Il parait que lorsque le lion rugit dans la savane, tous les autres animaux se taisent, laissant peser un silence de mort sur la nature.
Il parait que lorsque Martin Van Drunen hurle dans un studio d’enregistrement aux Pays-Bas, tous les autres chanteurs se taisent, laissant peser un silence de mort sur la scène Death nationale. Voire européenne. Il est certain que le timbre de ce cher Martin est unique, et ce, depuis le premier cri de PESTILENCE, le groupe qui a fait connaître sa fureur au monde entier. Ce mec, comme une poignée d’autres, à un timbre immédiatement reconnaissable, un peu étouffé, mais cruel, sec, barbare, qui est capable de transcender n’importe quelle composition banale pour la transformer en alarme internationale alertant tous les autres groupes que le roi s’est réveillé, et qu’il n’est pas content. Alors, après cinq ans de silence, lorsque le géant batave a repris son micro pour le maltraiter façon grognements sourds, tous les fans étaient aux aguets, et les adversaires inquiets. Et il y a de quoi, parce que Martin n’est franchement pas content, et qu’il le fait savoir via le monstrueux « The Sole Cure Is Death » qui met clairement les choses au point : la bête est revenue, et elle n’est vraiment, mais vraiment pas contente.
Il faut dire qu’ASPHYX n’avait pas vraiment prévu de revenir sur le devant de la scène si tôt. Mais face à cette pandémie qui nous cloitre chez nous, les musiciens n’avaient pas le choix. Dans l’incapacité de tourner, il leur fallait bien occuper le terrain, et quelle autre solution qu’un dixième album pour éviter l’oubli et l’ennui? Déjà le dixième longue-durée pour la créature, et personne ne s’y serait attendu lorsque The Rack a heurté le marché il y a presque trente ans. Le projet de l’ex-PESTILENCE ne semblait pas promis à exister sur la durée, et pourtant, en 2021, il est toujours là. Toujours là, et toujours aussi puissant, sans aucune empathie pour l’auditeur, et apte à retrouver la fringance de sa jeunesse.
Sans dévier d’un iota de la trajectoire définie à l’orée des années 90, ASPHYX digresse et module, et nous propose avec ce nouvel effort un survol de sa carrière qui ouvre de nouvelles pistes. Rien de notable à souligner niveau surprises éventuelles, puisque le line-up est solide depuis 2014. Aux côtés du grand Martin, nous retrouvons évidemment le fidèle Paul Baayens (guitare), le bassiste Alwin Zuur, et le petit dernier au kit, Stefan Hüskens, soit la formation responsable du massacre en règle Incoming Death qui avait laissé une tonne d’antilopes au tapis, décharnées, bouffées jusqu’à l’os, dont seule la carcasse sans viande intéressait encore les vautours. Cinq ans plus tard, le groupe récidive avec la même méthode, le pillage, la course, l’écrasement, les quelques secondes d’émotion face au cadavre, et la faim enfin rassasiée. Si Dan Swano a laissé la place à Sebastian Levermann pour le mixage, le son de ce Necroceros semble encore plus compact et puissant que d’habitude.
Décomposé clairement en deux parties, ce dixième chapitre de la saga morbide s’est clairement scindé en son milieu, avec une première axée sur l’efficacité presque immédiate, et une seconde plus réfléchie, plus lourde, plus…inquiétante. Et sans savoir ce que Martin entend par Necroceros, imaginons un rhinocéros revenu de trépas à vie, et prêt à affronter le roi de la jungle de sa carapace en cuirasse et de sa défense en Metal. Le combat, qui semble égal sur papier, n’est pas des plus faciles retranscrit en musique, mais c’est évidemment le lion qui finit par l’emporter, renvoyant la créature zombiesque dans sa tombe. Une fois encore, le son clair et profond permet d’apprécier le travail à la guitare de Paul Baayens, qui actualise les riffs les plus gras des nineties pour qu’ils supportent le passage du temps et qu’ils puissent rivaliser avec la jeune génération vintage, justement obsédée par des groupes comme le sien. D’un autre côté, la rythmique soudée et fluide permet tous les tempi, de la cavalcade sans avertissement « The Sole Cure Is Death » / « Botox Implosion », qui fut lâché en single il y a quelques temps, et qui prouve qu’ASPHYX est toujours le maître en la matière d’un Death de tradition joué comme si aucun autre genre ne méritait l’attention. Mais cette rythmique, et la guitare ingénieuse et sournoise de Paul permettent aussi au quatuor de proposer des choses plus nuancées et mélodiques, comme ce nostalgique et amer « Three Years of Famine » qui filtre les UV de ses harmonies un peu étranges.
Né de la frustration de ne pas pouvoir faire autre chose qu’enregistrer de façon anticipée, Necroceros est un monstre de puissance qu’on encaisse comme le choc frontal avec un sanglier. Traditionnel, sans surprises, mais efficace en diable, ce dixième pamphlet fait honneur à la discographie d’ASPHYX, et ramène même à la mémoire des instants du séminal The Rack qu’on sent parfois au détour de l’attitude. Bien que jouant clairement la montre, l’album ne s’éternise pas, et ne lâche que les cris les plus primaux et menaçants. La lourdeur si symptomatique de la légende est toujours présente, et accentuée par le ressentiment qui fait de ce monde une gigantesque tombe à ciel ouvert, et un vieux grimoire de promesses non tenues. Glauque comme un avis de décès, « In Blazing Oceans » démontre que Martin et les siens n’ont rien perdu de leur facilité à jouer en terrain lourd, avec ce riff si redondant, et ce chant à l’agonie, proche de la rupture. Et motivé comme jamais, ASPHYX tient la distance, et termine même sa course avec un dernier combat, qu’il remporte haut la main.
Le title-track « Necroceros » laisse quelques percussions incantatoires faire le job en intro, avant que le chant de Martin et la basse d’Alwin Zuur ne se livrent à un petit jeu en coup fourré, et les sept minutes que dure cette clôture permettent de classer ce dixième chapitre au rang des grandes réussites des hollandais plus si volant.
ASPHYX est depuis longtemps LA référence batave du genre, et un des plus grands labels mondiaux du Death Metal des années 90. Necroceros rompt donc le long silence avec un rugissement des plus impressionnants, et permet de constater que le vieux lion impressionne toujours les jeunes prédateurs un peu inconscients qui ont cru que le trône était libre.
Titres de l’album:
01. The Sole Cure Is Death
02. Molten Black Earth
03. Mount Skull
04. Knights Templar Stand
05. Three Years of Famine
06. Botox Implosion
07. In Blazing Oceans
08. The Nameless Elite
09. Yield or Die
10. Necroceros
J'en suis déjà à ma troisième écoute consécutive...
ACHAT OBLIGATOIRE BORDEL !!! !!! !!!
PS : Martin je t'aime.
En tout cas, le livestream proposé samedi était une boucherie totale. Avec ou sans public, les mecs se donnent, Martin plaisantent entre les morceaux et v'là comment ça défouraille sévère. Total respect pour ces mecs qui en imposent, vraiment !
Je suis fan du timbre vocal de Van Drunnen depuis le Consuming Impulse de Pestilence mais j'avoue n'avoir jamais accroché au The Rack d'Asphyx et ne me suis jamais penché sur les sorties du groupe. Pas plus pour Hail of Bullets (si je me gourre pas).
Mais ça fait plusieurs fois que j'entends parler en bien de ce Necroceros.
Vais me laisser tenter.
Très étrange à dire mais sur le titre "Tree years of famine", j'entends Overkill de "Skullkrusher". Sinon, excellent album, bien sûr !
Ouais, ils frappent fort les anciens avec cet album !
Ce dernier Asphyx n'est pas une montagne de nouveautés mais il est super efficace. On sent les vieux briscards qui connaissent parfaitement leur affaire.
Etant un gros fan de Van Drunen, je vais décortiquer ses paroles en ne doutant pas que les morceaux vont s'en trouver 10 fois meilleurs, because le gars sait particulièrement y faire ! (souvenirs de Consulming Impulse, avec notamment les paroles excellentes d'Out of the Body)
Arioch : pour Hail Of Bullets essaie des morceaux comme Ordered Eastward (à écouter en lisant les paroles aussi ! La bande son de l'opération Barbarossa. Et ce putain de break ! rhaaaaa, un must du genre) ou General Winter. Irrésistibles. Le premier Hail Of Bullets était vraiment une tuerie, bien meilleure que ce dernier Asphyx d'après moi. Dommage que le groupe ait splitté.
Idem pour bibi, concernant The Rack : acheté il y a 25 ans, je ne suis jamais rentré dedans. :-(((
@Bones : merci pour l'idée, vais m'écouter les trois albums de Hail of Bullets, juste histoire de rattraper mon retard concernant le père Van Drunnen.
Sinon, écouté ce Necroceros cet aprem et me suis pris une grosse claque dans la tronche. Gros son, des passages limites pachydermiques et cette putain de voix magique !
Ne pas "rentrer" dans "The rack" ?!?!
Bizarre étant donné la monstruosité de cet album...
Quoi qu'il en soit, je plussoie sur HAIL OF BULLETS !
Pis n'oublions pas le merveilleux GRAND SUPREME BLOOD COURT non plus hein !!!
Bref, tout ça pour dire que je suis fanatique du bonhomme et de tout ce qu'il a pu pondre... ... ...
@Humungus : je confirme pour The Rack. Plusieurs fois j'ai essayé mais sans jamais accrocher.
Y a des albums comme ça
Mouais, mais par contre je vais rapidement le réécouter pour voir si mon approche a évolué. C'est vrai qu'il est réputé... j'ai sans doute raté le coche.
@Bones : merci pour Hail of Bullets, je préfère ce que je suis en train d'écouter (le premier) à ce Necroceros. Ca m'emballe bien plus alors je pense rattraper mon retard du côté de HoB plutôt que d'Asphyx.
Hail of Bullets, l'excellence va decrescendo du premier au troisième album. Dans la discographie de Martin van Drunen il faut aussi citer le deuxième album de COMECON, "Converging Conspiracies", un peu différent de tout le reste car plus expérimental.
Ce nouvel album d'Asphyx reprend maintenant une formule bien rodée depuis la reformation, il n'y a plus l'effet d'appréhension comme à l'époque où le personnel changeait tout le temps ou quand ce retour se mettait en place. Il y a effectivement une distinction en deux moitiés, comme du temps où il fallait retourner la cassette ou le vinyle. La première partie montre un groupe sûr de lui, qui maîtrise tellement son affaire qu'il ne force pas son talent, au point que l'efficacité de l'ensemble souffre d'un petit manque d'agressivité. Heureusement, l'autre face est plus méchante et confirme qu'il s'agit quand même d'un bon album.
Drunen, dans ses textes, se consacre beaucoup à l'Histoire. Il avait déjà exploré ce champ d'inspiration dans Asphyx, et depuis la fin d'Hail of Bullets ça semble lui manquer.
Je n'ai pas encore vu le DVD bonus immortalisant le concert anniversaire des 30 ans en présence de tous les membres encore vivants, mais l'idée est sympathique.
Ahhh.... ce Comecon...
Pour Hail Of Bullets, c'est vrai que la qualité diminuait d'album en album. Mais Of Frost and War reste enormous. M'enfin, même en pilotage auto, je trouve ce groupe ultra efficace.
Je crois qu'il faut accepter que la scène Metal (extrême en particulier) va redevenir underground et invisible pour le profane (et c'est pas pour me déplaire). Le reste - vieux dinosaures des années 80 et jeunes groupes prêt à tout pour quelques l(...)
09/07/2025, 15:34
"la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises"En même temps quand on voit ce que propose les "jeunes" groupes faut pas s'étonner que les gens qui cherchent un peu de qual(...)
09/07/2025, 15:26
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
09/07/2025, 13:52
Bonjour, moi je serais dans les premiers à réclamer plus de femmes sur scène, et éventuellement plus de diversité ethnique, mais je préfère largement un festival du type Fall of Summer, au Hellfest, et ce depuis 2015....
09/07/2025, 13:52
News à mettre en regard de celle sur le dernier concert de Black Sabbath, nous assistons à l'agonie d'une certaine idée de la scène metal, celle qui arrivait à faire consensus autour d'une musique de qualité et qui avait du succès. F(...)
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"Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis?" bah ça n'a plus rien de choquant aujourd'hui. Barbaud parle de Placebo en tête d'affiche donc bon... Va falloir s'y faire, les fans de Metal ne sont plus du tout le public vis&eacut(...)
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Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"
09/07/2025, 10:30
Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ?
09/07/2025, 10:13
@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
09/07/2025, 06:45
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44
Les bénéfices du concert était entièrement reversés à une œuvre caritative. Aucun des groupes présents n'a palpé pour leur concert (en même temps c'était 20 minutes de live par groupe...). Après ça (...)
08/07/2025, 22:42
@SalmigondisJe sais pas si tu veux quelque chose qui fait plus l'unanimité j'ai vu Morbid Angel au bout et c'était de la merde, une prestation robotique au possible, j'ai pris plus de plaisirs sur des trucs plus locaux à la con. Il faut savoir tourn(...)
08/07/2025, 22:28
Mais quelle bande de clodos...tout le monde se branle du batteur sans déconner. Se faire du fric de cette manière c'est franchement pathétique. Massacra est mort et enterré...qu'il le reste pour conserver son statut CULTE. Honte &agrav(...)
08/07/2025, 21:54
Avant d'aller me faire voir ailleurs, je partagerai avec vous cet hommage Fernandelien :"Aux adieux de Black Sabbath, il tremblait pas mal d'la patte.Fais l'Ozzy, assis."
08/07/2025, 21:31
Ben tu m'étonnes, DPD, d'être passé à autre chose. En même temps, quand on a eu ces groupes là comme entités fétiches, on ne peut qu'aller de l'avant. C'est comme partir de zéro (je plaisante
08/07/2025, 21:26