Shorewood, Illinois, du gros Death Metal des familles, et un album qui s’est voulu « une anticipation de la quarantaine à venir ». Est-ce à dire que ces grosses brutes US savaient déjà que la situation allait mal tourner et que les cadavres allaient s’empiler ? On peut les soupçonner d’une précognition un peu perverse, mais en prenant les choses dans le bon ordre, il convient d’abord d’étudier leur art afin d’en disséquer les intentions. MOLDER a donc vu le jour en 2017, et a depuis inondé les Etats-Unis de ses sorties toutes aussi DIY que putrides, accumulant les démos, les split (avec COFFIN ROT, ça donne déjà une indication des instincts vilains), mais aussi - et la performance mérite d’être soulignée - les live, avec pas moins de trois publications en concert, une en 2018 et deux en 2019. Un groupe qui ne rechigne pas à l’effort donc, et qui aujourd’hui peut enfin savourer la sortie de son premier longue-durée, avec ce Vanished Cadavers dont le titre en dit très long sur les intentions. Trio (Dom Vaia - basse, Aaren Pantke - chant/guitare après avoir tenu la batterie et le chant pendant deux ans et Kyle Pooley - batterie, depuis 2019), MOLDER est donc une sorte de curiosité old-school, une exaction macabre qui s’abreuve aux marigots les plus nauséabonds du Death de la création, et une sorte de modèle unique en son genre, très précis sur ses références, et très à cheval sur l’esprit fondamental d’un style qui sous son aspect le plus brut, refuse les ornements et autres finasseries de bas étage. Pour envisager la chose sous un angle plus clair, essayez de vous souvenir de l’effet produit sur votre organisme par l’écoute répétée des premiers OBITUARY, AUTOPSY, ASPHYX et vous aurez une idée beaucoup plus précise de l’impact que ce Vanished Cadavers aura sur vos tympans et votre système nerveux. Et pour une fois qu’un groupe ne louche pas du côté de la Suède et n’essaie pas de reproduire à tout prix le son des studios Sunlight, autant apprécier la manœuvre, d’autant qu’elle est plus finaude qu’il n’y parait.
MOLDER, c’est du vomi encore chaud, c’est une tombe profanée d’où émergent des chairs encore pendantes, c’est la psyché d’un taré qui ne jure que par le meurtre à la machette, une sorte d’idée noire qui persiste, de virus qui vous transforme en schizophrène et fait ressortir vos côtés les plus malsains. Mais c’est surtout plus prosaïquement un pur album de Death à la floridienne ou à la batave, avec des lacérations constantes au répertoire de Chuck, John, Martin et quelques autres dont la seule fonction à l’époque était de retranscrire en musique les côtés les plus sombres de l’âme humaine. On sent une véritable passion pour ce Death Metal de l’axe 87/89, ces riffs sombres mais encore fortement connotés Thrash, cette voix qui dégueule comme Chris Reifert dégobillait ses histoires de massacres et de parties scatologiques fines, ces breaks lourds et emphatiques comme un destin funeste, mais aussi cette capacité à accrocher l’oreille de l’auditeur non à un croc de boucher, mais à des riffs vraiment catchy, aux motifs mémorisables. Et on sent cet attachement au terroir dès l’écrasant « Granulated Chunks », qui évidemment nous rappelle les grandes heures d’embaumement d’AUTOPSY, ce Severed Survival qui en a traumatisé plus d’un de sa lourdeur et de son aspect vicieux et craspec. Le chant de Pantke est d’ailleurs parfaitement adapté à cette moiteur ambiante, qui suinte des murs d’une cave sans discontinuer, mais le groupe fait preuve d’une telle honnêteté dans l’optique qu’on ressort fasciné de ces trois petites minutes de savoir-faire classique. C’est d’ailleurs le point fort de ce premier LP, cette facilité à créer des images musicales viscérales qui restent dans le crâne comme le foret d’une trépanation, et « The Sweet Taste of Death » enfonce un peu plus la vis pour arriver jusqu’au cerveau et nous le réduire à l’état de légume.
Ne se contentant pas de reproduire les formules déjà abondamment utilisées par les grands anciens, MOLDER développe son propre style basé sur un tempo raisonnable rappelant CELTIC FROST et HELLHAMMER, sur des impulsions héritées de PESTILENCE, BOLT THROWER sans les exagérations d’accélération, le tout emballé dans un vieux sac de morgue rempli de riffs sombres et empestant la mort. D’ailleurs, le groupe n’hésite pas à qualifier son art de Pus Riddled Death Metal, suggérant de grosses pustules suppurant de liquide épais. Mais on peut jouer sur les formules à l’emporte-pièce pour faire le malin sans être capable de s’en montrer digne ce qui n’est assurément pas le cas de notre trio, qui en trente-quatre minutes fait le tour de la problématique du Death old-school revisité 2020, avec toujours en exergue des plans claquant, des intros qui explosent (« Vanished Cadavers », un hit qu’on aurait pu retrouver sans problèmes sur Slowly We Rot), quelques saillies plus violentes et rapides que la moyenne avec des licks à la MORBID ANGEL (« Feasting on Dirt »), le tout sous couvert d’un purisme pas forcément étanche à l’influence Thrash. En version lourde, le groupe se montre concassant comme une broyeuse industrielle (« Ritual Killing »), en option mid, les compétences sont clairement mises en avant, avec des poussées de vitesse convaincantes (« Necrobiome »), et comme d’habitude, MOLDER nous a réservé une petite appropriation des familles, en s’arrogeant le droit de cuisiner le « Serenade in Lead » d’ASPHYX, comme ils avaient réchauffé « Piranha » d’EXODUS et « Repulsive Death » de MORGUE sur leurs efforts précédents.
Tout ceci sent donc très bon mauvais, est joué par des musiciens qui connaissent leur lexique Death putride par cœur, et s’accompagne même de quelques featurings plus ou moins fameux avec la présence de Ted Soukup (MELTING ROT), Cody Davidson (PUTRID STU/SANGUISUGABOGG), Chris Monroy (SKELETAL REMAINS), Mike Perun (CIANIDE) et Tom Knizner (CARDIAC ARREST), venus offrir quelques lignes de chant ou une poignée de soli. Vanished Cadavers n’est pas forcément un disque qui va vous remonter le moral en ces temps de mort planante, mais il peut représenter un exutoire acceptable à une fin inéluctable dans les faits, et peut-être plus précoce qu’on ne l’aurait pensé.
Titres de l’album :
01. Granulated Chunks
02. The Sweet Taste of Death
03. Vanished Cadavers
04. Feasting on Dirt
05. Ritual Killing
06. Act of Revenge
07. Necrobiome
08. Incipient Disease
09. God's Critters
10. Blood Chugger
11. Serenade in Lead (ASPHYX cover)
Suicidal Tendencies, Sepultura, Slipknot... la tournante improbable... ça ferait un bon poisson d'avril, mais c'est vrai....
27/04/2024, 14:11
Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....
26/04/2024, 13:35
Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....
26/04/2024, 13:35
Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !
25/04/2024, 13:28
25/04/2024, 12:44
ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !
25/04/2024, 10:28
Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.
24/04/2024, 14:26
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54