Evil and Divine

Sunbomb

14/05/2021

Frontiers Records

Si mon moi du futur était venu à ma rencontre en 1988 pour me dire que plus de trente ans plus tard, j’écouterai un morceau de Doom composé par Tracii Guns et chanté par Michael Sweet, je pense que j’aurais bien ri, et que je l’aurais renvoyé dans le futur avec une bonne calotte (même si le moi de 1988 n’aurait PAS pu mettre une calotte au moi de 2021). A l’époque en effet, il eut été difficile d’imaginer Sweet faire autre chose que du bonbon sucré et béni sur mesure au sein du STRYPER le plus mielleux, ou d’envisager Tracii Guns jouer autre chose qu’un Hard Rock n’Roll teinté de Glam. Mais ainsi va la vie, ainsi divergent les carrières, et si en 2021, STRYPER et L.A GUNS sont toujours actifs, leur approche a changé, et leurs passions ont pris le dessus. Appelez ça la maturité, l’acceptation d’un changement personnel, ou tout autre concept, toujours est-il que les deux musiciens se retrouvent aujourd’hui autour d’un projet que nul n’aurait pu concevoir, back in glorious times. Certes, depuis le temps, l’amour de Guns pour le Doom n’est plus un secret pour personne. Comme tout le monde est au courant du durcissement de ton dans STRYPER, avec un Sweet de plus en plus prompt à assombrir ses mélodies pour les rendre plus musclées. Alors, finalement, ce projet mis sur pied par Serafino pour Frontiers n’est pas si improbable que ça. Spécialement après quelques précisions, pointant du clavier le fait que SUNSTORM n’est pas vraiment un combo Doom pour jus, mais plutôt un exutoire Metal de première catégorie, qui fait la part belle aux influences premières des deux musiciens.                           

              

Ce projet entre Dieu et Diable a vu le jour publiquement en 2019, lorsque Tracii a lâché un tweet présentant Evil and Divine comme l’album qu’il aurait adoré faire quand il avait dix-sept ans. Il apporta quelques précisions plus tard, en décrivant ce projet comme similaire au dernier album de L.A GUNS, The Devil You Know, en trois fois plus puissant. Il était donc clair que le guitariste et compositeur s’aventurait en terre méchamment Heavy, ce qu’il a immédiatement assumé, et qui lui a fait comprendre qu’il avait besoin d’un chanteur d’exception pour mener à bien sa mission. Et en se rappelant que les plus grands groupes de Heavy et de Doom ont toujours eu recours aux services d’un chanteur au timbre puissant et volatile, Tracii n’a donc pas hésité à contacter Michael Sweet, trop heureux de mettre son puissant gosier au service de ce concept. Une fois les deux musiciens ensembles, la logique se montra telle qu’elle, et le partenariat fut validé, ce qui nous permet aujourd’hui d’écouter ce premier album à la musique aussi flamboyante que sa pochette. Et sans révolutionner quoi que ce soit, autant dire que l’alchimie entre les deux musiciens a fonctionné à plein régime.

Comme je le disais, SUNSTORM est loin d’être un groupe obsédé par le Doom comme ont pu l’être CANDLEMASS ou TROUBLE, ou toute la horde underground des adorateurs de la lenteur. SUNSTORM est un groupe de Heavy Metal stricto-sensu, fasciné par les origines du genre, allusif à BLACK SABBATH autant qu’au ZEP, et surtout, passionné par les sonorités les plus pures du genre. On ne pond pas un titre d’entame de la fougue de « Life » sans être à fond dans son truc, d’autant que ce titre explose de toute part et qu’il présente l’album sous un jour particulièrement brulant et agressif. Sur un tempo à la RIOT des grands jours, Tracii et Michael bombent le torse, bandent les muscles, se montrent sauvages, indomptables, et proposent un morceau que le STRYPER de ces dernières années aurait pu interpréter la main sur la bible. Riffs efficaces, chant bien sur hors-normes de la part de Sweet, l’un des chanteurs les plus doués de sa génération, et rythmique solide et percussive. Accompagnés par Mitch Davis à la basse et le vieux compère de Tracii Adam Hamilton à la batterie, SUNSTORM présente donc un line-up soudé (d’autant que le bassiste actuel de L.A GUNS est venu donner un coup de manche sur le titre « They Fought »), et le résultat ne se fait pas attendre. En deux morceaux seulement, Guns prouve que sa guitare est toujours verte, et qu’elle est capable de se déchirer sur des riffs fédérateurs, mais surtout, de créer des ambiances variées. Car « Take Me Away », en ralentissant le tempo méchamment Doom offre de la variété immédiate, et confère au début d’album une atmosphère de passage en revue de toutes les composantes Metal de tradition.

Je l’avoue, entendre Michael vocaliser sur un morceau pachydermique digne du premier éponyme du SAB’ est un plaisir rare dont il serait inconscient de se passer. D’autant que le morceau est très crédible dans sa tentative de réactualiser le séminal « Black Sabbath ». En tendant bien l’oreille, on comprend assez rapidement que le guitariste a pompé allégrement les grands maîtres pour accoucher de son œuvre, sans se soucier d’une quelconque éthique, et on pourrait logiquement le pointer du doigt pour ces facilités. Car « No Tomorrows » et ses tierces pioche sans vergogne dans les souvenirs de THIN LIZZY et de la NWOBHM, tandis que « Born To Win » s’amuse beaucoup à reproduire l’intro de « Good Times, Bad Times » de LED ZEP. Mais malgré ces travers, on ne peut que se prendre d’affection pour un disque qui a des allures de best-of de notre musique préférée, joué avec les tripes et le cœur. D’autant que trouver les noms de Sweet et de Guns accolés au générique d’un disque est toujours une surprise assez réjouissante de son incongruité.

Une fois les bases posées et certaines vérités acceptées, Evil and Divine ne dévie pas de sa trajectoire, et propose des chansons classiques, mais terriblement agréables et rebelles. Le groove puissant et viril de « Evil And Divine », title-track par excellence nous convainc des inclinaisons JUDAS PRIEST et ICED EARTH des deux compères. « Been Said And Done » nous rappelle au contraire que les deux hommes ont aussi connu des jours plus sensibles, et qu’ils ont été les auteurs de ballades que les fans chantent encore à pleins poumons.

Le répertoire est donc ouvert, perméable à diverses influences traditionnelles, et si les chansons accusent parfois le coup de leurs références trop pesantes, elles n’en restent pas moins très agréables à l’écoute, d’autant que l’album ne joue pas trop sur la longueur. Nous aurions éventuellement pu nous passer d’un « Story Of The Blind » qui ne fait que répéter plus ou moins habilement des idées déjà exposées, mais heureusement, le tout se termine sur un endiablé (sorry Michael) « They Fought », encore une fois très NWOBHM, et aussi conquérant qu’un SAXON en pleine jeunesse.

Plaisir mineur pour deux artistes majeurs, SUNSTORM est une petite étrangeté sympathique, mais une association pas si contre nature que ça.  

    

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Life

02. Take Me Away

03. Better End

04. No Tomorrows

05. Born To Win

06. Evil And Divine

07. Been Said And Done

08. Stronger Than Before

09. Story Of The Blind

10. World Gone Wrong

11. They Fought


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par mortne2001 le 18/06/2021 à 18:18
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