Vanished Cadavers

Molder

20/03/2020

Goat Throne Records

Shorewood, Illinois, du gros Death Metal des familles, et un album qui s’est voulu « une anticipation de la quarantaine à venir ». Est-ce à dire que ces grosses brutes US savaient déjà que la situation allait mal tourner et que les cadavres allaient s’empiler ? On peut les soupçonner d’une précognition un peu perverse, mais en prenant les choses dans le bon ordre, il convient d’abord d’étudier leur art afin d’en disséquer les intentions. MOLDER a donc vu le jour en 2017, et a depuis inondé les Etats-Unis de ses sorties toutes aussi DIY que putrides, accumulant les démos, les split (avec COFFIN ROT, ça donne déjà une indication des instincts vilains), mais aussi - et la performance mérite d’être soulignée - les live, avec pas moins de trois publications en concert, une en 2018 et deux en 2019. Un groupe qui ne rechigne pas à l’effort donc, et qui aujourd’hui peut enfin savourer la sortie de son premier longue-durée, avec ce Vanished Cadavers dont le titre en dit très long sur les intentions. Trio (Dom Vaia - basse, Aaren Pantke - chant/guitare après avoir tenu la batterie et le chant pendant deux ans et Kyle Pooley - batterie, depuis 2019), MOLDER est donc une sorte de curiosité old-school, une exaction macabre qui s’abreuve aux marigots les plus nauséabonds du Death de la création, et une sorte de modèle unique en son genre, très précis sur ses références, et très à cheval sur l’esprit fondamental d’un style qui sous son aspect le plus brut, refuse les ornements et autres finasseries de bas étage. Pour envisager la chose sous un angle plus clair, essayez de vous souvenir de l’effet produit sur votre organisme par l’écoute répétée des premiers OBITUARY, AUTOPSY, ASPHYX et vous aurez une idée beaucoup plus précise de l’impact que ce Vanished Cadavers aura sur vos tympans et votre système nerveux. Et pour une fois qu’un groupe ne louche pas du côté de la Suède et n’essaie pas de reproduire à tout prix le son des studios Sunlight, autant apprécier la manœuvre, d’autant qu’elle est plus finaude qu’il n’y parait.

MOLDER, c’est du vomi encore chaud, c’est une tombe profanée d’où émergent des chairs encore pendantes, c’est la psyché d’un taré qui ne jure que par le meurtre à la machette, une sorte d’idée noire qui persiste, de virus qui vous transforme en schizophrène et fait ressortir vos côtés les plus malsains. Mais c’est surtout plus prosaïquement un pur album de Death à la floridienne ou à la batave, avec des lacérations constantes au répertoire de Chuck, John, Martin et quelques autres dont la seule fonction à l’époque était de retranscrire en musique les côtés les plus sombres de l’âme humaine. On sent une véritable passion pour ce Death Metal de l’axe 87/89, ces riffs sombres mais encore fortement connotés Thrash, cette voix qui dégueule comme Chris Reifert dégobillait ses histoires de massacres et de parties scatologiques fines, ces breaks lourds et emphatiques comme un destin funeste, mais aussi cette capacité à accrocher l’oreille de l’auditeur non à un croc de boucher, mais à des riffs vraiment catchy, aux motifs mémorisables. Et on sent cet attachement au terroir dès l’écrasant « Granulated Chunks », qui évidemment nous rappelle les grandes heures d’embaumement d’AUTOPSY, ce Severed Survival qui en a traumatisé plus d’un de sa lourdeur et de son aspect vicieux et craspec. Le chant de Pantke est d’ailleurs parfaitement adapté à cette moiteur ambiante, qui suinte des murs d’une cave sans discontinuer, mais le groupe fait preuve d’une telle honnêteté dans l’optique qu’on ressort fasciné de ces trois petites minutes de savoir-faire classique. C’est d’ailleurs le point fort de ce premier LP, cette facilité à créer des images musicales viscérales qui restent dans le crâne comme le foret d’une trépanation, et « The Sweet Taste of Death » enfonce un peu plus la vis pour arriver jusqu’au cerveau et nous le réduire à l’état de légume.

Ne se contentant pas de reproduire les formules déjà abondamment utilisées par les grands anciens, MOLDER développe son propre style basé sur un tempo raisonnable rappelant CELTIC FROST et HELLHAMMER, sur des impulsions héritées de PESTILENCE, BOLT THROWER sans les exagérations d’accélération, le tout emballé dans un vieux sac de morgue rempli de riffs sombres et empestant la mort. D’ailleurs, le groupe n’hésite pas à qualifier son art de Pus Riddled Death Metal, suggérant de grosses pustules suppurant de liquide épais. Mais on peut jouer sur les formules à l’emporte-pièce pour faire le malin sans être capable de s’en montrer digne ce qui n’est assurément pas le cas de notre trio, qui en trente-quatre minutes fait le tour de la problématique du Death old-school revisité 2020, avec toujours en exergue des plans claquant, des intros qui explosent (« Vanished Cadavers », un hit qu’on aurait pu retrouver sans problèmes sur Slowly We Rot), quelques saillies plus violentes et rapides que la moyenne avec des licks à la MORBID ANGEL (« Feasting on Dirt »), le tout sous couvert d’un purisme pas forcément étanche à l’influence Thrash. En version lourde, le groupe se montre concassant comme une broyeuse industrielle (« Ritual Killing »), en option mid, les compétences sont clairement mises en avant, avec des poussées de vitesse convaincantes (« Necrobiome »), et comme d’habitude, MOLDER nous a réservé une petite appropriation des familles, en s’arrogeant le droit de cuisiner le « Serenade in Lead » d’ASPHYX, comme ils avaient réchauffé « Piranha » d’EXODUS et « Repulsive Death » de MORGUE sur leurs efforts précédents.

Tout ceci sent donc très bon mauvais, est joué par des musiciens qui connaissent leur lexique Death putride par cœur, et s’accompagne même de quelques featurings plus ou moins fameux avec la présence de Ted Soukup (MELTING ROT), Cody Davidson (PUTRID STU/SANGUISUGABOGG), Chris Monroy (SKELETAL REMAINS), Mike Perun (CIANIDE) et Tom Knizner (CARDIAC ARREST), venus offrir quelques lignes de chant ou une poignée de soli. Vanished Cadavers n’est pas forcément un disque qui va vous remonter le moral en ces temps de mort planante, mais il peut représenter un exutoire acceptable à une fin inéluctable dans les faits, et peut-être plus précoce qu’on ne l’aurait pensé.          

                                                      

Titres de l’album :

                             01. Granulated Chunks

                             02. The Sweet Taste of Death

                             03. Vanished Cadavers

                             04. Feasting on Dirt

                             05. Ritual Killing

                             06. Act of Revenge

                             07. Necrobiome

                             08. Incipient Disease

                             09. God's Critters

                             10. Blood Chugger

                             11. Serenade in Lead (ASPHYX cover)

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 08/08/2020 à 14:47
82 %    999

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Defeated Sanity + HM 2

RBD 09/07/2025

Live Report

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
SEXMASTER

Bande de vieillards à con à la con, on vous baise matin midi et soir.Fuck Black SabbathFuck Iron MaidenFuck MotördheadEt toute votre scène de merde, on va l'éteindre à la pisse.

13/07/2025, 03:06

DPD

Spoiler il y aura un nouvel album de Slayer à un moment ou un autre et ce sera de la merde. Vivement que cette génération 80's crève franchement.

13/07/2025, 01:09

DPD

Le dernier Celestia est cool aussi. Je veux dire ça se plaint de moi parce que je pense beaucoup de bien de Chat Pile, vous voulez quoi ? une putain de liste ? foutez-vous la dans le cul et faites l'effort d'avoir la votre ou allez écouter ac/dc ou je sais pas quel autre g(...)

13/07/2025, 01:07

DPD

J'aime bien le dernier Cénotaphe et celui de Kaevum (parce que je suis un nazi), bon je pense que vous êtes au lit. J'arrête le spam.

12/07/2025, 23:01

DPD

Au passage je pourrais placer du black assez UG qui est mon genre principal j'avoue que c'est pour vous faire chier, mais je le pense vraiment.

12/07/2025, 22:08

DPD

C'est quoi la suite ? on va prétendre que Kiss est autre chose qu'une opération commerciale, bien les vieux ? i was made for loving youuuu baby, wow, quel chef d'oeuvre.

12/07/2025, 22:07

DPD

Je ne suis en aucun cas un troll, je pense absolument ce que je dis. Désolé de boulverser votre branlette collective, mais entre Black Sabbath et Deafheaven c'est Deafheaven sans hésitation. Sunbather est un album culte, bien plus que tout ce qu'a pondu Black Sabbat(...)

12/07/2025, 22:00

Seb

Excellent ce morceau !!

12/07/2025, 19:15

metalrunner

Beau boulot vite du live

12/07/2025, 18:25

LeMoustre

Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?

11/07/2025, 13:36

LeMoustre

Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.

11/07/2025, 13:34

LeMoustre

@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison 

11/07/2025, 13:32

MorbidOM

Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal. 

11/07/2025, 13:28

LeMoustre

Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)

11/07/2025, 12:42

Humungus

Je pense que là, tout est dit... ... ...

11/07/2025, 10:01

DPD

Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?

10/07/2025, 21:43

DPD

T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..

10/07/2025, 21:36

DPD

Désoler si j'en ai rien à foutre du dernier groupe Brésiliens de war metal.

10/07/2025, 21:29

Alain Akbar

@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.

10/07/2025, 21:20

DPD

Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)

10/07/2025, 15:17