Histoire de changer un peu du Hard mélodique, du Black féroce, du Thrash insistant, de l’avant-gardiste élitiste, de l’AOR chatoyant, et de tout ce qui constitue mon univers quotidien, j’ai décidé de m’intéresser au cas des australiens de COLD MEAT, qui ne sont pas les plus faciles à débusquer sur la toile. En effet, mis à part un lien guidant vers le Bandcamp de leur label, les cousins de Perth ne sont pas très présent sur les internets, mais en faisant-fi du manque d’informations, on parvient sans peine à trouver les mots pour les décrire. Ne comptez donc pas sur moi pour vous éclairer sur leur bio, introuvable, et je pourrais juste vous dire qu’ils ont déjà sorti une petite flopée de 7’’ comme tout bon groupe Punk qui se respecte. Oui, car malgré leur origine géographique et leur présence dans ces colonnes, les COLD MEAT n’ont pas grand-chose à voir avec ROSE TATOO, AC/DC ou AIRBOURNE, mais plutôt avec la scène Punk anglaise et ricaine des années 70, qu’ils remettent au goût d’un jour 2020 gangréné par les virus. Quatuor (Charlotte Thorne, Kyle Gleadell, Timothy Tittlemouse, Ashley Ramsey), le groupe est donc mené par une vocaliste qui n’a pas les paroles dans la poche, et qui chante comme à la grande époque de la libération des textes, à Detroit, Londres ou New-York, fin seventies. A l’écoute de ce premier long ne l’étant pas tellement (vingt-trois minutes), on pense à plusieurs choses, mais surtout à un charmant et abrasif mélange entre le Punk sauvage et sans concessions d’il y a quarante ans, et à son équivalent actuel, plus posé, mais pas moins revendicateur pour autant. Cela dit, les australiens ne se prennent pas pour des anarchistes en goguette, et n’hésitent pas à combiner des paroles politiques et des gags plus second degré, pour conférer à Hot and Flustered une aura assez spéciale, qui fleure bon la jeunesse rebelle et l’anarchie sympathique et bordélique.
Après quelques écoutes (et avec à peine vingt minutes de musique vous avez de quoi les multiplier), on pense à pas mal d’influences, dont le Post-Punk rigide de l’orée des eighties/mort des seventies (PIL, WIRE), au Punk féminin et féministe de la même époque (SLITS, X-RAY SPEX), mais aussi aux BIKINI KILL, aux SEX SNOBS, et en fait, à pas mal de choses toujours assez underground. Faisant preuve d’une énergie de tous les diables, les COLD MEAT sonnent même parfois comme des cousins enragés des GIRLS AGAINST BOYS (« Beach Photography »), et restent sur une ligne de conduite brute et raide. Cependant, quelques mélodies parviennent à se faire une petite place au milieu du chaos ambiant, toujours sous contrôle, mais suffisamment puissant pour retenir l’attention. Doté d’une production rêche mais étonnamment propre, ce premier LP fait donc honneur à la réputation de la scène Punk australe, et certains sites de référence n’hésitent pas à comparer nos quatre amis à KLEENEX, GOOD THROB entre autres allusions, alors qu’on sent en filigrane des traces de la théorie du « one, two, three, four » des RAMONES (« ZZ Top Hat », qui je vous le précise n’a pas grand-chose à voir avec le Rock sudiste). Plus bière cheap que bourbon de vingt ans d’âge, cet album à la fraîcheur de sa naïveté, et fait comme si le mouvement Punk historique trouvait encore un écho valide aujourd’hui, ce qui est évidemment le cas. Avec des titres très courts (deux seulement dépassent les trois minutes, sans lasser), les COLD MEAT frappent fort, débarquent comme des dératés pour repartir aussi vite, conscients du coup pas si fourré qu’ils viennent de nous jouer.
Alors, on pogote, tranquille, dans sa tête ou dans son salon, et on apprécie full volume ces hymnes à la débauche raisonnable, qui abusent du feedback, des riffs simplistes, des rythmiques ne l’étant pas moins (« Manic Mechanic »), et des répétitions à outrance. Mais il y a quelque chose d’essentiel dans ce naturel désarmant, et entre la voix vraiment prenante d’Ashley Ramsey, et les thématiques d’arrière-plan entre Post-Punk froid et Rock traité façon primate, le jus prend, la sauce monte, d’autant que les musiciens parviennent toujours à trouver le bon gimmick pour nous engluer (« Crawlers » et ses saccades étranges sur dissonances prononcées). D’ailleurs, le décalage entre ce beat simpliste au possible et cette guitare triturée en background n’est pas sans évoquer BLACK FLAG en version beaucoup plus sommaire (« Piscies Crisies », « Industry Sleaze », avec mêmes quelques soli écorchés comme un vieux greffier), mais toute proportions gardées, Hot and Flustered est l’image sonore de sa superbe pochette, un peu grotesque, un peu inquiétante (et signée Jen Calandra), à considérer comme un mélange hétéroclite d’influences parfaitement digérées. D’ailleurs, Kyle Gleadell n’hésite pas à en parler comme d’un mélange de chansons stupides et de critiques plus sérieuses, ce qui a le mérite d’être clair et parfaitement honnête. Une autre façon de voir le Punk, plus déviante, pas totalement Post, un peu Garage sur les bords, mais totalement enthousiasmant. De quoi supporter le confinement en braillant des hymnes en brouillon plus finis qu’ils n’en ont l’air.
Titres de l’album :
01. Piscies Crisies
02. Industry Sleaze
03. Womens Work
04. Bad Mood
05. Cinematic Fashion
06. Squirm
07. Beach Photography
08. ZZ Top Hat
09. Manic Mechanic
10. Crawlers
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19