Il y a quelques années (un certain nombre quand même), tomber sur un album aux réminiscences eighties était toujours une excellente surprise. Qui en effet n’a jamais rêvé d’un album inédit réveillant ses jeunes années de découverte, rappelant les heures passées chez les disquaires à traquer la dernière sensation Heavy venue des Etats-Unis, ou l’exaction bruitiste d’outre-Rhin qui allait rendre les copains fous de jalousie ? Le plaisir n’en était que décuplé proportionnellement à la rareté de ces œuvres nostalgiques qui tentaient une percée, alors qu’aujourd’hui, ce genre d’exercice est à ce point devenu monnaie courante que les critères d’appréciation n’en sont que plus drastiques. En 2020, il faut donc beaucoup plus que des allusions directes aux années 80 pour faire le buzz, spécialement depuis que l’école suédoise s’est imposée gardienne de la flamme avec ses hordes déboulant sur le reste du monde à un rythme presque quotidien. Alors, en tombant sur le premier album des allemands de VISIONS OF CHOICE, le chroniqueur restera circonspect pendant quelques instants avant de décider si oui ou non, cette œuvre mérite qu’il s’empare de son clavier pour en parler. Mais en regardant de plus près cette superbe pochette aux bleus hypnotiques, et en acceptant l’origine d’appellation contrôlée germaine, le journaliste fera fi de sa méfiance pour glisser les premiers morceaux entre ses oreilles, avant d’être finalement persuadé du bien-fondé de son instinct. Et en effet, VISIONS OF CHOICE est plus qu’un énième groupe vintage, il est la quintessence du mouvement, et surtout, son approche la plus versatile aux influences multiples, mais toutes ancrées dans un passé de qualité que nul metalhead n’a pu oublier. Ecouté il y a trente et quelques années, ce premier LP aurait fait les beaux jours des masses hardantes arpentant les salles de concert à la recherche de sensation franches et fortes. Avec son Heavy mâtiné de Power pur jus et de Hard Rock de seigneur, le duo allemand représente la première ligne de ces ensembles portés sur la nostalgie, mais suffisamment intelligents pour ne pas se contenter d’un simple fac-similé.
Duo fondé en 2018 par le multi-instrumentiste/compositeur Steve Brockmann (AIRS – A Rock Opera) et le chanteur Lukas Remus (EPILIRIUM), VISIONS OF CHOICE est un tribute de premier choix à la grandiloquence virile du Heavy Metal de la seconde moitié des années 80. En acceptant comme influences tout ce que la première division de l’époque avait à offrir, mais aussi les astuces les plus efficaces de la seconde division, le duo se permet le tour de force de revisiter la seconde moitié d’une décade si fertile que son héritage trouve toujours des légataires aujourd’hui. Admettant l’importance d’une liste conséquente de mentors (OMEN, METAL CHURCH, IRON MAIDEN, MALICE, HEATHEN, SAVATAGE, RIOT, PRETTY MAIDS, CHASTAIN, WARLORD, HALLOWS EVE, FATES WARNING, ARMOURED SAINT, CIRITH UNGOL et LIEGE LORD), Steve et Lukas survolent donc toutes les extensions possibles du Heavy, n’hésitant jamais à emballer les débats en déviant vers un Power empathique et hautement mélodique, ou à le moduler d’une inspiration plus simplement Hard-Rock. Et en écoutant l’entame opératique de « New Horizon », le fan de Power Metal traditionnel se verra caressé dans le sens du poil. Tout y est, les riffs brûlants, le rythme appuyé, l’ambiance grandiloquente, les arrangements royaux, et l’image sonore d’un RIOT de brûler les oreilles de son énergie harmonique. On se sent évidemment en terrain connu, mais l’allant dont fait preuve le duo excuse immédiatement son formalisme de surface, et il n’est pas interdit de voir en Mistress of the Gods un descendant direct d’HELLOWEEN et de BLIND GUARDIAN, agrémenté d’un peu de folie SCANNER. Mais si le Power Metal a évidemment une place de choix sur ce premier effort, il n’en règne pas en maître pour autant et le Heavy traditionnel et musclé sait d’imposer lorsqu’il le faut, via l’impressionnant « Come Tomorrow ».
Déluge de soli, riffs tranchants, lignes vocales de baryton, pression permanente de la production, VISIONS OF CHOICE joue sur du velours, et accepte l’importance d’ACCEPT et de toute la scène allemande de 85/89. Bien sûr, difficile de trouver une quelconque originalité dans ces morceaux respectant les enseignements passés, mais avec un sens du drame très à-propos, et une dextérité instrumentale diabolique, le duo se permet de tenir la dragée haute aux cadors de l’époque en leur piquant leurs astuces les plus éprouvées. « Shine » propose une sorte d’entre-deux, un peu Hard, pas mal Heavy, juxtaposant la vitalité du PRIEST à la souplesse mélodique de SAVATAGE, pour un résultat encore une fois larger than life, avec un refrain débordant de chœurs puissants. Mais je le disais plus en amont, les musiciens ont plus d’un tour dans leur sac, et la basse slappée de « Into the Light » de nous prendre complètement à revers, pour un tour Hard-Rock syncopé sur les montagnes russes de la diversité. « Endlessly » de son côté, nous trompe d’une délicate intro, avant de nous plonger dans les flammes d’un enfer Speed Metal des plus ardents, avec une batterie inépuisable et une guitare qui rugit comme un tigre en cage. On pense à Thundersteel, mais aussi au BLIND GUARDIAN le plus véloce, et en tout cas, à l’occasion d’un refrain encore une fois aussi roublard qu’un sourire de Kai Hansen, au meilleur de la scène allemande des années 80. A la limite de l’opéra Metal, Mistress of the Gods est un travail en tout point remarquable, truffé d’idées classiques mais sublimées d’un feeling moderne, et si la vitesse à la part belle tout au long du métrage, la finesse de l’interprétation se fait remarquer sans effort particulier. A titre d’exemple, le title-track permet de retrouver la magnificence d’un DIO, la virilité d’un MANOWAR, et la jeunesse débridée d’un HELLOWEEN, le tout emballé dans un professionnalisme incroyable.
Sans tergiverser, mais en refusant les œillères, VISIONS OF CHOICE propose donc un résumé exhaustif, toujours efficace, mais plus intelligent que la moyenne. Tous les titres possèdent une identité propre, et le final homérique « Touch the Sky » de se poser en parangon d’une approche classieuse, refusant les facilités de la copie pure et simple. Avec un chant légèrement sous-mixé, et des guitares qui n’ont de cesse de faire vibrer leurs cordes, Mistress of the Gods est certainement le plus bel hommage au pur Heavy Metal d’outre-Rhin que vous pourrez trouver sur le marché actuellement. Une mise en jambes de deux professionnels qui connaissent leur boulot, et qui ont le culot de proposer un classique instantané, digne des plaisirs majeurs de notre adolescence. Beau retour en arrière pour une plongée vers un avenir qu’on pressent déjà brillant pour ce groupe aux qualités frappantes.
Titres de l’album :
01. New Horizon
02. Come Tomorrow
03. Shine
04. Into the Light
05. Endlessly
06. Hold Your Head High
07. Mistress of the Gods
08. Given it Up
09. Gates of Evermore
10. Hold On
11. Touch the Sky
Voyage au centre de la scène : interview de Jasper Ruijtenbeek (The Ritual Productions)
Jus de cadavre 07/05/2023
@Pustule, j'imagine un "il va y avoir du sport", scandé par une foule en claquettes-chaussettes et déguisement de licorne... Le purgatoire.
02/06/2023, 08:25
Eths, dont personne n'en a rien carré, remplacé par Silmarils, dont plus personne ne se souvient.Quelle époque!
01/06/2023, 14:37
Tout le monde s'en tape d'Eths. Déjà que lorsque ça tournait, c'était pas ouf.
01/06/2023, 06:10
IRON FLESH VOORHEESMORTUARY MERCYLESS MORGUE RITUALIZATION VENEFIXION C'est pas les groupes de Death français de grande qualité qui manquent...
31/05/2023, 19:14
Oui Hierophant c'est cool. Jamais vu sur scène pour ma part en plus. Benediction aussi, ce sera encore un bon moment. Reste à trouver un (très) bon remplaçant pour Suffo...
31/05/2023, 18:34
Dommage pour suffo et Exodus, mais Bendiction / Hierophant / Grave pleasure ! Ces changements sont les bienvenue.
31/05/2023, 18:32
Candice, la chanteuse de ETHS a posté le message suivant pour expliquer l'annulation du groupe sur cette édition du Hellfest !"Bonjour à toutes et à tous, un message chargé d’émotion pour vo(...)
31/05/2023, 18:08
Élue pochette de l'année. Et musicalement c'est pas dégueu. Faut que j'écoute ça attentivement.
29/05/2023, 16:54
Ça sentirait pas un peu la pochette faite par IA ça ?. Midjourney sera bientôt le "cover artist" le plus productif sur Metal archives...
26/05/2023, 20:56
Le premier album a énormément tourné chez moi, gros Hardcore à bagarre avec riffs à la Slayer mais toujours avec une ambiance... jouasse ! Genre, du HxC en chemise Hawaïenne.Mais là je dois dire que le titre Good Good Things m'a fait dr&o(...)
25/05/2023, 18:25
RIPC'est quand même le second du line originel qui passe l'arme à gauche....
25/05/2023, 15:17