Coup double pour cette chronique, et deux albums sortis - ou plutôt exhumés - par le label grec No Remorse, spécialisé dans les fouilles archéologiques et qui compte un nombre impressionnant de rééditions à son catalogue. Cette fois-ci, c’est du côté des Etats-Unis que les grecs ont décidé de creuser, afin de vous proposer une double sortie, effective dès le 26 février en Europe, et déclinée en trois formats.
Cette doublette nous ramène dans les années 80, alors que les Etats-Unis dominent le marché mondial du Metal de façon insolente depuis des années. Fondé en 1985 sous le nom de RAZEN KANE, avant de changer de patronyme en 1986 (ZION), pour finalement opter pour un baptême définitif, et sortir un premier EP en 1988, DRAGONNE est en quelque sorte l’exemple parfait de ce que l’underground de l’époque pouvait produire, alors même que la tendance se partageait entre la violence du Thrash, la séduction du Hard-FM, et les œillades fardées du Glam.
DRAGONNE n’appartenait à aucun de ces clans, et pratiquait un Heavy Metal très classique, et proche du MAIDEN des années 84/85. Très pure et saccadée, sa musique revêtait déjà des oripeaux élimés alors que la nouvelle génération trustait les premières places des charts, METALLICA vendant même plusieurs millions de copies de ses albums. Mais la passion prenant souvent le pas sur la logique commerciale, il est toujours plaisant de tomber sur des œuvres depuis longtemps enterrées dans la fosse commune de l’oubli.
Ceci étant dit, mesurons quelque peu nos propos. Si la découverte d’un groupe inconnu est un plaisir certain, encore faut-il que ces rééditions aient du sens artistiquement parlant. Il est toujours facile de remettre sous la lumière des héros de l’ombre, mais tout le monde n’a pas la carrure pour porter une cape de superhéros de la résistance Heavy. Et aussi sympathique soit ce quatuor de Los Angeles, autant dire que son passage anecdotique sur la scène californienne n’a rien d’étrange ou bien d’injuste.
Premier à passer sur le banc pour le Metal-bilan, On Dragon's Wings qui vole en rase-mottes et qui ne parvient jamais vraiment à décoller. En découvrant les six pistes originales de cet EP, on a clairement la sensation d’être renvoyé en 1983/1984, alors qu’IRON MAIDEN est devenu le mètre-étalon du Heavy Metal mondial. Les similitudes entre les deux groupes sont à ce point évidentes que l’on en vient presque à prendre l’instrumental « On Dragonne's Wings » pour une reprise cachée de « Losfer Words », mais le reste du tracklisting n’est pas en…reste justement, et affiche une vénération assez sincère pour la vierge de fer, mais aussi pour le mouvement USPM des mid eighties.
Son de démo améliorée (mais à peine), chanteur qui s’imagine lyrique mais qui frise parfois l’indécence de justesse, rythmique typique de la NWOBHM (c’est plus particulièrement flagrant sur « Heaven Calls », qui aimerait bien sonner comme du HEIR APPARENT mais qui loupe le coche de plusieurs mètres), pour un guitariste valable qui nous montre ce qu’il sait faire en plusieurs occasions. En somme, une curiosité un peu poussiéreuse qui plaira aux antiquaires du Metal.
On My Back est encore plus obscur, puisqu’il s’agit d’un album jamais sorti, compilation de morceaux composés entre 1988 et 1990. Et pourtant, c’est l’unité la plus valable de cette promo groupée, ce qu’on ressent dès l’écoute du puissant et volubile « Ride the Lightning ». Jouant cette fois-ci avec les nuances de la puissance, DRAGONNE montre un visage plus séduisant, même si le chant, une fois encore, pêche par une ambition déplacée au regard des capacités limitées d’un vocaliste assez peu sûr de lui.
Beaucoup plus proche d’un Power Metal agressif à la PANTERA de transition, tout en gardant jalousement ses lettres de recommandation Heavy, On My Back est sans conteste le plus intéressant des deux albums, ce qui laisse à réfléchir quant aux choix des morceaux parus sur les versions officielles de l’époque. Entre terrain lourd et cavalcade bon ton, le quatuor américain louvoie avec beaucoup de pertinence, et signe des hymnes beaucoup plus convaincants, comme cet emphatique « The World Today », ou cet énervé « Dance of Death », très proche de la scène Thrash californienne de la fin des eighties.
Difficile de croire qu’on a affaire au même groupe tant les chansons paraissent beaucoup plus maîtrisées et amplifiées, et je ne cache pas qu’il sera beaucoup plus intéressant pour vous de vous pencher sur cet On My Back, bien plus musclé et convaincant que son grand-frère. Tout n’est pas parfait certes, mais en tant que premier longue-durée officiel, On My Back est beaucoup plus crédible, même si les travers d’On Dragon's Wings réapparaissent de temps à autres (« Soldier Boy »).
S’il est clairement impossible de ranger cette double sortie sur les rayons des surprises précieuses de la nostalgie, il n’est pas interdit d’y jeter une oreille, ne serait-ce que pour envisager ce qu’aurait pu donner l’histoire de DRAGONNE si on lui avait accordé une prolongation. Restent quelques chansons agréables, et un nom de plus à ajouter à la liste des sacrifiés des années 80, méritants, mais pas assez bons soldats pour gagner la guerre du Power Metal mélodique.
Tracklist On Dragon’s Wings:
01. Without Love
02. Catch Me If You Can
03. On Dragonne's Wings
04. Long Way
05. Heaven Calls
06. Dream Forever
07. Miss Medusa (bonus track)
08. Shades of Light (bonus track)
09. Need to Rock You (bonus track)
10. Long Way (demo) (bonus track)
Tracklist On My Back:
01. Ride the Lightning
02. The World Today
03. Running Wild
04. Dance of Death
05. Be With You Again
06. Soldier Boy
07. Goodbye
08. Affair of the Heart
09. That's How It Goes
10. Dream is Over
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
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03/07/2025, 12:55
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02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19