Quand les genres se mélangent, ça peut donner un gigantesque brouet indigeste, une posture maladroite, ou un éclair de génie. Ou quelque chose entre tout ça. Je ne parle évidemment pas des genres masculin/féminin/autre, mais bien des styles musicaux qui n’aiment rien tant que s’emboiter sans protection. Les spécialistes du genre sont souvent japonais, mais les américains se défendent bien lorsqu’il faut aller chercher l’originalité un peu plus loin que le bout de la rue.
Sans aller jusqu’à évoquer les MR BUNGLE et autres THE NUMBER TWELVE LOOKS LIKE YOU, on peut raisonnablement citer un paquet d‘exemples parlants, et en rajouter un par-dessus le marché. Celui de FAETHOM, qui depuis plus de vingt ans joue les Arlequin destroy en plein festival de Venise. Sauf que leur Venise à eux c’est Fort Lauderdale en Floride, et qu’ils n’ont guère besoin de masque pour se singulariser.
Vingt et quelques années d’existence certes, mais pas plus de deux albums, et deux EPs. Le strict minimum donc, mais un ajout de taille à cette discographie, avec un troisième effort lâché l’année dernière. Soit sept ans après Fury of the Scorned Witch, pamphlet diabolique et envoutant, qui avait permis au culte d’alpaguer de nombreux fidèles.
Toujours emmené par le duo David Diacrono (guitare)/Mariela Muerte (chant, claviers), FAETHOM nous emmène donc dans ses cauchemars à la recherche d’images musicales choc, quelque part entre HELLION, DEATH SS, LIZZY BORDEN et ABSU. Du beau monde donc, pour une approche assez personnelle, entre Heavy Metal joué avec la conviction d’un Black Metal classique, et Dark Metal agrémenté de riffs plus catchy que la moyenne.
A la manière d’un SIGH, d’un HOLY MOSES ou d’un ARCH ENEMY théâtral, FAETHOM combine la sensualité et la puissance occulte, mariage célébré par la voix extraordinaire de Mariela Muerte, capable de feuler sensible ou de hurler comme une hyène perdue dans un champ de poules. La frontwoman au regard pénétrant n’a donc rien perdu de son pouvoir de conviction, et transcende toujours un instrumental chargé et fouillé, à la limite d’un Horror Heavy Black digne de la Commedia Dell Arte.
Vous voilà prévenus. Nous sommes très loin d’une simple accroche nostalgique facile, et ce Crossover géant a largement de quoi satisfaire les plus exigeants des décalés. Mais si le groupe sait comment s’y prendre pour nous faire perdre le fil, il n’en est pas pour autant un clown venu épater la galerie. Non, les chansons de ce troisième album sont solides, cohérentes, logiques, mais animées d’un esprit Halloween très prononcé, faisant directement référence aux concerts donnés par HELLION au début des années 80 dans une vieille bâtisse prétendument hantée.
Tout donc, mais surtout pas n’importe quoi. A l’image d’un négatif burlesque de nos chers STOLEN BABIES, les FAETHOM rendent hommage à KING DIAMOND, mais aussi à la scène Heavy italienne du début des eighties, avec nappes de claviers épaisses et longs passages instrumentaux sombres.
Un titre pouvant servir d’exemple, je mettrai le monstrueux « Sangre Mala Sangre » en avant eu égard à sa puissance assourdissante, et à la performance hallucinante de Mariela. Synthèse en quatre minutes de tout le talent de ce collectif grimaçant, « Sangre Mala Sangre » et son proto-Dark/Black Metal incarne ce que la nouvelle scène US peut proposer de plus excitant, entre violence, grandiloquence et agression des sens. Et le simple fait d’avoir enchainé avec le très mélodique instrumental spatial « Untraversable Force » en dit long sur la capacité de FAETHOM à alterner les strates et les ambiances.
Loin d’une vulgaire assemblée de bourrins ne considérant la musique que comme la somme de ses décibels, FAETHOM incarne le renouveau d’un Heavy Metal traditionnel, qui accepte des apports extérieurs. Un Heavy Metal qui se souvient de ses ancêtres, mais qui se permet d’actualiser leurs leçons avec un flair certain. « Feral » en est d’ailleurs une illustration extraordinaire, et une acmé formidable pour un album aussi intense que précis et varié.
Et finalement, on se moque de savoir si oui ou non les américains appartiennent à une caste particulière. Leur musique est aussi stimulante qu’un film d’horreur novateur, et Chaosmorphogoria s’écoute comme on lit un très bon ouvrage de science-fiction. Avec toujours en contrepoint d’une rythmique sauvage ces volutes de synthé qui allègent la pression, et en renfort ce chant diabolique et possédé, ce troisième album frôle la perfection dans son style, qui reste encore à définir.
Ou pas.
FAETHOM, absent des écouteurs depuis sept ans a donc réussi son comeback, et nous offre un décorum riche et pas toc. Tic-tac, les années passent, mais la créativité reste intacte.
Titres de l’album:
01. Rise of Tien-nen-thal
02. Blackfire Star
03. Ancient Powers That Be
04. Goregantuan
05. Sangre Mala Sangre
06. Untraversable Force
07. Feral
08. Final Cosmic Warcry
09. Strike Thunder, Rebel!
10. Chaosmorphogoria
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19