Deux ans après un déjà sévère Rites Of Absolution, les anglais de THE BLEEDING nous en reviennent avec un second longue durée qui n’a pas sorti les couteaux à beurre et remplacé la viande hachée par du tofu frais. Visiblement, la modération n’a pas cours chez ces musiciens au long cours, même si on note quelques différences entre leurs deux efforts, notamment en termes de technique et de finesse de composition. Toujours aussi londoniens, les esthètes de la brutalité ont donc cherché à confirmer les bonnes opinions émises après leur apparition, et ce sont aujourd’hui les canadiens de World War Now Records qui s’occupent de leur destin. A n’en point douter, nos cousins doivent être satisfaits de cette opération, puisque Morbid Prophecy, comme son aîné est une petite bombe de haine concentrée, mais agencée, qui explose de tous les côtés, et qui fait un maximum de dégâts collatéraux. Se situant toujours en convergence de ce que l’extrême compte de plus raisonnables comme courants, les anglais nous bombardent donc de leur mélange corsé entre Death méchamment précis et Thrash furieusement concis, accouchant d’une œuvre aux contours modestes, mais au contenu ambitieux. N’ajoutant qu’une petite minute à leur timing précédent, Morbid Prophecy frappe très fort, parfois très vite, mais aussi très intelligemment. Capitalisant sur leurs influences avouées (DEATH, BOLT THROWER, GOATWHORE, SKELETONWITCH, SLAYER, SEPULTURA, KREATOR, METALLICA, IMPALED NAZARENE, BLOODBATH, VADER), et profitant d’un bagage individuel et collectif conséquent, THE BLEEDING signe donc un LP solide, profond, thématique, aux démonstrations crédibles, mais à l’intensité indéfectible. Appelez ça de la boucherie de précision, mais avec ses huit morceaux et sa folie contagieuse, Morbid Prophecy parvient à unir dans un même élan les aspirations millimétrées du Death le plus peaufiné et les transpirations du Thrash le plus déchaîné.
Moi que leur premier album avait converti, j’ai été encore plus enthousiasmé par cette exubérance démente qui suinte de chaque plan, et qui rend ce second chapitre encore plus passionnant que le précédent. D’ailleurs, ce chapitre est selon le guitariste Tasos « une descente sonore en enfer, qui résume la saga de la chute de l’humanité. Les thèmes du désespoir, de la destruction, et de la mort résonnent à travers l’album comme une cacophonie damnée. L’homme pénètre les abysses, et se soumet à toutes les horreurs qu’il contemple. Il s’en revient alors l’âme ravagée, pour répandre la douleur et la souffrance sur tous les impies ». Avec un tel programme, pas étonnant que ce Morbid Prophecy sonne comme un exorcisme pratiqué conjointement sur les esprits pervertis d’ATHEIST, de PESTILENCE, d’INCUBUS, de VADER et de BOLT THROWER…En synthétisant tous les aspects des sous-genres qu’ils adulent, les quatre comparses (Germ - chant, Tasos - guitare, Sean - basse, et James - batterie) parviennent donc à signer des morceaux incroyablement brutaux mais aussi extrêmement fins, suggérant des accointances avec le SADUS le plus impitoyable, nous prenant d’assaut d’une rythmique épileptique pour mieux nous étrangler d’un solo purement Heavy, mélodique à souhait. Un genre de pire du meilleur des mondes pour des progrès accomplis et dument couchés sur bande, et un disque qui pue la haine, la pourriture, la colère, l’inéluctable et la violence. Violence, le mot est lâché, et elle a rarement été aussi effective et palpable. En soignant le moindre de leurs plans, les anglais ont concocté une demi-heure de bestialité raisonnée, aussi sauvage que précise, qui renvoie dans les cordes tous les nostalgiques à peine capable de reproduire d’anciennes idées à l’identique. Le style des THE BLEEDING est quant à lui immédiatement identifiable, très personnel, et se formalise dans une alternance permanente entre crises de rage et réflexions plus posées, mais pas moins agressives pour autant.
Du vrai Death Thrash, et non l’inverse, ce qu’il est toujours important de préciser. Un style qui s’ancre donc tout aussi bien dans la fin des années 80 que dans les années 90, et qui cite MORGOTH, NO RETURN, et surtout ASPHYX et PESTILENCE, avec en exergue cette rigueur très américaine qui contrebalance la virilité européenne. Le schéma est d’ailleurs très clair sur « Demonic Oath » qui après une intro SLAYERienne nous met dans le jus jusqu’au cou, nous aménageant une descente aux enfers tout sauf complaisante envers les tympans. Et pour bien marquer leur attachement à un Death classique, les londoniens nous martèlent de blasts avant d’entamer leur course en avant qui ne connaîtra aucune baisse de régime, et uniquement quelques pauses éparses, et pas plus rassurantes pour autant. On admire cette façon de fluidifier les enchaînements à l’aide d’une pratique instrumentale pointue, mais aussi cette créativité rythmique qui permet au bassiste Sean de claquer Hardcore, alors que son acolyte James impose des patterns véloces et dynamiques. Du classicisme traité avec l’envie d’offrir du neuf, une nostalgie au goût du jour, tel est donc le programme, et s’il est parfois compliqué de compter le nombre de riffs et de changements de cap par morceau, cette abondance ne se fait pas au détriment de la puissance. « Maelstrom » continue le travail de sape, multiplie les chœurs possédés, alterne la vitesse et la puissance écrasante, et réconcilie DEICIDE et BOLT THROWER. Avec un chanteur au timbre toujours aussi éraillé et impitoyable, dans la veine d’un Kelly Shaeffer, THE BLEEDING égrène ses prophéties de mauvaise augure, utilise quelques recettes crossover et des finesses à la CORONER (« Entering the Pandemonium »), pour mieux nous pulvériser d’une épaisseur Death conséquente.
Aussi méchant et vilain qu’il n’est catchy, le groupe se pose en quintessence d’un art fragile de l’équilibre, et nous éclabousse d’informations. Il est en effet courant qu’un titre se balade d’une humeur à une autre, trouvant toujours la bonne, qu’elle soit chafouin mais torve (« Morbid Prophecy »), ou plus volontiers techno et Heavy (« Storm of the Hellspawn »). Lorsque les BPM se tassent, personne ne se casse, et « Sadistic Saviour » de jouer le jeu d’une rythmique énorme et d’une guitare perverse. Ces incessantes ruptures, cette valse sans hésitation entre les genres, et cette clairvoyance de jeu font de Morbid Prophecy une réussite totale, mais plus concrètement un album qui ne s’épuise pas après une ou deux écoutes, et qui traversera le cours du temps sans finir sous une couche de poussière d’oubli. Une confirmation en forme de coup d’éclat, pour un groupe sur une voie royale de damnation, et qu’on citera un jour comme parfait contre-exemple d’une époque un peu trop portée sur les révisions tièdes.
Titres de l’album :
01 Demonic Oath
02 Maelstrom
03 Entering the Pandemonium
04 Morbid Prophecy
05 Storm of the Hellspawn
06 Sadistic Saviour
07 Repentance
08 Hammer of Penance
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@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
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@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44