Into The Future

Alien

27/11/2020

Aor Heaven

En Suède, personne ne vous entend jouer. 

 

Pardon au groupe d’avoir emprunté et déformé cette accroche traduite dans un langage plus adapté à leur histoire, mais il est certain que celle d’ALIEN a tout du conte de fée sci-fi qui a légèrement mal tourné. La Suède des années 80 n’était pas la Suède que nous connaissons aujourd’hui, et malgré l’existence d’une poignée de groupes agressifs, la tendance était plutôt à la Pop synthétique qui trustait les premières places des charts. Et malgré des débuts tonitruants, le groupe de Göteborg n’a jamais pu atteindre le firmament de l’espace alors même qu’il en avait les moyens et le talent. Tout a commencé en 1986, lorsque le groupe se forme autour du guitariste Tony Borg et du chanteur Jim Jidhed, rapidement soutenus par Ken Sandin à la basse, Jimmy Wandroph aux claviers, et Toby Tarrach à la batterie. Un premier single sort en 1988, une reprise des MARBLES déjà popularisée par les BEE GEES, et la machine décolle. Numéro 1 en Suède, le groupe ne tarde pas à attirer les regards et les oreilles, et voit même sa chanson figurer au générique du remake du Blob de 1988. Signature sur Virgin, sortie d’un premier album, version différente pour le marché mondial, tout est en place pour que le groupe écrase la concurrence quasiment inexistante, et puis…du surplace. Le groupe continue sa carrière, publie des albums impeccables, se transforme au fil des années en référence incontournable, traverse les nineties avec panache, avant de disparaître pour mieux réapparaitre dans sa configuration originelle en 2010 et une troisième partie de carrière.  

Après avoir permis à Frontiers Records de sortir Dark Eyes en 2005, c’est finalement AOR Heaven qui mettra ses contrats sur Eternity, le premier LP post-comeback, et qui six ans après accompagne toujours les survivants sur le chemin de leur rédemption. Six ans de silence pour une fois encore tenter de rivaliser avec la qualité intrinsèque et indémodable d’Alien, ce chef d’œuvre de la fin des années 80 qui mérite une réhabilitation internationale tant il a défini les contours de l’AOR moderne en ne servant que des hits single de premier choix. Je réécoutais justement ce séminal album il n’y a pas longtemps, dans sa version réédition en deux CD, et je me prenais à rêver d’un univers AOR dominé par le talent et la grâce des suédois, avec leurs mélodies à se pâmer et leurs refrains à se damner. Mais las, malgré le succès connu à l’époque intra-muros, ALIEN n’a jamais pu défier les américains sur leur propre terrain, et se retrouve aujourd’hui obligé de lutter contre ses confrères pour se tailler une place sur la scène de la nostalgie, alors même que dans leur cas, le principe de passéisme et d’admiration des icônes d’antan ne s’applique pas. Et pour cause, puisqu’ils font partie de ces icônes, et qu’ils méritent le titre de grands anciens plus que personne. Alors, pour se faire remarquer de la bonne manière, le trio survivant n’avait pas trente-six solutions. Il lui fallait durcir le ton, renforcer son armure, et partir en croisade Heavy, ce qui est chose faite avec ce nouvel album, Into The Future. Sans se projeter dans le futur, ALIEN change légèrement la trajectoire du passé, et insuffle pas mal de distorsion aux harmonies, pour nous servir un best-of de ses qualités et atteindre le sommet des étoiles qui brillent encore en son souvenir. 

Autant dire que Jim Jidhed (chant), Tony Borg (guitare) et Toby Tarrach (batterie) tiennent la forme sur ce sixième album studio, qui les voit revenir à la brillance de leurs jeunes années. Sans pouvoir affirmer qu’Into The Future a la même aura qu’Alien, le grand classique, ses chansons n’en sont pas moins autant de tubes en puissance, dans une perspective plus musclée. On y trouve même de sérieuses allusions à la scène Glam de l’époque avec l’entêtant « What Are We Fighting For », au balancement très AEROSMITH, et au refrain très SLAUGHTER. D’un autre côté, et ce dès le riff d’intro de « You Still Burn », le parti-pris musclé est très affirmé sur cette nouvelle réalisation, et on a rarement entendu le groupe aussi remonté dans les watts, ce qui en dit long sur leur appétit de live. Le nouveau répertoire est d’ailleurs taillé pour les grand festivals d’été, avec toujours en exergue des couplets vraiment durs menant sur des refrains anthémiques, soit la force de frappe des plus grands pratiquants du Hard Rock mélodique. En presque cinquante minutes (et plus sur la version japonaise) ALIEN retrouve une seconde jeunesse, et affirme sa suprématie suédoise, revenant à ses racines partagées avec EUROPE, qui a connu un destin bien plus heureux. Mais avec des pépites Heavy de la trempe des percussions de « Night Of Fire », le groupe peut justement voir cet avenir sous sa lumière la plus flatteuse, fier du travail accompli et des possibilités qui s’ouvrent à lui.

Produit à la perfection, Into The Future incarne en quelque sorte le parfait équilibre entre l’ancien ALIEN, celui qui avait transcendé l’esprit Pop des années 80, et la vague mélodique des nineties menée par les HAREM SCAREM. On y retrouve la même envie de booster la tendresse d’une grosse dose d’énergie, et un morceau comme « Into The Future » en reste la meilleure preuve qui se dispense de mots. Sur ce nouveau chapitre de sa saga, ALIEN résume son parcours, mais se projette aussi vers l’avenir, en lâchant des riffs énormes qui ne cherchent pas à étouffer l’harmonie ambiante, ce qui nous donne des morceaux d’anthologie de la carrure de « Freedom Wind », parfait exemple de ce que la nouvelle génération suédoise cherche à faire depuis plus d’une décennie. En retrouvant son instinct de jeunesse, le trio de tête signe là une œuvre qui défiera le temps comme l’a fait son premier et insurpassable album.

Ne reste plus au fan qu’à savourer cette tranche de vie signée de maîtres du réalisme Hard mélodique, et le dernier tiers de l’album se replonge dans les réflexes les plus naturels, sans dévier de son objectif d’origine. « Fallin Way Down », « In Her Eyes » se rapprochent de la scène US de la fin des années 80, avec en plus ce clavier très PURPLE/URIAH HEEP qui soutient la guitare, tandis que la sublime balade « Children » donne l’occasion à Jim Jidhed de prouver que son talent vocal est resté intact dans l’émotion. Superbe démonstration de classe que ce nouvel album d’ALIEN, qui finalement aura réussi à trouver sa planète d’adoption dans le cœur des fans.              


   

Titres de l’album:

01. You Still Burn

02. Night Of Fire

03. War Scars

04. Time Is Right

05. What Are We Fighting For

06. Into The Future

07. Freedom Wind

08. Really Wheeling It

09. Fallin Way Down

10. In Her Eyes

11. Children


Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 12/12/2020 à 18:24
85 %    1052
Derniers articles

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Humungus

Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)

07/07/2025, 07:36

Benstard

Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy. 

06/07/2025, 21:25

Oliv

C’est toujours parodique ou c’est mieux 

06/07/2025, 19:11

Oliv

Merci Ozzy pour tous 

06/07/2025, 19:10

DPD

Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..

06/07/2025, 14:20

metalrunner

Les chutes de Symbolic

05/07/2025, 08:26

DPD

Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.

05/07/2025, 06:51

DPD

Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)

05/07/2025, 06:47

DL100

Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)

04/07/2025, 07:16

Ivan Grozny

Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !

03/07/2025, 16:57

Ivan Grozny

Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour,  mais pour le moment bof.

03/07/2025, 16:47

Jus de cadavre

Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)

03/07/2025, 12:55

Buck Dancer

Toujours aussi léger !!! 

03/07/2025, 03:25

Simony

Clairement ! Trop de blabla et de remplissage.

02/07/2025, 18:56

Jeff48

Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché,  pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot

02/07/2025, 16:01

Jourdain R.

Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)

02/07/2025, 15:38

vomi d\'anus

@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.

02/07/2025, 12:25

Benstard

La blague. 

02/07/2025, 10:20

Arioch91

@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)

02/07/2025, 08:50

Ultra Pute

@senior boomerdo : va changer ta couche, grand-père

01/07/2025, 20:38