Voilà qui fait du bien et qui réveille. Vous savez, comme lorsque vous somnolez au volant avant de manquer de percuter un chevreuil ou un sanglier. Tout à coup la torpeur se transforme en panique, le cœur battant la chamade, semblant marquer le rythme d’un album de Thrash joué à fond les ballons. Et bien le second exploit des australiens de BATTLEGRAVE reproduit à merveille cette sensation, entre halètements de porc en transe et abattage massif d’une forêt canadienne par une armée de bûcherons zombifiés.
Mais les amateurs de chaos maîtrisé connaissent déjà très bien ces deux trublions, Clint Patzel (guitare, basse) et Rohan Buntine (chant, textes), puisqu’ils ont déjà sorti une œuvre en 2018, au moins aussi intense que ce Cavernous Depths. Relics of a Dead Earth nous présentait un monde post-apocalyptique, à grand renfort d’effets de manche, d’accélérations fatales et de riffs radioactifs. Aujourd’hui, la fin de la race humaine a été actée, et les deux malandrins se proposent de nous faire plonger dans les entrailles de l’horreur, avec toute l’expérience de guides de l’extrême bien rodés à l’exercice de la surdité fulgurante.
Pour baliser un peu le parcours, remémorez-vous la science exacte des frangins Moyses M et Francis M au sein d’INCUBUS, le premier et terrassant EXHORDER, la maladie mentale des DEMOLITION HAMMER, le parcours hors-norme de SADUS, et tout ce qui peut vous empêcher de tomber dans le gouffre de la désolation, tout en étouffant vos illusions dans un mouchoir de violence. Les BATTLEGRAVE font partie de cette caste rare de bourrins qui ont des choses à dire, et qui manipulent les codes avec un flair incroyable. Tour à tour Death/Thrash ou Thrash/Death, Cavernous Depths est une petite merveille d’attaque frontale sans lampe, qui réveille les démons les plus enfouis dans les entrailles de l’enfer. Et faites-moi confiance, réveillés de façon impromptue, les dits-démons ne vous chantent pas la Traviata en préparant un expresso.
BATTLEGRAVE est plus qu’un simple duo ou un groupe lamb(a)da, c’est une formule à l’emporte-pièce qui vous arrache les tympans et vous immobilise les jambes, afin que vous ressentiez le souffle de la colère diabolique, sans pouvoir échapper au massacre. Un genre de partouze entre entités démoniaques entre deux coups de fourche dans l’oignon, et un morceau aussi ouvertement violent que « Relentless » en dit plus long sur le ressentiment chaotique des deux australiens que bien des descriptions.
Bien que d’une durée tout à fait raisonnable, cet album passe très vite, eu égard au nombre de plans, de riffs, de breaks, d’accélérations, de décélérations et autres phrasés de chant infernaux. Pour être honnête, cette démarche foncièrement brutale pourrait se résumer à un seul titre, modèle du genre : « We Die Here ». On crève ici, dans les profondeurs d’un monde déjà mort, et on encaisse ces blasts typiques d’un Death teigneux et impitoyable, tout en savourant ces mélodies circulaires, plus sadiques que rassurantes.
Au bord du précipice bordélique, BATTLEGRAVE nous décrit une scène de bataille violente et sanglante, en associant la brutalité du Death et la fluidité belliqueuse du Thrash. Le mélange est donc parfait, bien que penchant souvent du côté Death où il risque de sombrer, et les morceaux s’enchaînent à une cadence folle, à rendre Guy Lux totalement épileptique et satanique.
On aime cette façon de nous bousculer sans détours sur « Obsessions Gate », hymne barbare que les huns d’Attila auraient pu utiliser comme bande-son de leurs carnages. On adore cette dualité vocale entre des cris de folie et des grognements de belette enragée, et on exulte lorsque le compteur monte dans les tours à l’occasion du terrifiant « White Death », et ses deux minutes de haine viscérale. Mais on aime tout sur cet album, parce qu’il va à l’essentiel non sans semer quelques petites prouesses techniques sur son passage. Avec des soli tout à fait respectables et hystériques, un beat martelé comme un tortionnaire arrache des réponses à son otage, des montées dans les tours qui donnent le tournis en mode 5G en plein ciel de feu (« The Black Vortex »), et s’il n’y avait cette petite pause via l’interlude calme « Undying », tout Cavernous Depths ne serait que taloches, pains, coups de boule, os brisés et colonne vertébrale massacrée.
Si vous aimez votre Death/Thrash méchamment relevé et bouillant alors jetez-vous sur le deuxième album des malades australiens de BATTLEGRAVE. Vous en sortirez complètement barge, mais heureux d’appartenir au clan restreint des masochistes de la cause. Un bref internement est tout de même à prévoir en cas d’écoutes répétées trop rapprochées.
Titres de l’album :
01. Violent Conjurations
02. Relentless
03. Cavernous Depths
04. We Die Here
05. Obsessions Gate
06. White Death
07. Undying
08. The Black Vortex
09. Bleak Future
10. PT III Retribution of the Witch
Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)
07/07/2025, 13:18
j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant !
07/07/2025, 12:48
Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)
07/07/2025, 07:36
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25