Sortant de quasiment nulle part, voici un quintet qui propose enfin un regard neuf sur l’Alternatif contemporain, se targuant d’offrir quelque chose de plus ou moins innovant dans un environnement fait de routine et de prévisibilité artistique. Voilà pour le moins une attitude que d’aucuns jugeraient péremptoire, et qui répond pourtant à une logique imparable. Car en effet, les norvégiens d’UNDERWING sont exactement les musiciens sur lesquels il faut tomber de nos jours, des musiciens qui parviennent enfin à s’éloigner de leurs racines, et encore plus probant, à ne pas céder aux sirènes de facilité de la scène old-school. Mais de nostalgie il est bien question ici, sauf qu’elle est traitée intelligemment, et pas comme simple gimmick. Fondé à Arendal, sur la côte sud de la Norvège, ce collectif à cinq têtes, dix mains et pieds (Jesper Murphy, Enyeto Kotori, Magnus Christiansen, Thomas Myhren, Joachim Walle Michalsen) fait déjà office de sensation pour la presse underground et presque mainstream, en ayant donné plus de soixante concerts en deux ans, et en ayant vu ses singles écoutés plus de 300.000 fois sur Spotify. De quoi intriguer le chaland éventuel, qui ne manquera pas de se ruer sur le premier EP publié en 2017, Kaela Upsweep, qualifié par Scream Magazine de « départ excitant ». Mais on connaît la propension de la presse à s’accaparer des pseudo-nouvelles légendes, et la réalité étant souvent toute autre, la méfiance reste de mise. Et si votre serviteur ne versera pas dans le dithyrambe, il n’en manquera pas pour autant de louer les nombreuses qualités d’un groupe qui lui a permis de s’éloigner de sa zone de confort dans laquelle il était un peu trop bien lové.
Concrètement, et selon leur bio, les UNDERWING associeraient le groove imparable des glorieuses 70’s, les mélodies mélancoliques du Grunge des déprimées 90’s, et la technique évolutive du Metal Progressif moderne. De quoi méchamment intriguer, d’autant plus que leurs références avouées sont assez larges (BLACK SABBATH, ALICE IN CHAINS, TOOL, RAGE AGAINST THE MACHINE, SOUNDGARDEN, PLINI, ALT-J, MOTORHEAD, AVENGED SEVENFOLD, EXTREME, THE BEATLES, LEAFY, KAL-EL, VORBID, I AM K, MASTODON), leur permettant de faire à peu près n’importe quoi avec leur inspiration. Mais loin de faire n’importe quoi justement, les cinq norvégiens ont resserré les rangs, et appliqué leurs propres théorèmes avec application, au point de presque valider l’image promotionnelle qui les décrit comme des « enfants illégitimes de BLACK SABBATH et ALICE IN CHAINS, adoptés par TOOL, et grandissant dans le voisinage des SOUNDGARDEN et MOTORPSYCHO ». Un brin exagéré ? Pas tant que ça, puisque les quatre morceaux de ce Spirals continuent de suivre la ligne tracée par Kaela Upsweep, tout en intégrant avec beaucoup de finesse et de pertinence quelques nouveaux éléments. Si l’on sent évidemment en prépondérance l’importance des mélodies héritées du spleen des 90’s (là où les ALICE IN CHAINS, NIRVANA, STONE TEMPLE PILOTS, MILK et consorts voyaient la vie en gris et noir), et si l’on ressent les ambitions progressives par touches fines dans les arabesques instrumentales ciselées avec finesse, le point le plus discutable reste cette filiation rythmique avec les 70’s, qui se fait plus discrète et presque en filigrane. Mais globalement, et au vu de la qualité de ces quatre chansons, 66% de vérité dans la description suffisent amplement pour valider l’essai. Qui finalement, à plutôt des allures de confirmation…
UNDERWING de futurs grands ? C’est une éventualité, et si leur musique à parfois de faux airs de SHIHAD joué par les TOOL (pour le côté déconstruit, l’arythmie, plus que pour le sens de l’esthétique poussée et de l’expérimentation Indie), elle n’en garde pas moins cette patine concrète que les amateurs de Rock alternatif des nineties et de Metal moderne du nouveau siècle sauront apprécier à sa juste valeur. Et l’introductif « All Rise » de sa batterie nonchalante et presque synthétique nous caresse dans le sens du poil, introduisant un pattern rythmique de guingois, qu’une guitare en son clair caresse de ses accords discrets. Mais les petites astuces techniques, la voix posée à la Chino Moreno se transformant soudain en hurlement à la Layne Staley d’Enyeto Kotori, et cette progression toute en justesse qui travaille un thème au corps pour le rendre sinueux nous indiquent que les norvégiens n’ont pas l’intention de se contenter de simples rock songs, même si leur approche reste puissante tout en admettant des limites. Et « We Lie Awake » de casser le moule pour imposer un riff à la DREAM THEATER, avec lequel s’amuseraient les SOUNDGARDEN pour produire un décalage entre des harmonies acides et une rigueur instrumentale impeccable et ordonnée. Et sans vouloir trop entrer dans le détail d’un EP qui mérite l’effet de surprise, autant dire que le reste du répertoire est d’une qualité égale, et que les morceaux ont autant en commun qu’ils n’ont de différences. Toutefois, apprêtez-vous à déguster un final en forme d’épiphanie, puisque la fève « Caveman » et ses huit minutes de délice auditif auront de quoi étancher votre faim de nouveauté à satiété.
Second EP qui risque fort de propulser les UNDERWING dans la stratosphère des next big thing, avec une tournée qui s’annonce triomphale, et un futur premier LP qu’on augure de la meilleure des façons. Comme quoi, il est encore possible de faire du neuf avec du vieux, pour peu que l’on s’éloigne avec panache des poncifs de recyclage les plus éculés.
Titres de l’album :
01. All Rise
02. We Lie Awake
03. Spirals
04. Caveman
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36