Chroniquer quelque chose de différent, non en termes artistiques, mais dans un sens de zone de confort pour un journaliste trop habitué à ses réflexes conditionnés et qui souhaite se mettre un peu en danger est une nécessité. Je vous ai déjà parlé de mon aversion envers les groupes de Metal à chanteuses opératiques, et je confirme cette allergie. Mais à contrario, je ne crache pas sur un brin de Metal moderne à vocaliste gironde, pour peu que la musique soit efficace (je ne demande aucune originalité, n’étant pas dupe des capacités), et les chansons bien composées. C’est dans cette logique que je me suis retrouvé à traiter des cas d’AMARANTHE, de BATTLE BEAST, et dans une moindre mesure et dans un passé plus ou moins lointain de LACUNA COIL, NIGHTWISH, desquels je n’ai pas toujours dit le plus grand bien. Mais il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, et sans entrer en contradiction avec moi-même, j’avoue avoir pris des pincettes au moment d’aborder le cas du second album des suédois de METALITE, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, un univers qui m’est familier, mais pas forcément confortable. Avec un premier album qui laissait entrevoir de sérieuses capacités, mais aussi une méchante tendance à coller à l’air du temps, il y avait de quoi se méfier, d’autant plus que les originaires de Stockholm ont depuis embauché une nouvelle frontwoman pour pallier à l’absence d’Emma Bensing. Bienvenue donc à la flamboyante Erica Ohlsson, repérée sur une scène de la même ville et enrôlée au regard d‘une performance remarquable. Et avant d’aller plus loin, je me demande ce qui a bien pu frapper les quatre instrumentistes restant, puisque la dame certes possède un brin de voix assez agréable, mais ne fait montre d’aucune qualité extraordinaire lui permettant de s’extraire de la masse. D’autant plus que les METALITE n’ont jamais hésité à s’affilier à la mouvance de Power Metal moderne, un style qui ne supporte pas la demi-mesure, et qui verse souvent dans une grandiloquence qui a besoin d’un gosier hors pair pour atteindre des sommets souvent excessifs.
Jouons la franchise, et offrons les clés qui vous permettront d’apprécier cet album pour ce qu’il est. METALITE n’est plus vraiment un groupe de Power Metal, dans le sens où on le comprend depuis quelques années. Il ne peut/veut en aucun cas rivaliser avec les cadors du genre, les DRAGONFORCE, CELLADOR et autres PATHFINDER qui ne jurent que par la démesure et l’absence totale de retenue. Si certains passages permettent toujours de rattacher les suédois à la mouvance (mais uniquement sur certains breaks et quelques refrains plus grands que nature), la réalité de ce second album s’ancre plutôt dans une lucidité de Metal très moderne, parfois plus puissant que la moyenne (« Warrior », et encore, plus par intermittence qu’autre chose). Ceci expliquant cela, mais n’empêchant nullement d’aimer la musique pour ce qu’elle est. Une digression intéressante sur un Metal aux contours plus Pop qu’autre chose, aux sonorités très synthétiques, et assez proche d’un AMARANTHE, avec ce surplus d’énergie qui évite la mollesse de refrains taillés pour séduire les masses adolescentes. Et après tout, que demande-t-on à un album de nos jours, quel que soit son style d’ancrage, si ce ne sont de bonnes chansons, aux mélodies qu’on retient et aux motifs accrocheurs ? Rien, je vous l’accorde, et de ce point de vue précis, Biomechanicals est une réussite totale, que l’on appréhende dès l’entame puissante de « Far From The Sanctuary ». Une fois encore, et pour n’essuyer aucun reproche à posteriori, aucune originalité n’est mise en avant par ces onze nouveaux titres. Le but n’est pas de se mettre en avant par un décalage, mais bien de s’extraire de la horde par des qualités intrinsèques, dont l’efficacité et le savoir-faire en sont deux essentielles. Et tout comme Heroes in Time, Biomechanicals joue sur l’effet immédiat, et préfère trousser de redoutables Pop-songs travesties en classiques Metal, sans aucune honte à avoir. La bande-son est donc d’un classicisme indéniable, et transcendée par des riffs certes formels, mais à l’amplitude appréciable. Les immanquables effets sonores et synthétiques sont là pour aérer le tout et lui conférer cette patine futuriste qui colle au concept, et on pense dans les moments les plus abordables à une version abrupte de THE HARDKISS, sans que l’image virtuelle ne prenne le pas sur l’aspect sonore. Mais il objectivement difficile de pointer du doigt une composition aussi efficace que « Apocalypse », sorte d’archétype de Pop scandinave sublimée d’un surplus de puissance Heavy qui fait admirablement bien le job.
Une fois passée l’impression de produit générique, la séduction agit avec tout le pouvoir d’une musique certes simple et convenue, mais terriblement attachante. Si le groupe n’a pas forcément gagné en épaisseur avec l’intégration d’Erica Ohlsson, au timbre désespérément anonyme, il s’en accommode très bien et adapte son canevas pour que la nouvelle chanteuse n’ait pas trop de mal à glisser ses cordes vocales dans les mailles. Ces structures sont d’ailleurs quasiment uniques, d’où l’hésitation au moment d’adopter le pluriel, et les progressions se ressemblent l’une sur l’autre, privilégiant des intros énormes pour mieux calmer le jeu sur des couplets conventionnels, mais pertinents. On atteint alors une sorte de quintessence du genre, avec « Mind Of A Monster », qui sonne comme le hit parfait qu’il est en définitive. Refrains calibrés pour être repris à tue-tête en concert, production standard qui dope toutes les fréquences (Jacob Hansen, boulot tranquille et facile, mais rythmique qui concasse tout et rejette le chant en arrière-plan), et déroulé qui joue sur du velours, même si quelques intermèdes moins convenus dévient un peu du plan. On apprécie toutefois lorsque le groupe s’éloigne de ses schémas un peu trop figés, et lorsque le tempo monte dans les tours, via « Eye Of The Storm » qui sonne comme le mélange parfait de JUDAS PRIEST/IRON MAIDEN/WITHIN TEMPTATION qu’il est. Et c’est bien ce qui permet à METALITE de se démarquer, puisque sous les couches d’arrangements, sous le tas d’astuces modernes, on reconnaît bien cette passion pour le Metal des années 80. Pas vraiment flagrant pour les plus anciens, notamment lorsqu’ils auront le malheur de tomber sur « Breakaway », LA ballade sucrée de l’album, qui pourtant séduit de sa naïveté.
Les réfractaires argueront du caractère hautement prévisible et de l’aspect papier-mâché de l’entreprise, mais les plus conciliants sauront reconnaitre le professionnalisme d’un groupe qui n’hésite pas à citer le KORN du tournant Dub (« Social Butterflies »). Après tout, tout le monde n’a pas les moyens de s’offrir du sur mesure, et le prêt-à-porter n’a rien de vulgaire en soi. Biomechanicals est donc un disque honnête, qui contient son lot d’idées fédératrices, et sur lequel on reviendra lors de soirées ou personne ne sait vraiment quoi écouter. Et il n’y a rien de péjoratif dans ce constat.
Titres de l’album :
01. Far From The Sanctuary
02. Apocalypse
03. Biomechanicals
04. Warrior
05. Mind Of A Monster
06. World On Fire
07. Eye Of The Storm
08. Breakaway
09. Social Butterflies
10. Rise Of The Phoenix
11. Victory Or Death
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31