Un retour qui fait plaisir aux oreilles, celui des toulousains d’EVIL-MINDED, trois ans après la première claque Into the Jaws of Death qui avait justement décroché la mâchoire de la mort au point de la faire ressembler à un zombie made in The Walking Dead. Après avoir décroché un contrat de promotion et de distribution avec M.U.S.I.C. Records, le quatuor a profité du confinement pour peaufiner ce deuxième album, qui se devait impérativement de tenir la dragée haute à son prédécesseur. Et s’il est encore tôt pour savoir si le cadet est plus musclé ou futé que l’aîné, nous pouvons déjà nous faire un avis sur la question, puisque le groupe nous a largement laissé le temps de nous faire un avis.
Avec une heure pleine de musique, EVIL-MINDED a vu les choses en grand, et n’a pas joué les pingres. On sait qu’une durée généreuse est parfois un écueil dangereux à passer, et si la redite n’est pas totalement absente de cette réalisation, les toulousains ont quand même eu l’intelligence de la contourner avec quelques astuces d’arrangements et de chœurs.
Romain Bourgeois (guitare), Jonathan Jourdan (batterie), Jonathan Sendrané (chant/guitare) et Damien Oliveira (basse) ont donc composé le meilleur pour satisfaire leur fanbase, en ajoutant à leur Heavy Metal lyrique et flamboyant des éléments de Folk, de Power Metal, pour parvenir à un mélange homogène et galvanisant. Le moral est donc au beau fixe pour la troupe, qui peut encore s’attirer les grâces des fans de la NWOBHM, de MAIDEN et de ceux plus généralement portés sur le Heavy noble et non édulcoré. Ici, on compose comme si l’éphéméride était resté bloqué sur les années 1986/1987, et si le tout est aussi nostalgique qu’une série Netflix, il n’en est pas moins attachant, savoureux, fier et susceptible de faire des envieux.
Cette superbe pochette une fois de plus dessinée par Mario Lopez intrigue les yeux, fascine, et donne envie de se plonger dans une œuvre créée avec le cœur. Il est en effet très difficile de ne pas dodeliner en écoutant le folklorique « The Eternal City », hymne pour flibustiers restés à terre, de taper du pied le regard dur en dégustant le riff classique de « Filibuster », ou de se sentir happé par le temps, vers un passé très lointain qui acceptait les têtes sur les piques et les condamnations immédiates sur fond de soulèvement populaire (« 1789 »).
Hard n’Heavy, subtilement lourd mais réellement énergique, Lucy’s Fate est le genre d’album qui se sert de la nostalgie pour faire passer son message, mais qui ne se contente pas de reproduire bêtement des schémas classiques. On note donc une réelle volonté d’adaptation à l’époque dans cette production incroyablement efficace, qui laisse la basse rouler des graves et les guitares déchiqueter l’espace, le tout saupoudré d’arrangements vocaux héroïques.
En combinant le meilleur des deux mondes, entre ces eighties royales et ce nouveau siècle qui regarde en arrière, EVIL-MINDED fait une belle opération, et se place dans le peloton de tête des groupes prometteurs qui ont justement tenu leurs engagements. Même avec soixante minutes de jeu effectif, Lucy’s Fate ose des choses un peu étranges, comme cet instrumental endiablé « London Vampire », puissant et suceur de sang, ou ce title-track superbe et ambiancé « Lucy’s Fate », point fort d’un album concept que l’on lit avec les oreilles.
Le centre de l’album, loin d’un ventre mou est au contraire fait d’abdominaux d’acier, avec quatre morceaux s’étalant sur presque trente minutes. Les riffs sont persuasifs, le chant de Jonathan Sendrané un peu flottant mais lyrique à souhait, et l’osmose entre les quatre musiciens semble palpable au travers des écouteurs du casque. Unis comme jamais, les quatre hommes ont donc cherché la perfection dans la sincérité, et nous livrent un album inattaquable sur la forme, comme sur le fond.
Il s’adresse évidemment à ceux très attachés à des valeurs passéistes, mais dans le sens le plus noble du terme. En se laissant une marge de mouvement conséquente, le groupe tâte du Power, du riff thrashy, de l’ambiance moite et de l’hymne en folie, et lorsque la vitesse explose sur « Unmerciful Life », on prend conscience du caractère touche-à-tout de ce Lucy’s Fate qui refuse de se laisser cloisonner dans une prison trop exiguë.
Des idées qui percutent, des mélodies qui restent an la tête, un voyage au travers des siècles, pour un second né aux ambitions affichées, encore un peu jeune pour monter sur le trône, mais au caractère déjà bien trempé. Merci donc à la pandémie d’avoir obligé EVIL-MINDED à composer, pour nous livrer un travail impeccable et fédérateur.
Heavy Metal forever.
Titres de l’album :
01. The Evil Within
02. The Last Strike
03. The Eternal City
04. Filibuster
05. 1789
06. London Vampire
07. Lucy’s Fate
08. Weighing of the Heart
09. Trust My Lies
10. Unmerciful Life
11. Rock Squadron
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
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Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
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02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
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ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36