Oui je sais d’avance ce que vous allez vous dire, en gros, le Mathcore, depuis les origines, c’est un peu comme le Metalcore ou le Deathcore, ça tourne en rond puisque ça a tout dit ou presque en deux ou trois albums. Et je ne suis pas loin d’être d’accord avec vous, ayant épuisé bon nombre de sorties du genre et n’ayant que rarement été surpris du résultat. Et pour cause, avec des éléments primaires aussi figés et une tendance à accumuler les plans acrobatiques pour faire les malins, les groupes finissent par faire des quadruples saltos arrière avec leur guitare alors que le batteur ignore la stabilité d’un bon 4/4. Mais, puisqu’il y a un mais, certains musiciens abordent le style avec suffisamment de recul et d’ouverture d’esprit pour ne pas le faire stagner, l’aventure méritant parfois des chapitres un peu plus culottés que la moyenne. Ainsi existent donc les ZILF, deux zigotos rigolos venus d’Angleterre nous apporter la bonne parole d’une musique complètement barge, éclectique, hétéroclite, multiple, mélodique, rythmique, démente, efficace, accrocheuse, originale, excentrique, décalée, homogène, riche, bondissante, rebondissante, etc. A la rigueur, on se contrefout de savoir d’où sortent exactement Joe Campbell-Murray et Bret Ware, puisque leur musique est plus importante que leurs individualités. Et cette musique justement, se montre sous son jour le plus abscons et paradoxalement le plus séduisant sur The Album. Et vous pouvez leur faire confiance, puisqu’ils sont docteurs.
ZILF en gros, c’est une MILF musicale aux formes affriolantes, qui cache sous son négligé de soie un énorme chibre. De toutes les matières, c’est les watts qu’elle préfère, et le niveau sonore de ses interventions en plein ébats est assourdissant, la dame en question n’atteignant l’orgasme que lorsqu’on lui chatouille suffisamment fort la membrane. Ce premier LP est justement le compte-rendu des opérations de plaisir en commun, et le tableau brossé d’un coït infernal entre deux acteurs mineurs de l’underground UK et un crossover musical aux parties charnues, et plus prosaïquement, une gigantesque partouze entre les SLIPKNOT, MR BUNGLE, DILLINGER ESCAPE PLAN, STRAPPING YOUNG LAD, MUSHROOMHEAD, FREAKY FUKIN' WEIRDOZ, THOUGHT INDUSTRY, 24-7 SPYZ, et quelques autres fondus du bulbe dont les CARNIVAL IN COAL, 6 :33, et puis tout ce que vous voudrez bien y mettre en partant de l’échelle graduée de PRIMUS jusqu’aux RESIDENTS. Mais se vouloir original est une chose, l’être dans les faits en est une autre. Et surtout, plus important, être original mais rester cohérent et accrocheur, n’est pas la chose la plus aisée lorsque vous évoluez dans un créneau de brutalité aussi débridé que celui choisi par nos deux iconoclastes du jour. De ce côté-là, pas de soucis non plus, puisque les deux anglais n’ont pas sacrifié la séduction au profit de l’expérimentation à tout va, et si leurs morceaux partent parfois dans tous les sens, ils finissent toujours par se rejoindre à un point précis, comme un Jazz Metal joué à l’aveugle, mais après avoir appris ses gammes par cœur. Et certains segments, la plupart pour être honnête, sont des modèles de fourre-tout irrésistible, à l’image du Rap-Folk « Zef », qui réconcilie autour d’un verre le flow des BEASTIE BOYS et la démence groovy des DIABLO SWING ORCHESTRA, le tout sous l’œil bienveillant du chaperon canadien Townsend.
A l’autre bout de la lorgnette, on trouve des vues massives sur le Metalcore le plus friable, et « Kayak » de vous proposer une ballade en mer en pleine bourrasque, avec des rames en mousse et des mélodies biaisées plein la tête. Avec des lignes de chant mariant la Fusion, le Hip-Hop, le BM, le Death Metal et la Pop, les amuseurs publics ne remplissent certes pas leur contrat implicite de pure pop sludge anthems stolen from a UFO that crash-landed in the beautiful countryside, mais ils assurent dans les grandes largeurs en tant que chefs de rayons d’un bazar de province qui propose des articles de qualité à un prix discount. Mais à la rigueur, « Trust Me, I'm a Doctor! » précise d’emblée les CGV, et pose les bases Mathcore passées au prisme d’une traduction légèrement Djent, mais sans la vulgarité démonstrative. La tempête est immédiate, le rendu épais, et les riffs tournoient dans la tête comme une bobinette prête à choir. Accouplant la Pop légèrement alternative au Metal le plus incorruptible, les ZILF sont les rois de la baguette magique qui transforme les radis en lear-jet, et entre des saccades à rendre fous la vague Nu-metal des années 90, des percussions qui tanguent et font vomir les SLIPKNOT, le tableau à des allures de traversée en ferry pleine bourre, avec vagues de quatre mètres de haut et dégueulis plein les tables de la cafétéria. Princes du changement d‘atmosphère en quelques secondes, Joe et Bret se paient nos tronches avec une cavalcade presque Thrash n’Grind (« Resonance Cascade »), avant de nous amadouer d’un massacre à la machette en plastique sur l’implacable « Endless », aux arrangements électroniques diaboliques.
Dotés d’une énergie hors du commun, les deux musiciens compositeurs s’apparentent à des marathoniens du sprint, des athlètes capables de carder une cadence folle sur presque cinquante minutes, sans nous lasser de leur célérité. Aussi dance qu’ils ne sont punk, les ZILF s’autorisent toutes les incartades, chantent sugar-pop pour mieux accélérer brutalement (« RIP in Peace », que les BABYMETAL auraient pu interpréter avec Corey Taylor et les siens), singent COAL CHAMBER et MUSHROOMHEAD (« Sick »), tombent dans l’alternatif comme un fan de WEEZER après une soirée trop arrosée (« Bowling Green Massacre »), et provoquent les rires et l’admiration. Véritable folie musicale qui tient debout comme une partie de twister avec des playmates à poil, The Album est une soirée de bargeots qui ont trop travaillé la semaine, et le melting-pot le plus renversant de la musique à part depuis les premiers MR BUNGLE. Loin de moi l’idée de vous dévoiler toutes les richesses cocasses mais solides que dissimule cet album, mais soyez conscient qu’il représente ce que vous pourrez écouter de plus créatif et jouissif. Des guitares qui mordent mais font des œillades énamourées, une rythmique solide mais en perpétuel mouvement, des lignes vocales schizophréniques, et un tout, somme de ses parties hallucinantes de dextérité et de bon goût. Une façon comme une autre de coller un vieux flamby dans la tronche de votre petite sœur qui ne jure que par Jul. Et côté caramel s’il vous plaît.
Titres de l’album :
01. Trust Me, I'm a Doctor!
02. Resonance Cascade
03. Endless 04:59
04. When the Cat Has Your Tongue
05. Kayak
06. Zef
07. RIP in Peace
08. Sick
09. Bowling Green Massacre
10. Tarantula Hawk
11. Sangfroid
12. House of Sighs
Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?
11/07/2025, 13:36
Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.
11/07/2025, 13:34
@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison
11/07/2025, 13:32
Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal.
11/07/2025, 13:28
Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)
11/07/2025, 12:42
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04