Premier album étrange par des gens bizarres, qui s’adresse à un public pour le moins interlope, fasciné par la lourdeur autant que par le chaos. ǤỨRU, Rennes et Laval, quintet (Anne-Laure - basse, Rudy & Simon - guitares, Jerry - chant, et Quentin - batterie), et un premier album placé sous le signe du métissage oppressant et occulte. Quelque part entre Doom traditionnel et Black Metal quasiment tué dans l’œuf, cette nouvelle lumière éclaire faiblement un paysage désolé, une lande isolée, un ciel morne et des nuages invisibles, attendant la pluie acide comme une libération.
En quatre morceaux seulement, ce nouveau-venu de la scène extrême impose sa vision des choses, tergiverse, pur finalement ne révéler que très peu sur sa personnalité. Le genre d’œuvre que l’on guette pour s’en délecter, loin des facilités old-school et des convenances de production 2K. Et j’avoue que même si Nova Lvx a un goût de trop peu, il n’en développe pas moins uns mystique très spéciale, que le groupe ne se donne même pas la peine de justifier.
Et d’abord, pourquoi justifier ? A-t-on besoin d’une explication par A+B, par une succession d’influences ? Par un cheminement plus ou moins logique ?
On pourrait évidemment se la jouer name-dropping en cherchant des références pertinentes, mais le jeu n’en vaut pas la chandelle. Car ǤỨRU - qui n’est sans doute ni un gourou ni un messie - est une entité viable par elle-même, et un projet qui accepte tout autant la violence, la pénombre, l’agressivité et le chaos. Entre opéra maudit et incantation inquiétante, Nova Lvx insiste sur les théories déprimantes, mais étrangement, laisse filtrer une faible lumière par les persiennes afin que nous puissions observer l’intérieur de l’extérieur. Et qu’y voit-on ? Pas grand-chose mais on entend. Et ce qu’on entend est fascinant, lancinant, discordant, hargneux et limpide à la fois.
« Pilgrim on the Path of Tears » résume formidablement bien les options, et met en valeur l’enregistrement, le mixage et le mastering d’Eric Hemery. Le son est donc profond, l’inspiration délétère, et les options multiples. Entre Doom moderne, Sludge par intermittence et Black larvé oublié dans les arcanes du temps, ǤỨRU se présente sous le costume d’un groupe de Metal extrême sans limites, sans barrières, et sans contraintes. Et cette liberté de ton fait un bien fou.
J’insiste sur ce point ; ǤỨRU est tout sauf un Doom band lambda, noyé dans la production. Sa musique va plus loin, et se rapproche même parfois d’une Avant-garde compréhensible et appréciable, via un jeu de construction en Jenga qui penche d’un côté pour mieux se stabiliser de l’autre.
A la rigueur, et pour mieux vous aiguiller, considérez ce nouveau-né comme un rejeton diabolique de la famille BM expérimental. Non que ses cris l’y affilient sans conteste, mais le contexte justement, pousse à rallier les opinions à la noirceur de la vague avant-gardiste des années 2000. Le morceau proposé en avant-première, « Bathed in Sunlight » a beau développer une longue intro déboulant sur un couplet lourd comme de la fonte, on ne peut raisonnablement réduire le champ d‘inspiration à une énième copie de SABBATH, ST VITUS, TROUBLE ou même NEUROSIS. Non, si l’on souhaite s’amuser un peu en imaginant des hybridations, on pourrait provoquer une collision entre ELEND et DODECAHEDRON, sans même savoir si le choc serait suffisamment bruyant pour ressembler à cette longue plainte qui parfois montre les dents de son verbiage.
Les chœurs sont fantastiques et dégagent un parfum grégorien, les riffs sont simples mais toujours efficaces, et le chant, entre litanie pleurée et crainte éplorée nous prend aux tripes en taquinant des graves rauques, tandis que l’atmosphère se dilue lentement, infusant le thé de l’âme pour enivrer les sens. « Nova Lux », title-track dans toute la noblesse du terme termine le parcours presque comme « In the Crimson Smoke » l’avait entamé, avec une double grosse caisse insistante, des nappes vocales menaçantes, des breaks impromptus, et une tendance à toujours regarder ailleurs ce qu’on a sous les yeux.
Découvrir un groupe imprévisible est toujours plaisant pour un chroniqueur, un peu trop habitué à l’évidence de la production mensuelle, qui prend des proportions gargantuesques depuis l’avènement d’Internet. Je vous invite donc à découvrir l’univers de ǤỨRU l’esprit vierge et le cœur ouvert. La musique du quintet français a de quoi meubler votre temps libre avec beaucoup de pertinence, et il faut un bon moment avant d’en appréhender toute la richesse.
Et sans vouloir extrapoler, je pense pouvoir affirmer que ǤỨRU a largement les moyens de nos offrir un magnum opus dans les années qui viennent. A classer quelque part entre MISANTHROPE, ANOREXIA NERVOSA et MAIEUTISTE.
Titres de l’album:
01. In the Crimson Smoke
02. Pilgrim on the Path of Tears
03. Bathed in Sunlight
04. Nova Lux
Très belle chronique d'un album qui l'est tout autant :
Pour ceux que ça intéressent :
Bandcamp : https://sleepingchurchrecords.bandcamp.com/album/nova-lvx
Shop : https://sleepingchurchrds.com/fr/e-shop/219-guru-nova-lvx-doom-black-metal-fra-digipack.html
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04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
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02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36