Du Metal, du vrai, du pur, du puissant, forgé dans l’acier trempé, et brandi comme une épée de conquête. Voilà l’image qui me vient à l’esprit après avoir digéré le dernier album des suédois de MINDLESS SINNER. Je connais ces musiciens depuis très longtemps maintenant, puisque je les avais découverts à l’occasion de leur premier album, Turn On the Power, qui à l’époque naviguait dans des eaux légèrement moins agitées. Le parcours de ce quintet a d’ailleurs été tout sauf un fleuve tranquille, puisque de nombreuses séparations ont émaillé sa carrière, avec une stabilité enfin acquise dans les années 2010. Quatre ans après l’explosif Poltergeist, MINDLESS SINNER revient donc avec une nouvelle cargaison, qu’ils ne comptent pas brader. Et pour cause, sa qualité est largement au-dessus de la moyenne.
Inutile de marchander donc. Metal Merchants n’est pas un petit stand de foire maigrement achalandé, mais bien une attraction commerciale comme peu d’autres, avec son lot d’hymnes et de refrains de fer, dans la plus grande tradition d’un Metal intégral, quelque part entre SAXON et PRIMAL FEAR. De la nostalgie donc, mais pas trop. Il ne s’agit pas de faire les soldes vintage pour ramener quelques deniers au pays, mais bien de vendre le stock à un prix raisonnable. Et vu la valeur de l’acier de nos jours, vous allez faire une sacrée affaire.
Mais comment ne pas prendre au sérieux un groupe qui entame son cinquième long par un burner de la trempe de « Speed Demon » ? Je l’avoue, ce titre introductif a balayé les quelques doutes qui substituaient sur mon clavier, en déclenchant une véritable tempête de plaisir dans mon cerveau fatigué. Des guitares en constant rendement, une rythmique solide et inépuisable, et un chanteur au timbre profond, qui rappelle d’ailleurs Biff Byford et toute la clique anglaise de l’axe 1979/1982. Production énorme, aisance indéniable, panache incroyable, MINDLESS SINNER a les crocs, et garde précieusement son éthique pour ne pas trahir ses fans de longue date. Qui seront d’ailleurs enthousiasmés par ce tracklisting varié et aéré. Car loin du prosélytisme gênant, le quintet sait moduler ses arguments pour toucher tout le monde, et pas seulement les accros au Metal à la Kro.
Magnus Danneblad (guitare), Christer Göransson (chant), Jerker Edman (guitare), Christer Carlson (basse) et Linus Melchiorsen (batterie), soit quatre/cinquièmes d’un line-up historique, savent parfaitement ce que leurs hordes attendent d’eux. Des chansons à reprendre en chœur dans la rue ou dans l’intimité d’une chambre décorée de dizaines de posters. Alors, il donne, il se donne, utilise les mélodies pour apporter un peu d’air frais, et bande les muscles lorsque les BPM frappent à la porte. La sensation est évidemment classique, mais toujours aussi plaisante. Car entre deux ruades de pur-sang, le groupe insère des moments intimistes, avec harmonies vocales sur tapis de guitares en fusion, mais pas insensibles pour autant. Et si ces dits-moments ne durent jamais très longtemps, ils permettent de plaquer des intros accrocheuses menant sur un up tempo bondissant en diable (« Mountain of Om »).
Bien sûr, les inévitables « ohohohohoh » pourront irriter les allergiques à la sauce allemande, mais ils sont partie intégrante de ce concept rétrograde, qui regarde vers le passé pour assaisonner son présent. Et comme la recette fonctionne, on laisse ses reproches du placard, d’autant que la paire de guitaristes nous gratifie d’interventions en solitaire dignes des meilleurs moments de THIN LIZZY ou IRON MAIDEN. Ou même d’une belle complémentarité à la HELLOWEEN.
Epique, repique et colle au gramme, Metal Merchants est un chevalier fier sous son armure, qui arpente les sentiers afin de sauver la veuve et l’orphelin percé. « Metal Merchants » a de quoi rassurer en tant que title-track, et réchauffe les cœurs des nostalgiques en pleurs qui regrettent leur Metal des années 80. Ne pleure plus mon petit, ce Metal est encore là aujourd’hui, et tient la forme, entre agressivité à la DIAMOND HEAD (« Let’s Go Crazy »), rythme chaloupé à la SAXON (« Believe in Me »), et trépidation enjouée et solidement tressée (« Monsters »).
S’il est évident que les textes ne nous plongeront pas dans une encyclopédie universelle du savoir général, la musique fait oublier ces quelques clichés entre Metal et Steel, que MANOWAR nous refourgue depuis ses débuts. Pas de slip de peau, pas de posture de héros, MINDLESS SINNER se satisfait très bien de ce purisme de surface, se concentrant plus volontiers sur les arrangements et la production que sur les gimmicks de fonction. C’est ce qui permet à « Carry On » de virevolter comme du PRETTY MAIDS repris par VULTURE, et qui apporte à cette réalisation toute la conviction dont elle a besoin.
Généreux, le groupe nous offre pas moins de trois titres en bonus pour prolonger le plaisir et passer l’heure de jeu sans avoir l’impression de trop anticiper les désirs. Si l’intérêt de ces morceaux reste à la discrétion de chacun, ils sont une plus-value non négligeable, et résument assez bien le côté le plus médium de musiciens versatiles, mais pas trop.
Vous pouvez donc sortir votre portefeuille et dire adieu à quelques billets. Metal Merchants est un deal qu’on ne peut se permettre de manquer, tant il incarne la juste valeur d’un Heavy Metal du passé. Et s’il y en a un peu plus, laissez couler. Les suédois ne risquent pas de vous le facturer.
Titres de l’album :
01. Speed Demon
02. Metal Merchants
03. Carry On
04. Third Time’s a Charm
05. Hedonia
06. Mountain of Om
07. Let’s Go Crazy
08. Believe in Me
09. Monsters
10. Storm of Steel
11. My Hometown (Bonus Track)
12. The Chosen One (Bonus Track)
13. A Madman is Crying (Bonus Track)
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