Sur ce coup-là, on ne peut pas dire que je sois à la mode, puisque c’est avec un an de retard que je chronique le troisième EP des américains de DEPRAVER. Mais l’essentiel est d’en parler, tant ce quatre titres respire la méchanceté d’un Blackened Thrash purement sud-américain, alors même qu’il a été conçu dans les caves de Californie. Pour info, cette hydre à trois têtes a vu le jour en 2012, la fameuse date de fin du monde selon les mayas, et finalement, il est possible de voir cette naissance comme celle d’un antéchrist musical prêt à mettre le monde à feu et à sang. Composé de deux tiers de males en rut (The Sewagist - batterie et Rat Kicker - guitare/chant), et d’un tiers de féminité agressive (Violet Death - basse), DEPRAVER est à la hauteur de son nom, ce que nous savions déjà après avoir encaissé les chocs successifs de Suffering in the Coffin l’année dernière, et d’A Crippling Crush il y a déjà huit ans. Rien de révolutionnaire donc à attendre de ce troisième né, Martyrs to an Absent Savior, qui une fois encore se vautre dans la paillardise d’un Thrash joué façon Death, et rappelant les exactions brésiliennes des années 80. En gros, du SODOM, KREATOR joué par les SEPULTURA de début de carrière, avec de sales traces au fond du slip de SARCOFAGO, BLASPHEMY, mais enrobé dans un professionnalisme que ces mêmes combos n’ont pas connu en temps et en heure. Du gros Thrash brouillon mais efficace, qui profite d’une frappe totalement affolée d’un batteur investi par son rôle de métronome tournant fou, le tout méchamment crémé d’un chant abyssal et revanchard, qui semble célébrer le malin à chacune de ses harangues.
Efficace à défaut d’être original, tout ça sent bon le DARKTHRONE joué à l’Allemande, et les hits maléfiques s’enchaînent sans temps mort, d’autant que l’EP ne dure même pas vingt minutes. Mais sur un titre de la trempe de « Witches Mass Reigns », le trio fait preuve d’un certain panache dans la violence, parvenant même à rappeler le MORBID ANGEL des premières démos, ce qui en dit plus long qu’il n’y paraît sur les capacités de ces trois marsouins. Loin de se contenter de déflagrations immédiates, les californiens agencent leurs idées et leurs plans, osant même une optique progressive un peu gauche, et en tout cas, une volonté plus évolutive que la moyenne. Profitant d’un son étonnamment bon pour ce genre de réalisation, les trois lubriques nous assomment de riffs méchamment catchy, notamment celui qui entame le possédé « Into Demonic Wombs », qui empeste les favelas brésiliennes. Cassures fréquentes, guitare qui a certainement été passée par une tête à transistors avant d’être captée par une cabine Leslie, basse inexistante ou si enterrée dans le mix qu’elle ne peut qu’attendre des motifs plus mélodiques pour se faire une place, tempi souvent épileptiques, mais entre de nombreux breaks qui relancent la machine, des thématiques empruntées au BM des années 90, et même des passages plus sincèrement Doom, le résultat est assez bon, et même bon, puisqu’on en vient à regretter la brièveté de l’objet en question.
Emballé dans une pochette noir et blanc rappelant joyeusement les années de tape-trading, Martyrs to an Absent Savior est donc un joli concentré de vilénie satanique qui nous replonge dans les affres des années 80, lorsque les musiciens les plus tarés découvraient les joies de la bestialité. On pense évidemment à l’écurie Cogumelo, mais aussi à une forme très larvée de POSSESSED jouée par des punks n’ayant pas oublié comment manier leurs instruments, et on constate assez rapidement que sous des atours primaires (pseudos rigolos, titres évocateurs, grossièreté du son), les DEPRAVER sont loin d’une simple assemblée de pervers uniquement obsédés par le bruit et la fureur. Ces musiciens en sont vraiment, mais aussi d’habiles compositeurs, parvenant à retenir notre attention sur plusieurs minutes, en ne se contentant pas d’un riff unique répété ad nauseam. Non, la guitare se montre volubile, vole entre la Californie, le Brésil et la Norvège, et même si certaines idées se répercutent d’un titre à l’autre, l’homogénéité de l’ensemble est patente, et les variations évidentes. Un EP qui mérite largement le détour, et qui méritait aussi d’être évoqué avec un an de retard. Espérons que les drilles pas si joyeux nous gratifient bientôt d’un LP en bonne et due forme, leur propension à dissimuler leur technique sous un esprit potache méritant clairement un approfondissement.
Titres de l’album:
01. Martyrs to an Absent Savior
02. Witches Mass Reigns
03. Into Demonic Wombs
04. Seething with Blood and Gore
Superbe ce papier avec un chroniqueur qui, ça se sent, a vécu l'époque Roadrunner et sa superbe compilation (a la non moins superbe pochette) Stars on Thrash.Achat obligatoire.P.S : Euh moi une ex m'appelle pour prendre de mes nouvelles et me proposer (...)
19/03/2024, 12:13
Très cool de découvrir ce groupe ! La présentation est plus fluide mais il faudrait laisser la place à un extrait à mon avis et ça permettrait de mieux rythmer la vidéo.
19/03/2024, 08:17
Perplexe également.Dehydrated et Out of the Body (Out, pas Ovt sans déconner ! C'est quoi leur manie de remplacer les U par des V ?) sans Martin Van Drunen, j'ai même pas assez de curiosité pour écouter ce que ça peut donner.
19/03/2024, 07:52
J'avais aimé le premier Vltimas. Il fait partie de cette tonne d'albums que l'on oublie mais qu'on ressort de temps à autre pour se les repasser et se dire "ah ouais, c'est pas mal" avant de les remettre en place.J'ai écout&eacut(...)
19/03/2024, 07:43
Tant mieux pour ceux qui aiment moi ils me font chier avec cette fétichisation du metal old school.
18/03/2024, 17:37
J'aime bien le principe de réenregistrer des classiques pour voir ce que ca donne avec un son actuel. Le problème est double ici : réenregistrer des morceaux récents n'a que peu d'intérêt, et surtout en me basant sur le titre mis en é(...)
18/03/2024, 13:13
Oui, et non. Dans le sens que s'ils veulent vendre leur compile qui sent très fort le réchauffé, il vaut mieux qu'ils écoutent un minimum la base de fans qui seraient potentiellement intéressés par l'objet (et ils ne sont pas Maiden qui peu(...)
18/03/2024, 08:05
J ai adoré ce film qui m'a fait connaître ce groupe. Depuis je me repasse leurs tubes.
17/03/2024, 14:07
J’ai pris la version cd version digipack plutôt que le vinyle car il y avait 3 titres bonus .trop tôt pour donner un avis mais je ne m’ennuie pas, sans être transcendant mais on peut pas exigeant avec ce groupe et une telle carrière. Cela dit il fai(...)
16/03/2024, 11:55
Bon...Pour l'instant, je ne l'ai écouté qu'une seule fois...Mais dans l'ensemble, j'ai été quelque peu déçu.La faute à un côté Power bien trop présent tout au long de l'album.
13/03/2024, 07:24
groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom. FOUR
13/03/2024, 06:17
Commande faite direct au label.Hâte d'écouter les nouvelles versions de The Song of Red Sonja ou The Thing in the Crypt.Meilleure nouvelle de la semaine,Merci pour la chronique en plus hyper favorable
11/03/2024, 15:32
Terrible.Déjà que le EP envoyait sévère dans la veine Wotan, early Blind Guardian ou Manowar, voici l'album !Achat obligatoire
11/03/2024, 14:55
toujours pas de Phobia à l'affiche.... j'y ai cru pour les 25 ans et tout ...
11/03/2024, 07:39