Je ne vais pas vous mentir, il y a longtemps que la musique de DESTRUCTION m’ennuie au plus haut point, à peu près autant que celle d’OVERKILL, de SLAYER ou de tous mes héros des années 80, y compris TESTAMENT (dont le dernier album est d’un générique à faire pleurer les aînés de la Bay-Area). Leur façon de sonner si anonyme alors même qu’ils ont inventé le Thrash me fait pitié, et j’avoue ne chroniquer leurs albums qu’à cause d’une nostalgie tendre et d’un amour profond passé. Mais s’il y a un domaine où tous ces groupes redeviennent les mécaniques implacables qu’ils ont été, c’est bien le live. De retour sur scène, les musiciens oublient alors les techniques modernes de production, et lâchent les watts pour retrouver l’allant de leur jeunesse. Je n’ai que très rarement été déçu d’eux sur scène, après les avoir vu un nombre incalculable de fois. Certes, parfois la forme n’est pas là, mais ça arrive à tout le monde. Et traversant actuellement une crise sans précédent interdisant toute performance en public, la disette nous permet de comprendre à quel point la musique vivante nous manque. C’est dans cet esprit que les chevaliers cloutés allemands nous offrent la primeur d’un nouvel album live, le nouveau line-up de DESTRUCTION n’ayant pu encore faire toutes ses preuves en Europe. Le groupe nous lâche donc via Nuclear Blast son quatrième album live, trente-et-un an après le séminal Live Without Sense dont je ne me suis toujours pas remis. Certes, un quatrième album en concert n’est pas un évènement en soi, mais la situation actuelle nous pousse à revoir notre point de vue et apprécier le cadeau dans toute sa préciosité. D’autant plus que l’objet en question est vraiment digne d’intérêt, beaucoup plus en tout cas que les derniers albums studio du combo.
Dans un accès de franchise, je ne cacherai pas que Born to Perish, le dernier LP studio de la bande à Schmier m’avait passablement irrité. Un live en faisant la promotion avait donc tout pour provoquer mon indifférence, et pourtant, face à l’assaut sonore de ces dix morceaux, mes derniers préjugés ont volé en éclat. Enregistré dans le fief même de DESTRUCTION, dans cette Allemagne qui les a vu naître, lors du festival Partysan, Born to Thrash - Live in Germany est un pur concentré de folie musicale, de communion avec un public trop heureux de célébrer ses héros nationaux. Concentré sur moins d’une heure, ce live est une cure de jouvence qui fait un bien fou aux oreilles, et qui efface des années de mauvais souvenirs studio. Le groupe est dans une forme olympique, et alors qu’il fut capté presque par accident, cet album sonne presque comme le postulat live définitif du groupe. Il parvient à ramener à la surface les souvenirs euphoriques de Live Without Sense, en adoptant presque le déroulé (intro et conclusion sont les mêmes, mais les setlists de festivals sont toujours assez classiques), et dégageant le même bonheur de jouer une musique violente et exubérante. Doté d’un son à décorner les bœufs, avec un Schmier en grande forme vocale, hurlant ses hymnes comme un beau diable et haranguant la foule sans discontinuer, Born to Thrash - Live in Germany est plus qu’un album live, c’est un hymne au partage, une réminiscence d’un temps pas si ancien où nous pouvions tous nous retrouver pour communier face à la scène, headbanguant comme des dingues le temps d’une prestation exceptionnelle. Celle de DESTRUCTION l’est immanquablement, puisque même les titres les plus récents se trouvent transcendés par une énergie incroyable. Certes, la setlist fait la part belle aux classiques, avec un « Mad Butcher » toujours aussi atomique, qu’on reprend en chœur le casque vissé sur les oreilles en s’y croyant.
Il est toujours difficile de parler d’un live une fois les considérations techniques abordées. A l’image d’un best-of, l’exercice de chronique est assez compliqué, les fans connaissant les morceaux par cœur, et n’ayant pas besoin d’un long laïus pour comprendre si oui ou non l’objet est digne d’intérêt. Mais avec une version longue et écrasante de « Life Without Sense », qui montre le visage d’un groupe transfiguré par le fait de jouer devant son public, Born to Thrash - Live in Germany ne relâche jamais la pression, et la fait même monter d’un cran à chaque intervention. Les morceaux les plus récents datant du nouveau siècle trouvent un éclairage nouveau, tout comme ceux de Release from Agony se voyaient épaissis et densifiés par rapport à leur pendant studio, que beaucoup jugeaient un peu trop fades. On se prend même à regretter un gros double live tant la bonne santé du groupe éclate aux oreilles, et on savoure ce que ces cinquante minutes trop courtes veulent bien nous offrir, dodelinant du chef au son de « Total Desaster », sardonique et surpuissant. La nouvelle configuration du groupe prouve donc toute sa pertinence en concert, et laisse augurer d’un avenir radieux pour le groupe qui retrouvera peut-être bientôt le chemin des salles. « Thrash Till Death », en profession de foi écrase tout sur son passage, et le final orgiaque de « Bestial Invasion » de son mythique riff circulaire transforme la fournaise en incendie infernal, achevant de cramer le public de sa légende insurpassable.
Beaucoup me diront que DESTRUCTION n’a fait que sortir un nouvel album live, et que cette chronique dithyrambique est certainement très exagérée. Pourtant, en écoutant ces dix morceaux, j’ai oublié pendant une heure la situation catastrophique actuelle, et les répercussions terribles de ce maudit virus sur le futur du spectacle vivant. Alors que nous ignorons encore dans quelles conditions et surtout quand les concerts pourront reprendre, et alors que les festivals ont tous annulé leur édition 2020, Born to Thrash - Live in Germany est une bouffée d’oxygène dans cet air vicié et anxiogène actuel, et surtout, l’assertion que DESTRUCTION n’a en rien perdu son talent fédérateur en live. L’album sort en mai en version dématérialisée, et un peu plus tard en version physique. L’album sera d’ailleurs édité avec une carte pointant les premières fois des fans avec le groupe en live, dessinant un monde Thrash de vie et de passion. Une raison de plus d’acquérir l’objet si vous avez un jour ou l’autre vu le groupe sur scène, et si vous continuez de penser qu’il reste une machine de guerre implacable in situ. Beau cadeau que ce live des allemands, le premier à atteindre la qualité qu’on pensait insurpassable de Live Without Sense.
Titres de l’album :
01. Curse The Gods
02. Nailed To The Cross
03. Born To Perish
04. Mad Butcher
05. Life Without Sense
06. Betrayal
07. Total Desaster
08. The Butcher Strikes Back
09. Thrash Till Death
10. Bestial Invasion
Suicidal Tendencies, Sepultura, Slipknot... la tournante improbable... ça ferait un bon poisson d'avril, mais c'est vrai....
27/04/2024, 14:11
Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....
26/04/2024, 13:35
Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....
26/04/2024, 13:35
Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !
25/04/2024, 13:28
25/04/2024, 12:44
ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !
25/04/2024, 10:28
Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.
24/04/2024, 14:26
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54