At War with Satan (Venom cover)


Bandcamp officiel


par mortne2001 le 22/07/2022 à 17:59
78 %    440

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