Archspire + Psycroptic + Benighted : Tech Trek Europe 2023

Benighted, Psycroptic, Archspire, Entheos

Secret Place, St Jean De Védas (France)

du 17/03/2023 au 17/03/2023

Le Death Metal se porte bien. Le Tech Trek Europe 2023 était immanquable et, coup de chance, le seul arrêt dans le Midi était chez moi ! J'aurais pu pourtant faire de la route pour un plateau pareil. Apparemment c'est complet à toutes les dates et, dans la journée, la rumeur prévenait que c'était le cas aussi. Si bien que certains insouciants de ma connaissance se trouvèrent fort dépourvus quand le sold-out fut venu. En arrivant, je voyais que tous les abords étaient blindés, je me disais que je n'avais jamais dû me garer aussi loin et que c'était bon signe et… mes bouchons !?! J'avais paumé mes protections auditives que j'avais encore palpées dans ma poche dans mon garage ! C'était vraiment le concert où ça devait arriver !

En étant déjà membre cotisant, on pouvait éviter la queue assez exceptionnelle pour traverser la cour et pénétrer directement dans une salle déjà fort garnie où ENTHEOS achevait son set, malgré l'heure assez précoce. Sur un demi-morceau, j'ai retrouvé sans peine le Death Progressif et Technique alambiqué de l'ancien batteur d'Animosity – Animals as Leaders – Job for a Cowboy, porté par le growl de sa partenaire au chant, la seule autre membre permanente, entourés de musiciens de sessions. Je regrette de ne pas avoir pu en voir plus, mais c'était fidèle à l'impression laissée par leur troisième album qui vient de sortir, et loin du poutrage brut en règle d'Animosity il y a quinze ans.


De fait, je n'avais quasiment jamais vu telle affluence en dix-huit années de fréquentation de la Secret Place pour des affiches de divers styles (on évoquait le souvenir de Devildriver ici même, un très lointain soir d'été où c'était comparable). La mise en place des petites barrières pour séparer la scène confirmaient que c'était vraiment la grand-messe. Il était heureux que le "complet" ait été accroché avec un plateau purement Death Metal. Et on pouvait se réjouir de ce que la moyenne d'âge était assez basse, bien des spectateurs n'étant peut-être même pas scolarisés quand Chuck Schuldiner quitta ce monde. Comme cela impliquait néanmoins plus de temps pour tout faire et une fois achetés des bouchons en mousse (et une pinte) pour un soir, j'allais rapidement me replacer. Mais il était clairement vain d'espérer prendre des photos ce soir avec cette densité de population.


Ainsi de BENIGHTED, je n'ai vu que la tête bien connue de Julien Truchan. Le souvenir de l'inoubliable concert de fin des confinements est frais, et la réputation de l'institution Forézienne n'est plus à faire. Malgré la mauvaise qualité de mes bouchons de secours, la difficulté à voir ce qui se passait invitait à se concentrer sur la musique, ce Death brutal mené frénétiquement à la manière du Grindcore, avec ses quelques intros enregistrées accentuant la nature profondément dérangée d'un répertoire inimitable et purement classique. Et je profitais mieux que jamais de cette basse, des breaks qui lui sont régulièrement offerts et qui font passer un peu d'air dans ce déferlement mené à la terrible baguette maniaque de Kevin Paradis dont on apercevait parfois le chignon, à défaut de pouvoir admirer une nouvelle fois son jeu dont on souffrait avec soumission les effets dévastateurs. Les chœurs aussi sont une forme de respiration simple offerte au public et finalement assez rare dans ce style. Le succès du groupe sur les scènes de France tient aussi à ce détail.

Truchan déployait son bagout pour exciter, avec son humour complice, la fosse qui s'agitait comme un volcan humain, commentant souvent les titres pour nous chauffer et confiant dans le potentiel des habitués du pays qu'il démonte depuis deux décennies, plus particulièrement encore en ce lieu qu'il connaît bien. Je serais curieux de voir Benighted une fois en terre non francophone pour observer s'il arrive à maintenir la même proximité spontanée en anglais. La setlist était complètement axée sur les deux derniers opus d'une discographie pourtant fournie et de haute volée… sans doute l'effet des changements de personnel. Et puis le temps de jeu était hélas tronqué vu le reste du programme, le classique "Let the Blood Spill…" en final restera le titre le plus vieux de leur soirée. J'étais déjà bien rossé, alors que le bout de la nuit était encore loin. On n'est pas près de se lasser du meilleur groupe de Death brutal national.


Quel plaisir pour moi de retrouver PSYCROPTIC ! J'écoute depuis leur deuxième album (et véritable premier) sorti il y a pile vingt ans (!) et qui a motivé bien des déplacements pour les voir ici où là, au fil d'une discographie qui connut un creux dont ils sortirent sûrement, mais un peu trop lentement pour acquérir enfin un statut dépassant celui de bon groupe de deuxième division. Le nouvel album est le meilleur depuis longtemps et, ô miracle, cette fois il n'avait pas fallu avaler les kilomètres pour les voir. Cette fois encore le vocaliste historique Jason Peppiatt n'avait pas embarqué depuis la lointaine Tasmanie. C'est son confrère chez Origin, Jason Keyser, qui le remplace. On l'avait vu tourner avec Psycroptic d'ailleurs jadis, et surtout il a participé officiellement comme co-growleur sur "Divine Council". Dès que Keyser grimpa sur les barrières pour nous haranguer longuement, le vieux fan fidèle saisissait que le bon souvenir de la dernière fois – 2017, déjà avec un pigiste – pouvait être dépassé. Dans une salle devenue bonbonnière, leur Death technique fortement teinté de Post-Thrash à la PanterA a fait un malheur. Le son était impeccable (comme pour les autres formations soit-il dit), et à l'interprétation irréprochable de Joe Haley s'ajoutait la chaleur transmise par Keyser. Comme il a su jadis briser l'armure et métamorphoser un groupe aussi ennuyeux (pour ne pas être grossier) qu'Origin, son enthousiasme joyeux amplifie le potentiel des Australiens en emballant les spectateurs plus tièdes. Ça m'a semblé le set le plus brûlant de la soirée, accomplissant la promesse, j'ai failli prendre de gros pains (on en reparlera plus tard) à cause du pogo central que le poteau ne dissuadait pas.

Je connais bien le riffing tant reconnaissable des frères Haley. Si pendant longtemps il signifiait au mieux un headbang complice et quelques bourrades éphémères, preuve était donnée comme la dernière fois qu'il accompagne aussi bien un pit en éruption. Keyser se démena vraiment pour se rendre aimable en s'excusant de son français inexistant mais reprenant les expressions basiques fusant d'un public déjà acquis, flattant les clichés culturels universels sur notre pays, et encourageant régulièrement les moshers depuis son perchoir qu'il ne quitta presque jamais. Son growl classique, moins crié que celui du titulaire absent, était sans doute aussi un atout par rapport aux spectateurs qui ne sont pas comme moi des vieux fans habitués à ce trait vocal qui peut en refroidir. La setlist était naturellement très axée sur les deux derniers albums, ce qui ne gêna guère ledit vieux fan qui vous parle car "Divine Council" est un disque gonflé à bloc, le meilleur peut-être sur les huit. Tout au plus noterai-je que le vieux classique qu'on exhumait toujours au minimum pour célébrer les premières années du groupe a disparu. Mais la musique de Psycroptic est tellement homogène… J'étais bien content

Cold/ Frozen Gaze/ This Shadowed World/ Rend Asunder/ Euphorinasia/ A Fool's Errand/ Ob(Servant)/ The Watcher of All/ Enslavement


Pendant les pauses, la sonorisation balançait du gros hip-hop décalé, qui aurait passé pour une grosse incongruité à une époque mais ce style est tellement omniprésent de nos jours…


Il était clair qu'ARCHSPIRE était la vraie attraction de la soirée pour la majorité des gens, déjà dans les conversations des semaines précédentes. Leur percée est assez récente, mais suffisamment importante pour les avoir propulsés au pinacle de cette tournée devant des formations établies depuis plus longtemps, et elle explique aussi l'affluence de la jeune génération de fans de Death Metal sur des centaines de bornes à la ronde. Qui se souvenait que les Canadiens étaient déjà passés ici en 2011 pour accompagner Decapitated et Aborted, en position exactement inverse sur l'affiche ?

Dès l'obscurité revenue dans la salle, les enceintes envoyèrent une annonce en voix féminine de synthèse au français parfait, pour notifier dans l'hilarité générale l'annulation du concert d'Archspire remplacés par une bande de chauves sur le retour… Mais ils arrivèrent sur scène au taquet. Ils jouent aussi précisément sur scène que sur album, l'exaltation en plus. La production était assez différente, ultra propre et très équilibrée de manière à ce que la basse et ses dix notes à la seconde soit audible. Au fond ils ont repris à leur compte le créneau brutallo-technique rapide et limpide privilégiant la guitare lead, autrefois tenu par Spawn of Possession, Visceral Bleeding, Odious Mortem et bien sûr Necrophagist dans ses moments de fureur. C'était admirablement maîtrisé, mais manquait un peu d'âme aux oreilles des vétérans. À la place, ils maintenaient un esprit comique et festif : sample de pet sonore, piste de twister prêtée à la fosse… C'est assez parent de Gorod, dont ils sont aussi une version passée à double vitesse. Ce trait est absent sur les albums, pour autant que je me souvienne, en attendant un album live. Pouvoir voir les musiciens jouer m'aurait intéressé, cependant la fosse était toujours bouillante sur le tempo infernal de titres sans répit. Mon attention se relâchait donc un peu, sans pour autant décrocher de ce dernier set… qui s'acheva sur des saluts vite noyés sous l'épouvantable tube d'Haddaway exhumé des années 90 par la sono pour nous inviter à sortir (ça ne m'a pas fait rire mais d'aucuns passaient sans mal du pogo à cela).


Comme il était encore tôt et que nous étions vendredi, je suis resté un bon moment. Au stand de Psycroptic restait seul Todd Stern, le bassiste arrivé en cours de carrière qui ne manqua pas de s'étonner de me voir avec un t-shirt acheté lors de la tournée de 2007 alors qu'il était loin d'intégrer la formation. Soit dit en passant, les stands étaient encore fournis alors que la tournée était déjà bien avancée et qu'il y avait des acheteurs. Tandis que je blaguais sur nos anciennes batailles et celles à venir avec quelques habitués, une jeune personne aux propos peu cohérents s'incrusta et finit par me mettre sans prévenir une tarte dans le cornet… trop faible au demeurant pour mériter sérieuse réponse. Les ravages de l'alcool, c'est bien triste. Et puis, ce n'était rien par rapport à ce qui avait précédé.


par RBD le 21/03/2023 à 12:46
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